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Belfort : apaisement fragile entre les pompiers et Florian Bouquet

La grève des pompiers a démarré le 14 novembre dernier dans le Territoire de Belfort. | ©Le Trois - TQ ​

Après plus de trois mois de grève, le passage au 1 607 heures annuel vient d’être acté par le conseil d'administration du service départemental d'incendie et de secours. Les pompiers du Territoire de Belfort ont obtenu un à deux jours de sujétions selon l’âge, comme ils le souhaitaient. Les heurts entre le président du Département et les pompiers laisseront toutefois des traces.

Il n’aurait pas fallu grand-chose pour remettre le feu aux poudres, ce mardi 28 février, lors du conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours (Sdis) Du Territoire de Belfort, à l’hôtel du Département. Cette séance était destinée à entériner l’obligation d’appliquer la loi sur la transformation de la fonction publique, qui met fin aux régimes dérogatoires à la durée légale du travail, fixée à 1 607 heures (lire notre décryptage). À la fin du mois de décembre, les délégués syndicaux ne voyaient pas comment les tensions pouvaient se calmer (lire notre article).

Un préavis de grève avait été déposé le 14 novembre et les pompiers n’ont pas cessé cette grève depuis. Les pompiers se sentaient méprisés par les manières de faire et les propos de Florian Bouquet, président Les Républicains (LR) du conseil départemental du Territoire de Belfort et du conseil d’administration du Sdis. Leur colère portait notamment sur la suppression des jours de repos liés à l’ancienneté ou encore suite à des décorations obtenues. Ils réclamaient notamment la prise en compte de jours de sujétions, liées à la nature des missions et à la définition des cycles de travail qui en résultent (travail de nuit, dimanche, horaires décalés, pénibilité, danger), comme cela a pu être fait en Saône-et-Loire. Depuis, les entretiens et médiations se sont succédé, jusqu’à ce mardi soir. 

Et on aurait pu s’attendre à des débats animés, mais cela n’a pas été le cas. Au contraire, c’est le silence qui a pris place. Un silence plombant dès l’arrivée de Florian Bouquet. Il a énuméré, à voix basse et avec une diction très rapide, ce qui avait été retenu des arrangements sur cette nouvelle loi : 1 jour de sujétion pour les plus de 40 ans. Et 2 pour les plus de 50 ans. Il en sera ainsi également pour le centre opérationnel départemental d’incendie et de secours, qui gère les appels du 18.

À de très nombreuses reprises, il rappelle se mettre « en conformité à la loi ». Puis termine, en quelques secondes : « Des remarques ? » Nouveau silence pesant. Isabelle Mougin, élue d’opposition, de gauche, au conseil départemental, relève : « Il y a eu deux avis négatifs du comité social et territorial. Y-a-t-il finalement eu un accord ou non ? Deux avis négatifs, cela fait craindre un passage en force. » Énième silence gêné. « Vous appelez ça un passage en force ? J’appelle ça un passage en conformité avec la loi. Chacun sa formulation. Et ça, avec deux mois de retard.» Le ton du président, Florian Bouquet, est cinglant. Lors du vote, Isabelle Mougin s’abstient. 

En moins d’une demi-heure, c’est déjà la fin du conseil d’administration, ou presque. Le président du Sdis n’en a pas tout à fait fini. Il fait part de sa rancoeur, à peine déguisée. « Il fallait sortir de cet épisode qui a chagriné beaucoup de monde. Beaucoup de mots ont été dit, mais rien n’est jamais signé. Ce n’est jamais la faute de personne. J’ai été diffamé.» Il marque un temps d’arrêt, hausse les épaules. « C’est toujours sur les plus droits qu’on tape. Jamais sur les plus tordus. » 

Les casernes et camions nettoyés

« Je voulais juste signaler que les casernes et les camions ont été nettoyé », signale Pascal Grosjean, maire de Bermont et 3e vice-président du conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours (CASDIS) du Territoire de Belfort, en charge des affaires sociales et du personnel. C’est en ces lieux que divers mots ont été écrits à l’encontre du président. On a pu voir fleurir, le long de l’autoroute A36 et sur les portes des casernes, des banderoles affichant des écriteaux visant directement l’intégrité de Florian Bouquet. Montrant encore une fois l’animosité des pompiers et la difficulté à détendre la situation.

« Je me réjouis que les inscriptions soient effacées. Nous n’avons pas vocation à voir nos outils souillés. Dès lors qu’on touche aux outils publics, nous n’avons plus le soutien de la population. J’ai été élu sur un projet, des valeurs, des qualités humaines et des défauts. Il poursuit : Néanmoins, j’ai aussi une famille et on ne peut pas dire des saloperies sur la place publique. Si les inscriptions nauséabondes sont retirées, les conditions de travail sereines sont là. Je suis prêt à travailler sereinement.» La messe est dite.

Pourtant, alors que l’on s’adresse au représentant du personnel Sébastien Boillot, du Syndicat autonome, en fin de séance, un de ses collègues vient lui souffler : « Le président pense que tu es en train de cracher ton venin. » Surpris de l’interpellation, il peine même à trouver ses mots, de peur de remettre de l’huile sur le feu. Il précise parler au nom de l’intersyndicale des pompiers. « On tend à repartir vers un schéma normal. Globalement, ça s’apaise. Mais il ne faut pas grand-chose pour que ça reparte. » La grève devrait se stopper, « normalement », précise le lieutenant Chevillard, représentant des officiers en haussant les épaules. Sébastien Boillot ne pense qu’à une chose, que « cela se calme pour de bon » afin de se lancer dans un nouveau débat, celui du schéma départemental d’analyse et de couverture des risques. Des discussions doivent démarrer avec les différents acteurs prochainement à ce sujet. 

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