Les Anglais ont le coquelicot, le fameux poppies. En France, il y a le Bleuet de France. Les deux sont un symbole du souvenir et de la mémoire. Mais là aussi la covid-19 perturbe. Comme au printemps, les collectes du Bleuet de France ne seront pas possible sur la voie publique. C’est pourtant toute une chaîne de solidarité en faveur des anciens combattants ou des victimes du terrorisme qui est en jeu. Une cagnotte en ligne a été créée pour faire front.
Les Anglais ont le coquelicot, le fameux poppies. En France, il y a le Bleuet de France. Les deux sont un symbole du souvenir et de la mémoire. Mais là aussi la covid-19 perturbe. Comme au printemps, les collectes du Bleuet de France ne seront pas possibles sur la voie publique. C’est pourtant toute une chaîne de solidarité en faveur des anciens combattants ou des victimes du terrorisme qui est en jeu. Une cagnotte en ligne a été créée pour faire front.
« Le bleuet de France, une fleur bleue comme le bleu du drapeau tricolore. Ou bleu comme celui de l’uniforme des jeunes soldats (le bleu horizon des poilus de la Première Guerre mondiale, NDLR). Une fleur bleue sauvage qui renaît sur les champs de bataille. La seule note colorée dans la boue des tranchées. » Le bleuet de France est le symbole du souvenir. C’est ainsi que le résume une vidéo de l’office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), un établissement public rattaché au ministère des Armées, présentant l’histoire de ce symbole de mémoire et de solidarité (vidéo ci-dessous).
Depuis 1918
Le Bleuet de France est né en 1918. Il est l’œuvre de deux infirmières des Invalides, à Paris, Suzanne Lenhardt et Charlotte Malleterre-Niox. Touchées par la situation des blessés, des invalides et autres gueules cassées de la Grande guerre, elles créent un atelier de confection de fleurs de bleuet en tissu. « Leur but est de faire oublier leurs souffrances aux blessés, tout en leur procurant une source de revenus, grâce à la vente des fleurs fabriquées », explique Stéphane Leroy, directeur départemental de l’ONACVG, dans le Territoire de Belfort. La première collecte sur la voie publique est autorisée le 11 novembre 1934. Et une association est alors créée.
En 1957, la vente des bleuets est également possible le 8 mail. Aujourd’hui, elle est aussi possible le 11 mars, journée créée en hommage aux victimes du terrorisme, mais aussi le 14 juillet, le jour de la fête nationale. Des collectes privées peuvent aussi être organisées en complément. « Dans le Territoire de Belfort, nous en faisons dans les trois entités militaires du département – le 1er régiment d’artillerie de Bourogne, le 35e régiment d’infanterie de Belfort et la délégation militaire départementale – où l’armée répond toujours présent », apprécie Stéphane Leroy. « On a un lien privilégié », poursuit-il. Des manifestations sportives mettent aussi à l’honneur ce symbole, comme lors du Belfort Warrior Challenge 2019 et à l’occasion du Lion 2018 et 2019. À l’échelle nationale, plusieurs équipes professionnelles de football arborent aussi un Bleuet de France en cette période de l’année.
Un 11-Novembre sans public
Les cérémonies du 11-Novembre, qui commémorent l’armistice de la Première Guerre mondiale sur le front occidental, sont perturbées à cause de la crise sanitaire. Ces cérémonies se feront sans public. La présence des porte-drapeaux et des anciens combattants sera très limitée. Dans le Territoire de Belfort, le nombre total de participants est même limité à 10 personnes et avec un respect strict des distances. Une seule gerbe sera déposée.
Mémoire et solidarité
Depuis 1991, le Bleuet de France est rattaché à l’ONACVG, qui assure la gestion de cette œuvre. Les collectes alimentent notamment les missions de solidarité de cet établissement public (découvrir ses missions par ailleurs). Mais la crise sanitaire fragilise cette chaîne de solidarité, qui repose principalement sur les collectes sur la voie publique. Comme au printemps, une cagnotte en ligne a donc été ouverte, pour faire vivre l’esprit du Bleuet de France et pour garantir des ressources à ces actions de solidarité. Cet automne, les dons seront notamment dirigés « en faveur de l’hôpital d’instruction des Armées Begin, et permettra d’améliorer les conditions des personnes hospitalisées », explique Stéphane Leroy. Au printemps, l’action avait été centrée vers les Ehpad labellisés Bleuet de France.
Pour un don de 100 euros, 58 euros sont dirigées vers l’action sociale, 25 euros vers l’organisation de manifestation de mémoire et 17 euros vers l’organisation des collectes informe l’ONACVG. « Dans le contexte des attentats récents, [la collecte] permettra également d’apporter un soutien aux victimes d’actes de terrorisme et aux pupilles de la Nation », termine Stéphane Leroy. Toujours dans le même esprit que celui qui anime depuis 102 ans ce symbole du Bleuet de France : la mémoire et la solidarité.
Que fait l’ONACVG ?
« Au quotidien, l’office mène trois missions essentielles, explique Stéphane Leroy, avant de poursuivre : La reconnaissance et la réparation, par l’attribution de titres et de cartes permettant l’accès à un certain nombre de droits ; la solidarité, mission sociale de proximité ; la mémoire, en tant qu’opérateur majeur de la politique mémorielle développée par le ministère des Armées. » Ce statut d’anciens combattants, accessibles sous certaines conditions, concernent par exemple des anciens combattants d’Algérie, mais aussi des soldats ayant participé récemment à des opérations extérieurs. Début 2020, on comptabilisait environ 8 000 anciens combattants dans le Territoire de Belfort. Ce sont plus de 3 millions de personnes qui sont accompagnées en France. L’ONACVG gère enfin les lieux de mémoire dépendant du ministère des Armées : nécropole du Glacis du Château à Belfort, nécropole de Morvillars, ainsi qu’une vingtaine de carrés militaires. Cet établissement s’occupe des anciens combattants, des victimes de guerre, mais aussi des victimes du terrorisme et des pupilles de la nation.