Alors que se tient lundi 11 décembre le conseil municipal de Danjoutin, où doit être voté la modification du plan local d’urbanisme afin de valider le déboisement d’un hectare d’une forêt actuellement en espace boisé classé, une manifestation s’est tenue devant la mairie pour le dénoncer. Les habitants des trois hameaux de Froideval déplorent ce vote qui doit permettre la construction d’une nouvelle SPA à Danjoutin (voir ici). Défense de la forêt et de la biodiversité en premier argument. Quiétude en deuxième. « Nous voulons défendre la quiétudes des patients des trois structures hospitalières, des gens du voyage et des habitants, tous à moins de 250 mètres de l’établissement. »
« C’est injuste », « nous n’avons pas été assez consultés », « les Verts ne pensent pas à l’écologie ». Les mots fusent pour qualifier la colère du groupe qui affirme ne pas vouloir en rester là. Pour eux, il n’y a pas seulement un hectare, mais 2,6 qui seront défrichés. « On se bat pour la forêt et les animaux qui y résident », défend encore Sophie Meunier, membre du collectif.
Casseroles, sifflets, enceinte avec aboiement de chiens à fond, les opposants sont décidés à se faire entendre au conseil municipal. Trois d’entre eux y entrent pour faire entendre leur voix alors que Damien Meslot, président du Grand Belfort, doit présenter le projet devant le conseil municipal de Danjoutin.
Un mur anti-bruit ?
« Ils sont 40, alors que les 100 000 habitants du Grand Belfort sont favorables au projet », se défend Damien Meslot en arrivant sur les lieux, hué par la cinquantaine de manifestants présents. Une suspension de séance d’environ 45 minutes permet au président du Grand Belfort de présenter son projet. « Je ne suis pas là pour martyriser les habitants les plus proches. » Il explique que « les boxes seront insonorisés », « en contre-bas d’une butte » et qu’un « mur anti-bruit pourra être dressé si vraiment des bruits sont encore recensés ».
Le collectif a aussi pu s’exprimer pendant cette suspension de séance en expliquant ses craintes concernant le bruit mais aussi concernant la perte de la biodiversité. Le ton est monté entre cette opposition et Damien Meslot sur les différents arguments, mais cela n’a pas fait basculer le conseil municipal. Malgré toutes les implications du groupe lors de cette soirée, le conseil municipal a voté pour la modification du PLU, 22 voix pour. Seules trois personnes ont voté contre.
« Nous nous attendions à ce que les élus d’Andelnans viennent à ce conseil. Ce n’était pas le cas. Nous l’avons très amer », relate le groupe à l’issue. Le collectif compte interpeller le préfet du Territoire de Belfort pour lui demander de ne pas accepter la modification de PLU.
Que dit le commissaire-enquêteur ?
Lors de cette soirée, plusieurs doutes ont été émis sur l’enquête publique menée par un commissaire-enquêteur, qui devait permettre de juger si le PLU pouvait être modifié ou non. Le collectif déplore notamment le manque de considération de la biodiversité. Au mois de novembre, il a émis un avis favorable sans réserve. Dans son rapport, il expose qu’aucune espèce patrimoniale ou protégée « ne parait potentielle dans le secteur ». Il détaille : « Les enjeux faunistiques sont en fait assez réduits dans les parcelles étudiées, en raison de la jeunesse des peuplements. »
Il expose que « les effets ne sont pas de nature ni d’ampleur à modifier de manière significative l’état de conservation des populations. » Et reprécise qu’au sujet du déboisement, cela représente un hectare, composé de hêtres et de charmes, « des espèces communes ou assez communes ».
L’impact de la phase chantier sur les autres groupes faunistiques est faible également, selon l’enquête. « Le milieu forestier étudié est peu favorable aux reptiles, amphibiens et insectes. L’absence de mares forestières et d’ornières sur la zone d’implantation minimise les incidences sur les amphibiens. » Un argument qui a été retapé par le collectif, qui affirme que des tritons, une espèce protégée, se trouve sur le site. Il estime également que l’étude n’a pas été faite à la bonne période de l’année.
Le collectif se penche désormais sur la possibilité d’aller au tribunal administratif. Il lui faut pour cela se lier à une association ayant une existence juridique. Trois pistes d’associations sont évoquées. Pour eux, il est inacceptable que la SPA puisse se construire à cet endroit, alors que les 17 SPA dans le Grand-Est se trouvent dans des zones éloignées des habitations.