Elle entre doucement dans la salle d’audience. Les bancs du tribunal judiciaire sont remplis pour l’accueillir. Dès les premières secondes, les regards se posent sur elle. Des sourires se dessinent. Umpa, bientôt 2 ans, est une chienne d’assistance judiciaire. Depuis un mois et demi, elle accompagne les équipes de France Victimes Nord Franche-Comté dans leurs permanences, leurs auditions, leurs audiences.
Et ce jeudi 26 juin, elle a été officiellement présentée au tribunal. Elle accompagnera les victimes très bientôt lors des audiences. Sa présence repose sur une idée simple : faire appel à la présence rassurante d’un animal pour accompagner les victimes, souvent fragiles, dans les étapes les plus dures du parcours judiciaire.
Paul-Édouard Lallois, procureur de la République de Montbéliard, revient sur la genèse du projet. « J’ai pu m’interroger au départ. On pouvait craindre l’effet gadget. Mais non. Le chien ne perturbe rien, il se fond dans l’environnement. Il est là en soutien. » Pour lui, l’apport d’un animal comme Umpa est parfois difficile à mesurer, mais réel : « Il peut permettre de libérer la parole. Chez les enfants comme chez les adultes. »
Formée pendant un an par l’association Handi’Chiens, Umpa est préparée à rester calme, à ne pas réagir aux tensions ou aux cris. Lors des auditions, elle peut s’allonger près d’une victime, poser sa tête sur un genou, ou simplement rester présente. Elle intervient en particulier auprès des mineurs, mais aussi des personnes confrontées à des violences intrafamiliales ou sexuelles.
Un projet collectif
C’est France Victimes Nord Franche-Comté (découvrir ici) qui porte ce projet, soutenu par le ministère de la Justice. Trois de ses salariées sont référentes d’Umpa : Noémie, qui l’héberge chez elle, ainsi que Pauline et Laurèna, juristes, qui l’accompagnent au quotidien. Toutes trois ont suivi des formations spécifiques, notamment avec Handi’Chiens, pour apprendre à travailler avec un chien d’assistance dans un cadre judiciaire. « Il a fallu apprendre à comprendre son rythme, respecter ses besoins, raconte Romain Bonnot, directeur de l’association. Elle a des droits, et on a des devoirs envers elle. J’ai notamment beaucoup appris sur le respect que l’on porte au chien.» Lui s’est porté volontaire comme hébergeur secondaire. Il raconte l’enthousiasme, mais aussi les contraintes : les formations suivies, les temps d’adaptation, l’importance de penser le projet sur le long terme.
Le chien a même un véhicule dédié, mis à disposition par le tribunal à la suite d’un appel aux dons. Car Umpa ne reste pas cantonnée aux audiences : elle intervient aussi lors de dépôts de plainte, dans les locaux de la Maison de protection des familles ou lors d’entretiens avec les juristes.

«Elle s'adapte à chacun »
En un mois et demi, Umpa a déjà fait ses preuves. « Une victime s’est mise à pleurer pendant un rendez-vous. Elle dormait, mais elle s’est levée et est allée contre la personne », se souvient Pauline. « Elle s’adapte à chaque situation et à chacun. Elle a pris ses marques. »En dehors des temps de travail, elle est joueuse, dynamique. Mais dès qu’elle met son harnais, elle passe en mode travail. « Quand elle est en audience, seuls ses référents peuvent interagir avec elle », précise Noémie.
Le 28 août, Umpa fêtera ses 2 ans. Si tout se passe bien, elle travaillera à Montbéliard pendant une dizaine d’années. Et chaque jour, elle rappellera, sans parler, que dans la justice aussi, la douceur a sa place.