En 2024, 22 500 bébés sont nés en Bourgogne-Franche-Comté. « C’est le plus faible nombre de naissances enregistrées dans la région depuis cinquante ans », alertent les auteurs de l’étude de l’ Insee, Nicolas Bourgain et Charles Pilarski. La tendance n’est pas nouvelle : « Elle est continue depuis le début des années 2010 ». Par rapport au pic du début des années 2000, ce sont près de 10 000 naissances de moins chaque année. En un quart de siècle, le nombre de nouveaux-nés a diminué de 31,8% contre 18,8% en France métropolitaine.
Tous les départements sont touchés, mais certains plus que d’autres. « Le nombre de naissances a diminué de presque 40 % dans le Jura et en Haute-Saône », souligne l’Insee, qui classe ces deux départements, avec la Nièvre et le Territoire de Belfort, parmi les dix les plus frappés de métropole.
Cette chute s’explique d’abord par un nombre de femmes moins important sur le territoire. « Entre 2000 et 2024, en Bourgogne-Franche-Comté, [le nombre de femmes de 15 à 49 ans] est passé de 642 000 à 542 000 », soit une baisse de 16 %, contre seulement 3 % en moyenne nationale. La cause ? Une dégradation de la natalité constatée dans les années 1990, marquées par un repli de la fécondité après la crise économique de 1993. « Moins d’enfants sont nés à cette époque, 30 ans plus tard, moins de femmes sont en âge d’avoir des enfants. Il y a par conséquent moins de naissances aujourd’hui. »
La fécondité en recul dans toutes les classes d’âge
Mais le nombre de femmes ne suffit pas à expliquer cette dynamique. La région souffre également d’une baisse généralisée de la fécondité. En 2024, l’indicateur conjoncturel de fécondité atteint « 1,53 enfant par femme en Bourgogne-Franche-Comté, légèrement moins qu’en France métropolitaine (1,59) ». Il était encore à 2 enfants par femme il y a quinze ans.
Phénomène nouveau : « Depuis 2021 dans la région, la fécondité diminue pour toutes les classes d’âge », y compris les femmes de 25 à 34 ans. Chez elles, l’indicateur est passé de 1,31 enfant par femme à 1,00. Une évolution que l’Insee qualifie de « particulièrement vraie » et aux causes multiples : « des ruptures d’union plus fréquentes, des problèmes de fertilité, ou encore des incertitudes plus fortes vis-à-vis de l’avenir conduiraient les couples à abandonner leurs projets d’enfants. »
Le premier enfant en recul, les seconds résistent
Autre signal préoccupant : le nombre de premiers enfants baisse de manière marquée. Il a « chuté de moitié en Haute-Saône » et reculé de 38 % en vingt-cinq ans dans l’ensemble de la région. Si les deuxièmes naissances sont moins affectées, elles connaissent aussi un net repli. Seules exceptions : « le Jura et la Côte-d’Or où [le nombre de deuxièmes naissances] s’est stabilisé ». Dans deux départements, la tendance s’est même inversée : « il y a désormais plus de deuxièmes naissances que de premières, en Côte-d’Or et dans le Doubs. »
La région n’est pas homogène. Certaines zones tirent leur épingle du jeu. « À âge donné, la propension des femmes à avoir des enfants diffère selon les territoires. Elle est plus forte dans les zones les plus attractives pour les jeunes actifs », note l’Insee. Le taux de fécondité y est « plus élevé dans la bande frontalière avec la Suisse et dans les territoires aux franges de la région comme le Sénonais et le Mâconnais. »
À l’inverse, les centres urbains comme Dijon ou Besançon affichent des taux plus faibles : « la part de jeunes femmes en études est importante, or ces populations font généralement moins d’enfants et à des âges plus élevés. »
Difficultés économiques
Pourquoi la Bourgogne-Franche-Comté est plus touchée qu’ailleurs ? « C’est la conséquence du vieillissement plus rapide de sa population, et d’une moindre attractivité envers les jeunes », détaille l’Insee. Aussi, beaucoup de petites et moyennes agglomérations ont connu des difficultés économiques liées à un déclin industriel et des départs d’habitants. Les générations en âge d’avoir des enfants aujourd’hui y sont bien moins nombreuses.
À l’inverse, les territoires les plus dynamiques en termes d’emploi ou d’offre de formation ont vu leur nombre de jeunes et/ou d’actifs se stabiliser : c’est le cas par exemple des grands centres urbains de la région (Dijon et Besançon), de leur espace périurbain immédiat, et de la bande frontalière.
Étude complète à retrouver ici.