Le dispositif de sécurité de la gendarmerie nationale s’appuie pour cette 32e édition des Eurockéennes de Belfort sur des cavaliers de la Garde républicaine. Une première. Le capital sympathie et le caractère impressionnant de l’animal ont des effets positifs pour sécuriser les abords de la presqu’île. Reportage.
Le dispositif de sécurité de la gendarmerie nationale s’appuie pour cette 32e édition des Eurockéennes de Belfort sur des cavaliers de la Garde républicaine. Une première. Le capital sympathie et le caractère impressionnant de l’animal ont des effets positifs pour sécuriser les abords de la presqu’île. Reportage.
Il est 18 h 15. Des bruits de sabots résonnent à l’entrée des Eurockéennes de Belfort, sur la R.D. 24, qui mène à la presqu’île du Malsaucy. Trois cavaliers surgissent. Ce sont des gendarmes de la Garde républicaine. Alors que la queue d’accès au festival s’allonge le long de la route, le brouhaha de la foule retombe soudainement. Les regards se tournent vers les cavaliers et fixent l’élégance des chevaux. Ils sont ici pour « sécuriser, alerter et renseigner », résume le chef Édouard, à la tête de la patrouille de trois cavaliers. L’équipe venue aux Eurockéennes comprend six cavaliers et une septième personne, en appui.
Depuis le milieu du XXe siècle, les chevaux ne sont plus utilisés dans le maintien de l’ordre en France, contrairement à l’Angleterre, aux États-Unis ou au Canada. Selon Édouard Ebel et Benoît Haberbusch, dans l’article « Le cheval dans la gendarmerie de XVIIIe au XXIe siècle », publié dans le n°249, en 2007, de La revue historique des armées (lire ici), « pour beaucoup, le 6 février 1934 marque la fin de cette culture du maintien de l’ordre à cheval ». « Ce jour-là, de violents affrontements se produisent sur le pont et la place de la Concorde entre les forces de l’ordre et les manifestants décidés à investir l’Assemblée nationale. Sur les 305 chevaux engagés par la garde républicaine de Paris, 120 sont blessés », écrivent-ils.
130 gendarmes
Le dispositif de sécurité complet de la gendarmerie comprend 130 gendarmes, dont des gendarmes à cheval et à VTT, pour la première fois. Le dispositif s’appuie aussi sur un brigade franco-allemande et sur des policiers suisses. La présence des cavaliers a été possible grâce à la présence de structures permettant l’accueil des chevaux. Condition nécessaire à la projection de la Garde républicaine.
Des images de 1936 montrent cependant encore leur utilisation. « Il faudrait situer la fin du maintien de l’ordre à cheval en 1947 plutôt qu’en 1934, au moment de la démonte des légions de la Garde républicaine », relèvent les deux auteurs. Aujourd’hui, la Garde républicaine est notamment attachée à la sécurité des palais et aux escortes officielles, au protocole militaire de l’État et au rayonnement de la France à l’international (lire ici). Le régiment de cavalerie de la Garde républicaine est toutefois utilisé à l’occasion de grands rassemblements, au Stade de France ou au Parc des Princes par exemple. Des patrouilles sillonnent aussi des sites touristiques de la région parisienne. Mais ce n’est pas du maintien de l’ordre.
« Le contact passe mieux »
Depuis la selle, « nous avons une vue d’ensemble grâce à la hauteur du cheval », apprécie le chef Édouard, qui monte l’altier Erwood. C’est l’un des nombreux atouts du cheval : conférer une vue d’ensemble et dominante à son cavalier, essentielle pour renseigner, alerter et mener une mission de prévention. « La masse de l’animal crée aussi un effet dissuasif », convient le gendarme. Les chevaux de la Garde républicaines affichent entre 600 et 700 kilos sur la balance. La présence de l’animal attire surtout l’œil et crée la sympathie. « Le contact passe mieux », observe le chef Édouard.
Son cheval est un Selle français, race privilégiée par la Garde républicaine, qui sélectionne les chevaux selon plusieurs critères, dont celui de la taille. Le garot d’Erwood culmine par exemple à près d’1,75 m. Et les chevaux de cette prestigieuse unité ne peuvent avoir un garrot inférieur à 1,65 m. « Il faut que les chevaux soient porteurs et osseux, afin d’être capables de supporter le poids du cavalier et le harnachement pendant une longue période », justifie le chef, qui participe à ses premières Eurockéennes.
Pendant le festival, ils ont en charge la surveillance et la sécurisation de la périphérie des Eurockéennes. Et ils peuvent être projetés beaucoup plus loin qu’une équipe de gendarmes à pied, renforçant ainsi la sécurisation du site, apprécie le colonel Florian Villalonga, commandant du groupe de gendarmerie départementale du Territoire de Belfort et à la tête du dispositif de sécurité pendant les Eurockéennes. On peut donc les croiser à l’entrée du festival, au camping ou sur les chemins entourant le site.

Respect de l’environnement
Les trois chevaux de la patrouille sont impeccables. La robe est bai. « On en prend soin. Il faut aussi renvoyer une image de prestige », relève le sous-officier. Erwood lui est attribué personnellement. Quand il est absent, un collègue le prend en charge, mais il ne travaille qu’avec lui. « Cela permet d’établir un lien. Pour certains services, on peut anticiper ses réactions face à la foule », explique-t-il. « Le moyen de défense du cheval est la fuite. Donc il suit un entraînement quotidien pour rester calme et garder son sang-froid », ajoute le gendarme.
Cette nouvelle option opérationnelle a été sollicitée par le colonel Florian Villalonga. Et il constate depuis plusieurs jours le bénéfice de leur présence. La présence de la Garde républicaine permet de faire passer un message « d’accompagnement aux festivaliers », mais aussi celui « d’une sécurité bienveillante et de prévention », souligne l’officier. La présence d’une patrouille équestre renvoie aussi l’image d’un « respect de l’environnement », sur lequel communiquent les organisateurs et le conseil départemental. Une dynamique que l’on retrouve aussi avec la présence d’une brigade de gendarmes à VTT. Pour se mettre dans le rythme des Eurockéennes.