Derrière une lourde porte blindée du service de radiothérapie de l’hôpital Nord Franche-Comté (HNFC), au Mittan, à Montbéliard, le nouvel équipement se dévoile. Il s’apparente à un scanner classique avec, au centre de l’anneau, un passage d’un mètre de diamètre où l’on glisse le patient. Son nom ? Halcyon. C’est un accélérateur de particules, utilisé dans le traitement des cancers, par radiothérapie.
« Il utilise des champs électriques ou magnétiques pour amener des particules chargées électriquement à des vitesses élevées, indique l’hôpital dans un communiqué. En radiothérapie, ces particules accélérées sont dirigées vers la tumeur pour détruire les cellules cancéreuses. » Cette nouvelle machine « complète l’équipement de pointe que nous avons déjà », apprécie la docteure Fatiha Boulbair, radiothérapeute, cheffe du pôle oncologie. L’HNFC dispose de trois accélérateurs de particules. Ce nouvel outil remplace une machine qui avait 16 ans.

« En améliorant le confort, on améliore le traitement »
Contrairement aux autres machines, l’ensemble des outils d’Halcyon sont intégrés dans l’anneau dans lequel entre le patient. Il n’y a plus de bras articulés qui tournent autour de lui pour irradier ou faire des photographies ; on va plus vite et on limite le risque de collision entre ces outils. Halcyion est aussi beaucoup plus silencieux. L’ensemble est moins impressionnant. C’est un confort supplémentaire pour le patient. « En améliorant le confort, on améliore le traitement », souligne Fatiha Boulbair. Il faut que le patient ne bouge pas. Si c’est moins impressionnant et que la machine est plus rapide, il est plus facile de rester immobile. La machine est ainsi plus précise et les faisceaux d’irradiation sont dirigés au plus près de la tumeur. Le nouvel accélérateur acquiert aussi plus rapidement les images du patient, ce qui accélère encore la prise en charge et donc la précision. Il faut compter une dizaine de minutes pour une séance.
Avant d’être traité par Halcyon, les patients passent un scanner dosimétrique, où « le médecin dessine les zones où irradier », détaille la docteure Fatiha Boulbair. L’hôpital dispose de cet équipement, comme des accélérateurs de particules, depuis 2013. Auparavant, les accélérateurs de particules étaient utilisées pour traiter les petites tumeurs. Avec Halcyon, les praticiens peuvent s’attaquer à des tumeurs plus grandes ; le nouvel équipement sera notamment dédié au traitement du cancer du sein.
« La performance du plateau [de cancérologie] et des équipements n’est plus à démontrer », replace Pascal Mathis, directeur général de l’hôpital Nord Franche-Comté. Seuls les établissements hospitaliers du nord Franche-Comté et de Besançon disposent d’équipement en radiothérapie en Franche-Comté. « C’est une technologie maximale, sans avoir un déplacement lointain », salue Alain Picard, vice-président au Grand Belfort, en charge du développement des politiques de santé, qui rappelle que ces traitements demandent de « la répétition ». Les avoir à « proximité » est donc une force, car cela évite que certains « renoncent aux soins [s’ils sont] trop loin ».
En 2023, 25 482 séances de radiothérapie ont été assurées à l’hôpital Nord Franche-Comté, pour 1 308 patients. L’accélérateur de particules coûte 2,5 millions d’euros. L’aménagement complet s’élève à 3,5 millions d’euros. Le chantier a débuté à l’automne 2023. L’ensemble du bunker a dû être réaménagé pour accueillir le nouvel équipement.

Quid du déménagement ?
Des élus du pays de Montbéliard doivent rencontrer le ministre de la Santé, au mois de juin. Ils réclament le maintien du site d’oncologie de l’hôpital Nord Franche-Comté sur le site du Mittan, à Montbéliard. Marie-Noëlle Biguinet, maire Les Républicains (LR) de Montbéliard, Charles Demouge, président LR de Pays de Montbéliard Agglomération, et Nicolas Pacquot, député Renaissance, ont organisé une réunion de préparation mi-mai. Ils étaient accompagnés de Léopoldine Roudet, représentant des patients et par ailleurs conseillère municipale à Montbéliard, et d’Alain Monnier, président du comité de Montbéliard de la ligue contre le cancer. Le projet de déménagement avait été stoppé en mai 2023, par le ministre de la Santé François Braun, demandant que le projet soit repris à zéro. Une mission d’appui a été lancée par l’agence régionale de santé (ARS), composée de trois experts. Elle doit répondre à la question : « Comment va s’organiser la cancérologie », rappelle Pascal Mathis, ce mercredi soir. Une question qui projette le service dans les 10 prochaines années. Ses conclusions sont attendues avant la fin juin. Et de là, des décisions seront prises de leurs préconisations, pour savoir comment organiser ce service ou comment envisager son implantation territoriale.