« Chaque jour, nos professionnels accompagnent 10 millions de personnes vulnérables en France. » Ainsi débute une lettre ouverte rédigée par 70 associations et fondations de Bourgogne-Franche-Comté, acteurs de l’économie sociale et solidaire, qui alerte les pouvoirs publics sur la situation délicate du secteur social et médico-social. La lettre a été diffusée le 6 avril.
Dans le nord Franche-Comté, l’Adapei du Doubs et l’Adapei du Territoire de Belfort sont signataires, ainsi que la fondation Arc en Ciel, qui gère notamment des structures à Beaucourt et Héricourt. L’association hospitalière de Bourgogne-Franche-Comté, aussi présente dans l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard, a également soutenu la démarche. On retrouve également l’association d’aide à domicile Amaëlle, anciennement Domicile 90, mais également l’APF France Handicap ou encore l’Armée du Salut, qui gère un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) à Belfort. Ce collectif régional emploi 24 000 personnes en Bourgogne-Franche-Comté.
« Partout et pour tous, nous œuvrons pour la cohésion sociale au sein d’associations ou de fondations à but non lucratif, avec des conseils d’administration bénévoles qui mettent en œuvre des financements publics, sans rechercher ni dividende ni profit, dans le seul intérêt des personnes qu’elles accompagnent », insiste la lettre, qui rappelle que ces structures accompagnent des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des familles ou des personnes isolées. « Nous soutenons le maintien à domicile, l’accès à l’école et à l’emploi ; nous prévenons l’isolement et la précarité́, aidons à l’autonomie, protégeons les femmes et les enfants en danger », liste la lettre.
« Recouvrer des conditions d’exercice dignes »
Malgré cet engagement, la situation des structures et des professionnels qui y interviennent s’est « fragilisée », déplore le courrier. Qui évoque une situation de crise. « Le financement de nos interventions n’est plus à la hauteur des besoins et de l’ambition de notre nation », dénonce le collectif. « Depuis de nombreuses années, les salaires et les dotations publiques ont insuffisamment évolué́ au regard de l’augmentation du coût de la vie et sont aujourd’hui rongés par l’inflation », ajoute le document. Le collectif dénonce aussi les différences de traitement entre les salariés, par le Ségur de la Santé, entre ceux bénéficiant d’une revalorisation et ceux n’en ayant pas. Selon le document, 20 % des salariés n’en ont pas profité, générant « un profond sentiment d’injustice ».
À cela s’ajoute une difficulté criante à recruter, fragilisant les missions. « Nous avons perdu en capacités d’action, l’accompagnement auprès des usagers se dégrade, et le courage des professionnels ne sera pas éternel », met en garde la lettre. Les structures ne veulent pas abandonner la qualité d’accueil sur l’autel de l’équilibre économique et refuse d’intervenir « le chronomètre à la main ». Surtout, elles veulent garantir une stabilité des effectifs auprès des personnes accompagnées.
La lettre réclame que le Ségur soit appliqué à tous, que les salaires et les dotations soient réévaluées. Le collectif attend « un soutien fort des pouvoirs publics », pour « recouvrer des conditions d’exercice dignes ».