Ce lundi 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le sida. Au centre de prévention et d’éducation familiale (CPEF) Simone Veil, un service du Département du Territoire de Belfort, une dizaine de jeunes a été conviée à une séance de sensibilisation. Venus depuis l’École de la deuxième chance, ils sont accueillis par Sophie Damour, responsable du service action santé et conseillère conjugale et familiale au centre.
Une fois tout le monde installé, Sophie Damour leur propose le documentaire « Test » réalisé par Vincent Boujon. Dans ce film, plusieurs personnes témoignent de leur expérience du dépistage du sida. Après la diffusion, la responsable interroge les jeunes sur leurs réactions. « Les gens oublient qu’il y a des risques à avoir des relations non protégées », intervient un jeune. Une amie le rejoint sur ce point de vue : « Ils pensent que ça n’arrive qu’aux autres ».
Dans le documentaire, tourné en 2008, la majorité des témoins parlent du tabou qui entoure le dépistage. Plusieurs d’entre eux évoquent le sentiment de culpabilité après un rapport non protégé, les entraînant à devoir faire un test. Aujourd’hui encore, les jeunes l’assurent, le sujet m’est mal à l’aise. « Ça l’est, mais ça ne devrait pas », déplore l’une d’entre eux. Certains évoquent le cercle vicieux pouvant se mettre en place : moins on parle du dépistage, moins on y pense et ainsi de suite. « Il faudrait faire plus de campagnes de prévention », ajoute-t-elle. Pour la dizaine de jeunes, une raison pouvant expliquer ce tabou autour du dépistage. « Il y a une sorte de responsabilité dans cette maladie », déclare une jeune revenant sur l’aspect de la culpabilité évoqué dans le documentaire.
En 2024, 5 100 personnes diagnostiquées avec le VIH
Selon les chiffres de Santé publique France, en 2024, 5 100 personnes ont été diagnostiquées séropositives. Dans la grande majorité des cas, la transmission s’est faite lors d’un rapport sexuel non protégé. Pourtant, lorsque Sophie Damour demande aux jeunes de lister les moyens de transmission, ce mode ne revient pas en premier. Certains évoquent les plaies ouvertes, d’autres la maternité et l’allaitement. Sophie Damour, l’explique, ce sont effectivement des moyens de transmission, mais ce ne sont pas les plus fréquents.
D’un côté, le nombre de dépistages augmente en atteignant 8,5 millions de tests en 2024 et de l’autre, le nombre de personnes porteuses du VIH se stabilise. Des chiffres qui devraient être rassurants, mais pourtant, il y a selon les estimations 9 600 personnes porteuses du VIH non diagnostiquées. Sophie Damour se souvient des chiffres lorsqu’elle est arrivée au centre, il y a 19 ans : « Pour le nombre de personnes non diagnostiquées, on était à 30 000 ». Autre chiffre important, 43 % des infections à VIH sont découvertes au stade tardif. « Le système immunitaire est tellement faible qu’on peut attraper une maladie auto-immune », déplore la responsable du service action santé. Elle insiste alors sur la nécessité de faire tomber le tabou du dépistage. Moins la personne attend pour se faire dépister, plus elle pourra être prise en charge rapidement.
Des oiseaux rouges pour passer un message
Le centre de prévention et d’éducation familiale Simone Veil de Belfort propose des dépistages et des diagnostics du VIH, des hépatites et des infections sexuellement transmissibles. Après avoir été enregistrés à l’accueil, deux infirmières prennent en charge les personnes pour s’occuper de la partie prélèvements. Les personnes doivent ensuite revenir pour qu’un médecin leur remette les résultats. « Si le résultat est positif, la personne est redirigée vers l’hôpital Nord Franche-Comté de Trévenans », précise Sophie Damour. Dans le centre, deux conseillères conjugales et familiales sont également présentes pour l’accompagnement des personnes et la prévention. Le centre est ouvert 5 jours par semaine avec des horaires décalés pour faciliter l’accueil des personnes. « On peut prendre des rendez-vous à midi ou certains soirs », indique Sophie Damour.
En fin de séance, les jeunes de l’École de la deuxième chance ont confectionné avec l’artiste Séverine Nest, des origamis rouges en forme d’oiseau. Les oiseaux seront accrochés dans le hall du centre. « L’idée est de faire passer un message », conclut Sophie Damour.
