18 h 20. Ce mercredi 4 mai. Une vingtaine de personnes se met à genou, les mains placées sur la tête devant le commissariat de police de Belfort. Une position symbolique en soutien aux 33 personnes interpellées à Besançon (Doubs) dans le cadre des manifestations du 1er-Mai. Laurent Boucard, mégaphone à la main, professeur des écoles syndiqué à Solidaire, énumère les raisons de cette présence « spontanée ». « On voit sur les vidéos de Média 25 que les jeunes étaient pacifiques », observe-t-il, dénonçant ainsi les méthodes policières et les « arrestations abusives ». Cinq seront jugés apprend-t-on par ailleurs. Les militants ont voulu aussi rappeler 19 interpellations réalisées en 2019 à Besançon, à l’université.
« Le 1er mai, l’ONU a examiné la situation des droits de l’homme en France, ajoute-t-il dans son allocution. Pendant trois heures. » À cette occasion, le Luxembourg, le Danemark, la Suède, la Norvège ont demandé à la France « de repenser sa politique de maintien de l’ordre », complète le militant (lire par ailleurs). Et d’ajouter : « Le Conseil de l’Europe s’alarme d’un usage excessif de la force en France, cette année. » Il indique que cela avait aussi été notifié en 2019, lors du mouvement des Gilets jaunes. Il y a un mois, la défenseure des droits, Claire Hédon, s’inquiétait « d’un climat qui fragilise l’équilibre démocratique ». « Cela commence à faire beaucoup », commente Laurent Boucard, qui estime « qu’il y a une restriction au droit de manifester ». « Le droit de manifester est remis en cause », abonde un autre militant présent ce mercredi soir, Nedjib Maghlaoui.
Échange avec le commissaire
Avant de se mettre à genou devant le commissariat, les manifestants ont échangé quelques mots avec Cédric Richardet, directeur départemental de la sécurité publique du Territoire de Belfort, venu à leur rencontre. Il est venu « pour expliquer » comment sont gérées les manifestations à Belfort, dont certains militants critiquaient l’usage de lacrymogène. Pendant 15 minutes ils ont discuté. Chacun a présenté sa posture. Calmement. Pas certain toutefois que les militants aient été convaincus. Le commissaire a aussi rappelé que l’état de droit était respecté, remarquant notamment que seulement cinq personnes font l’objet d’une procédure judiciaire.
Sollicitée, la préfecture du Doubs n’a pas souhaité faire de commentaires. L’agence France presse a précisé, lundi soir, qu’une manifestation sauvage s’était lancée après la manifestation du 1er-Mai, avec 300 individus. Des heurts ont éclaté à proximité de la préfecture, et des départs de feu ont été constatés, a rapporté l’agence, nécessitant l’intervention des pompiers. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et vingt personnes ont été interpellées, pour attroupement après sommation, a précisé l’agence. Dans le nord Franche-Comté, plus de 5 000 personnes ont manifesté lundi contre la réforme des retraites, en cumulant les cortèges de Belfort, Montbéliard et Lure rapporte France Bleu Belfort-Montbéliard.