(AFP)
Les violences de 2005 avaient démarré après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, 17 et 15 ans, électrocutés le 27 octobre dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés à l’issue d’une course-poursuite avec la police. Elles avaient pris fin trois semaines et demi après, le 20 novembre. La crise actuelle, toujours en cours à la date du 4 juillet, a éclaté dans la nuit du 27 au 28 juin après la mort à Nanterre d’un jeune automobiliste de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle. Comparatif des chiffres marquants pour ces deux périodes de violences urbaines, des chiffres encore provisoires pour l’épisode actuel.
Presque autant d'interpellations en une semaine
En une semaine d’émeutes en 2023, le nombre d’interpellations est pratiquement aussi élevé qu’en trois semaines et demi de violences urbaines en 2005: 3.486 personnes ont été interpellées en sept jours, selon des chiffres transmis mardi à l’AFP par le ministère de l’Intérieur. Un total de 374 personnes ont été jugées en comparution immédiate depuis vendredi, selon le ministère de la Justice. En 2005, 4.728 interpellations avaient été réalisées pendant les trois semaines et demi de violences et 1.328 après les événements: sur ce total, 5.643 personnes ont été placées en garde à vue, d’après un bilan de la direction générale de la police nationale (DGPN).
Plus de bâtiments dégradés
L’épisode actuel comporte un plus grand nombre de bâtiments dégradés ou incendiés ainsi que de nombreux véhicules brûlés: 5.892 véhicules ont été incendiés et 1.105 bâtiments ont été brûlés ou dégradés, selon le ministère de l’Intérieur. Pour la seule région Île-de-France, une centaine de bâtiments publics ont été dégradés voire détruits et 140 communes, plus d’une sur dix, ont été touchées, selon l’entourage de la présidente (LR) de région Valérie Pécresse. A l’automne 2005, 10.346 véhicules de toutes sortes, dont des autobus urbains, avaient été brûlés, tandis que 233 bâtiments publics et 74 autres relevant du domaine privé avaient été détruits ou endommagés.
Plus de forces de police engagées, plus de blessés
A partir de la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet, 45.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés (après 7.000 engagés la première nuit, 10.000 la deuxième et 40.000 la troisième). A ce jour, un total de 808 membres des forces de sécurité ont été blessés tandis que 269 locaux de police ou de gendarmerie ont été attaqués, selon le bilan du ministère de l’Intérieur diffusé mardi. En 2005, jusqu’à 11.700 policiers et gendarmes avaient été engagés au plus fort des violences, et 224 d’entre eux, ainsi que des sapeurs-pompiers, avaient été blessés. Certains avaient essuyé des tirs d’armes à feu (à balles réelles ou à grenailles) notamment le 6 novembre à Grigny où dix policiers avaient été touchés, dont deux hospitalisés.
Dégâts plus coûteux
Le coût des dégâts pour les émeutes de 2023 est évalué à ce stade pour les assureurs à “au moins 280 millions” d’euros, a indiqué mardi la présidente de la fédération professionnelle France Assureurs, précisant que “plein” de sinistres n’ont pas encore été déclarés. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé de son côté que la facture finale pour les entreprises pourrait s’élever à un milliard d’euros. Les violences de 2005 avaient, elles, coûté au total 160 millions d’euros aux assureurs (204 millions à euros constants), selon France Assureurs. À Belfort, la nuit de jeudi à vendredi avait généré plus d’un million d’euros de dégâts selon le maire Damien Meslot (notre article).
En 2015, France bleu Belfort-Montbéliard avait rappelé les dégâts déplorés dans le Nord Franche-Comté, où 80 voitures avaient brûlé dans la première nuit.