« Avis unanime défavorable » : tel est l’objet du courrier adressé le 16 décembre au préfet du Territoire de Belfort par le président du Syndicat autonome des sapeurs-pompiers du Territoire de Belfort, Sébastien Boillot, au sujet du Schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (SDACR). Le courrier dénonce des erreurs dans le document, qui selon lui, pourraient amener à prendre de mauvaises décisions. Le SDACR n’est pas un document contraignant ; en revanche, il servira de référence dans l’organisation des services de secours et pour les investissements à engager dans les cinq années à venir. Une version a été présentée aux élus du conseil départemental fin septembre. Le rapport avait été adopté à l’unanimité, et le président du conseil départemental, Florian Bouquet, avait indiqué qu’une convention financière entre le Département et le SDIS 90 serait ultérieurement soumise au vote des conseillers départementaux.
Des « erreurs statistiques » et des « analyses erronées »
Le CST (conseil social territorial, instance représentative du personnel) est une des structures consultées en amont du conseil d’administration du SDIS. Ce dernier, composé d’élus du Département et des communautés d’agglomération, a adopté le SDACR. Il a été transmis au préfet du Territoire de Belfort.
Dans le courrier adressé au préfet, Sébastien Boillot indique que le SDACR « présente des erreurs statistiques, ainsi que des analyses erronées non négligeables susceptibles d’orienter dangereusement les documents structurants (notamment le règlement opérationnel) qui devront être révisés prochainement ». Il relève ainsi des erreurs dans le bilan au cours des dix dernières années de la mise en œuvre des moyens élévateurs aériens (MEA). Il relève aussi des erreurs sur le « taux de rupture », un indice qui définit à partir de quel moment les services départementaux de secours seraient saturés et seraient contraints de faire appel à des moyens hors département. « Il est alarmant de constater que le taux de rupture est interprété comme un simple indicateur de fréquence de sollicitation, alors qu’il devrait refléter un enjeu réel : à quel moment la ressource n’est pas disponible pour secourir la population ». Il estime que la présentation faite offre « une vision faussement rassurante de la situation ».
Autre erreur relevée : « Le ratio de 4,45 hommes-heures avait été interprété à tort comme supérieur à la moyenne nationale alors qu’il lui est en réalité inférieur. L’analyse issue de cette interprétation s’avère donc incorrecte ». Il souligne que le bon indicateur situe le SDIS du Territoire de Belfort « parmi les départements qui mobilisent le moins de pompiers lors des missions d’incendie et de secours, le document conclut néanmoins à un effectif excessif ». D’où la crainte que soit prise ultérieurement la décision de réduire le nombre de pompiers mobilisés lors des interventions, au risque de mettre en dangers « la population et les sapeurs-pompiers en raison d’effectifs insuffisants engagés en intervention ».
Pour autant le CST ne se positionne pas dans une opposition frontale et le courrier affirme que « m’avis unanime défavorable en CST ne traduit ni le refus de dialoguer, ni une opposition de principe ».
Question de responsabilités
Contacté par téléphone, Sébastien Boillot se dit également conscient des enjeux économiques actuels, mais souhaiterait une transparence plus grande et que les décisions soient prises en connaissance de cause, donc à partir de données fiables. « On est en capacité de se remettre en question », affirme-t-il. En revanche, il souhaite que les éventuels choix de geler ou de réduire les moyens, aussi légitimes puissent-ils être, soient assumés clairement par ceux qui les prendront. Une façon de prendre date en cas d’événement grave (type incendie de l’Hôtel de l’Europe à Belfort, qui a fait quinze morts en mars 1989, cité dans le courrier) au cours duquel les moyens disponibles s’avéreraient insuffisants.