« Sale émigré. » C’est le nom utilisé par un participant à l’occasion d’un quizz musical organisé à l’occasion du feu de la Saint-Jean, le 22 juin à Lepuix. « Cela a été dit plusieurs fois au micro », s’étrangle le militant écologiste Vincent Jeudy, qui a participé à ces festivités, qui rassemblent plusieurs milliers de spectateurs. « J’ai halluciné. » De poursuivre : « J’ai cru avoir mal entendu et j’ai demandé à mes copains s’ils entendaient comme moi. Ce qu’ils ont confirmé. » D’autres témoins affirment avoir entendu ce propos au micro lors du quizz, ainsi que le nom « Bardella ». Un témoin confirme avoir vu le nom de l’équipe à l’écran. « Ces deux noms sont plusieurs fois arrivés dans le Top 5 des quiz », raconte ce spectateur, qui a également participé au jeu, un Blind test. Vincent Jeudy a contacté la Ligue des droits de l’homme (LDH), qui a saisi le préfet et a fait remonter cet épisode à son échelon national.
Aucune plainte n’a été déposée auprès des forces de l’ordre ni aucune information n’a été remontée, à la suite de la soirée. Mais, « au vu des faits relatés », écrit Jessica Vonderscher, procureure de la République du tribunal judiciaire de Belfort, le parquet de Belfort a ouvert une enquête pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation ou de la race et pour injure publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation ou de la race.
La section belfortaine de la LDH « a été saisie au cours de la dernière semaine de plusieurs actes ou propos haineux », écrit-elle dans un communiqué. Puis de lister : croix gammée dessinée (lire notre article) sur la porte d’un jeune MNA, propos éminemment racistes au cours d’une distribution de tracts (lire notre article), noms d’équipe à caractère raciste lors des Feux de la Saint-Jean à Lepuix. « Il s’instaure un climat de haine et des actes de violences qui empoisonnent notre société et menacent aujourd’hui la paix sociale en France et dans notre Territoire », dénonce l’association.
Consternation
L’animateur de la soirée, Frédéric Musslin, réfute avoir prononcé le propos au micro. « Je n’ai jamais dit ça au micro », assure-t-il. Et sur l’écran, il indique que rien n’a attiré son attention. Il précise également que ce sont des centaines de participants qui ont joué et que ce nom s’est mêlé. « Je ne m’en suis pas rendu compte. Ce sont 240 personnes qui apparaissent en même pas deux minutes. Cela va à vitesse grand V », justifie-t-il. Il ajoute que l’animateur n’a pas la main sur l’inscription des joueurs, ni sur leur pseudo. Il ne peut pas modérer, sauf à arrêter totalement la partie. Après vérification des participants, il indique par téléphone qu’une équipe s’appelait « Sali migré ». « C’est triste, alors que c’est une fête populaire et familiale, glisse-t-il au téléphone. Si on peut aider à lutter contre cela, on sera les premiers à le faire. Je condamne fermement. »
Stéphane Demeusy, le président du club de football de Lepuix-Gy, qui organise l’événement, était consterné d’apprendre cela en début de semaine ; pris par la soirée et son organisation, il n’a pas entendu ces propos. « Ça gâche les 6 mois de travail de 120 bénévoles », regrette-t-il. « Nous présentons nos excuses », ajoute-t-il, très affecté par cet épisode. De replacer, plein d’amertume : « Nous voulons faire une belle fête populaire, à 3 euros l’entrée. » « Si nous avions su, nous aurions demandé de retirer ces noms », complète le président.
L’enquête, ouverte par le parquet de Belfort, est confiée à la brigade de recherches du groupement de gendarmerie du Territoire de Belfort.