« Vous choisissez une filière d’avenir », assure Nathalie Albert-Moretti, rectrice de l’académie de Besançon et de la région académique Bourgogne-Franche-Comté, à des élèves de première année de CAP électricien du lycée Denis-Diderot de Bavilliers, ce lundi 4 septembre. « Les lycées professionnels, c’est un peu nos chouchous », l’avait précédé Marie-Guite Dufay, présidente socialiste du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, en charge de l’équipement et du fonctionnement des lycées ; il participe aussi à la définition de la carte scolaire, c’est-à-dire la construction des formations dans la région.
« Les lycées professionnels sont les vitrines des métiers », a-t-elle ajouté. Avant d’assurer : « Il faut que les équipements soient le plus performants possibles. » En 2023, 250,5 millions d’euros sont consacrés aux lycées dans le budget de la Région et 624,5 millions d’euros sont investis dans les travaux. À Bavilliers, le conseil régional dote l’établissement d’une enveloppe de 262 000 euros pour son fonctionnement. L’établissement du Territoire de Belfort propose des formations dans trois domaines : électricité ; production mécanique ; et systèmes numériques.
S’adapter au territoire
Les lycées professionnels sont au cœur de l’attention, en cette rentrée. « C’est l’une des grandes priorités de l’année scolaire », confirme Nathalie Albert-Moretti. La réforme des lycées professionnels commence à être mise en place. « La voie professionnelle n’est pas une voie de garage », souligne Sébastien Marmot, délégué régional académique à la formation professionnelle initiale et continue (Drafpic). « Il faut lui redonner ses lettres de noblesse », poursuit-il, glissant également que les formations dispensées dans un établissement doivent être en lien avec son territoire. « Il faut une corrélation entre le parcours de formation et les besoins du secteur économique du territoire », convient-il, évoquant par exemple les adaptations de formations au lycée Nelson-Mandela d’Audincourt, pour accompagner la montée de la filière hydrogène dans le nord Franche-Comté. « Ce sont les mêmes métiers, mais adaptés à d’autres technologies », indique-t-il, évoquant par exemple les métiers de l’électricité ou des environnements connectés.
La carte des formations évolue donc en fonction des besoins et de l’attractivité des parcours. Lors de la visite, plusieurs entreprises locales étaient présentes, soulignant la proximité entre le lycée et son écosystème. En 2022, le lycée Diderot avait lancé l’évènement Les Pros au Diderot, invitant les chefs d’entreprise à découvrir l’établissement et à échanger avec l’équipe éducative. Une illustration de relations école-entreprises fructueuses, que la Région et le rectorat appellent de leurs vœux.
Un nouveau BTS en 2024
Dès la rentrée 2024, le lycée Denis-Diderot proposera un nouveau BTS pilotage des procédés. Il sera « coloré », pour reprendre les termes de la proviseure de l’établissement Nathalie Dysli, robotique et mécatronique, « pour répondre aux besoins du tissus industriel ». Il sera même tourné plutôt vers la technologie des cobots, robot qui évolue en environnement direct avec les êtres humains, à l’inverse du robot, placé dans une cage et qui assure une mission figée. Le cobot propose plus de modularité. Il correspond aux demandes locales, où les industries font « de la petite et de la moyenne série », confie Emmanuel David, professeur de construction mécanique et de productique, porteur du nouveau BTS. 604 000 euros sont fléchés par le conseil régional afin d’équiper l’établissement des machines nécessaires. Douze places seront ouvertes.
Avec cette réforme, on continue « le développement de l’apprentissage et on le renforce », indique également Sébastien Marmot. Le temps en entreprise est accru dans les nouvelles moutures des diplômes. Elle va donc aussi donner ses spécialités à l’élève. Cette présence plus forte en entreprise avait été vivement critiquée par les syndicats enseignants, qui regrettaient notamment un recul des enseignements fondamentaux (lire notre article). De son côté, Marie-Guite Dufay a confirmé qu’elle était « en phase avec cette réforme ». Mais elle a ajouté : « Je serai vigilante quant à son application et ses effets. »
« L’itinéraire bac pro BTS est à booster »
Mais au-delà de proposer la bonne formation, il faut aussi la faire connaître. Après des expérimentations, des temps d’information sur l’orientation sont proposés dès la 5e. Avec l’idée « de donner les capacités à pouvoir s’orienter en toutes connaissances de cause », explique Sébastien Marmot, qui glisse également : « On peut aller en filière professionnelle en étant un bon élève au collège. » Quelques clichés doivent encore être dépassés, tant auprès des élèves, que de leurs familles, mais aussi des équipes éducatives.
Le Drafpic a insisté sur la construction de parcours de formation, évoquant notamment la possibilité de poursuivre ses études après l’obtention d’un bac professionnel. Des temps de renforcement des savoirs fondamentaux seront proposés aux élèves qui veulent poursuivre leur cursus scolaire et des temps de préparation d’une candidature seront proposés aux élèves souhaitant s’insérer directement sur le marché du travail. « L’itinéraire bac pro BTS est à booster », a insisté Marie-Guite Dufay, convaincue par la passerelle. Et pour souligner ce passage, le lycée Denis-Diderot ouvrira un nouveau BTS en 2024 (lire ci-contre).
Une plateforme pour trouver un stage
Le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté vient de lancer une plateforme numérique qui recense toutes les offres de stage. Elle s’adresse aux collégiens, lycéens, étudiants, demandeurs d’emploi ou personnes en reconversion. L’outil offrira cinq types de stages : les stages de découverte ; les mini-stages (hors temps scolaire) ; les périodes de formation en milieu professionnel en lycée (PFMP) ; les stages étudiants (obligatoires et facultatifs, en formation initiale et continue) ; les périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP). Des conseils pour préparer son stage et préparer sa candidature sont proposés. Des témoignages sont aussi diffusés. La plateforme est accessible aux accompagnants (enseignants par exemple), « pour un suivi individuel », argumente la Région. L’outil ne vient pas en concurrence avec d’autres plateformes, assure le conseil régional. Elle agrège même toutes les offres. « La recherche de stage, c’est là où se grave les différences entre ceux qui sont accompagnés et les autres », insiste Marie-Guite Dufay, pour souligner l’importance de cet outil. Il doit réduire « ces inégalités ». Deux ans ont été nécessaires pour construire la plateforme. D’ici Noël, 2500 offres seront accessibles, hors partenaires.