L’école sent encore le neuf et la peinture fraîche, toute de rouge vêtue. À Montbéliard, depuis deux ans, sont dispensés des cours de design numérique au sein de l’école Rubika. Accessible à partir d’un bac +3, Rubika propose une formation en alternance, facilitant ainsi l’accès à ce cursus qui coûte 10 000 euros par an en parcours classique. Le terme exact de la formation ? Mastère en management de l’ingénierie du design numérique 3D. Avec un diplôme reconnu par l’État en fin de formation. Ce cursus forme les étudiants à donner vie à des produits grâce à la modélisation 3D, notamment dans le domaine du design industriel. Ils deviennent des experts capables de créer des prototypes numériques, de visualiser des matériaux et de mettre en scène des produits pour divers secteurs tels que l’automobile, le luxe, ou encore l’électronique. Malgré cette offre alléchante, la formation peine à prendre de l’élan.
Le problème de ce secteur ? « Il est peu connu du grand public », reconnaît Léa Gruet, chargée de coordination pédagogique. Cela a des répercussions sur les inscriptions à l’école. « Il n’y a pas assez d’étudiants cette année », déplore Alfonsino Cotillo, responsable pédagogique. En septembre 2024, aucun étudiant n’a fait de rentrée en première année dans la promotion. Trop peu d’élèves se sont inscrits. L’objectif de cette année 2024 est de continuer à travailler avec la promotion qui entre en deuxième année, asseoir la réputation de l’école de Montbéliard et faire découvrir cette formation au plus grand nombre, en attendant.
Des métiers en essor
Les responsables pédagogiques gardent espoir : le marché de l’emploi est très favorable dans ce secteur, affirment-ils. Le design numérique est un domaine en pleine expansion, qui se situe au croisement du design créatif et de l’ingénierie. Les débouchés sont multiples : styliste numérique, modeleur 3D, animateur 3D ou encore photographe digital. Les diplômés peuvent prétendre à des postes dans l’automobile, l’industrie, ou encore des secteurs luxueux comme la maroquinerie, la joaillerie et l’horlogerie. « Les étudiants deviennent des sculpteurs, des designers, des artistes », énumère Alfonsino Cotillo. « La 3D est devenue une composante essentielle dans des domaines aussi variés que l’automobile, l’architecture, ou encore la mode. Elle a de plus en plus d’importance dans les modes de vie », souligne-t-il encore. Dans l’industrie automobile, par exemple, la visualisation des matériaux en 3D a remplacé les maquettes physiques.
Ce changement se retrouve également dans le sport, l’horlogerie et le textile, où la modélisation numérique permet d’atteindre « un niveau de réalisme sans précédent ». « Nous sommes capables de faire voir l’éclat d’une pierre », poursuit-il. L’école a la spécificité de former les étudiants sur le rendu des différentes matières, des différents tissus. En travaillant avec des logiciels pour réussir à saisir la lumière, le tombé de chaque objet, notamment dans les domaines du textile.
Des cursus divers
Pour rentrer dans cette formation, quelques prérequis sont demandés. Avoir un Bac+3. Maîtriser les outils de modélisation 2D et s’être initié à la 3D. L’école est autant à la recherche de profils créatifs, que d’ingénieurs, ou encore d’autodidactes émérites. Avant d’entrer en entreprise, les étudiants sont six à neuf semaines à l’école, au départ de la formation, pour partir avec les mêmes bases dans leurs futures alternances.
Les cours, eux, sont dispensés par des professionnels du secteur, soutenus par un réseau d’anciens diplômés occupant des postes de formateurs. L’admission à cette formation se fait sur concours, comprenant une épreuve de modélisation 3D, un entretien de motivation et la présentation d’un portfolio. La formation est structurée autour d’un rythme de deux semaines de cours, quatre semaines en entreprise. « On favorise la présence en entreprise », explique Frédéric Monnier, directeur général de Numérica.
Montbéliard a déjà accueilli deux promotions, avec cinq étudiants la première année et huit la suivante. L’objectif, à terme, est d’atteindre une vingtaine d’étudiants par promotion. La première promotion de diplômés sortira de l’école en novembre 2024, et les prochains concours d’admission se tiendront entre avril et juin pour la promotion 2025. Reste à convaincre davantage d’étudiants de rejoindre cette aventure.
Article issu de notre magazine « Les défis du recrutement ». Disponible en kiosque numérique ici.