« Nos différents ministres de la Santé ont réussi le tour de force de détruire notre système de santé », invective un délégué syndical de la CGT lors d’une manifestation, ce jeudi. Ils étaient une soixantaine à manifester sur le parvis de l’hôpital Nord Franche-Comté en ce début d’après-midi. Ce qui frappe : la lassitude. Rares sont les pancartes, absents sont les chants et les cris. « Nous sommes fatigués de cette situation », souffle une manifestante. Pour cette journée d’action nationale, la CGT et la CNI ont mené front commun. Dans les discours, les syndicats listent le besoin de renforcer les équipes, d’obtenir un recrutement à la hauteur des besoins pour une prise en charge de qualité en toute sécurité pour la population, le remplacement des départs, des arrêts-maladies, des congés maternité… Et aussi, l’augmentation des salaires et la revalorisation des primes de contraintes, qui « n’a pas été revue depuis 2001 » (nuit, dimanche et jours fériés ), explique Nathalie Depoire, présidente de la coordination nationale infirmière (CNI).
Cette manifestation, c’est une de plus. Les syndicats le déplorent. Rien ne bouge, rien ne change. Les revendications sont les mêmes qu’avant le Covid, mais sont exacerbées. Les deux syndicats dénoncent ces mauvaises conditions subies « depuis plusieurs années ». Nathalie Depoire revient sur la fin d’année 2019 : où une grève illimitée était annoncée pour dénoncer les conditions de travail dégradées par des années de restrictions budgétaires. Et sur l’arrêt de cette grève en 2020, pour faire face. « On nous faisait croire qu’il y aurait un avant-Covid et un après-Covid. Ça n’a pas été le cas », déplore-t-elle.
Des conditions qui entraînent des départs en masse de collègues. « S’il compte sauver l’hôpital public, le gouvernement devra convaincre ses 180 000 professionnels (qui ont quitté l’hôpital), que les sous-effectifs, que le travail en mode dégradé, que les changements de plannings intempestifs, ne font plus partie du triste quotidien des hospitaliers », tance la CGT dans son discours.
Les inquiétudes montent. Entre les départs et les fermetures de service « partout en France », les syndicats s’inquiètent : « Comment et où se faire soigner dans les prochaines années, mois, semaines ? » Les syndicats attendent des réponses nationales, mais aussi locales pour faire face.
Encore du personnel manquant à l’HNFC
« Nous devons impérativement travailler à renforcer l’attractivité de l’HNFC et cette dynamique devra se tourner vers les professionnels à accueillir tout comme vers les professionnels actuellement en poste à fidéliser », écrit la CNI dans un communiqué. Lors de la manifestation, Nathalie Depoire énumère les besoins à Trévenans : 18 postes vacants chez les infirmiers, deux chez les aides-soignants, plus de dix pour les infirmiers anesthésistes et de bloc.
Des discussions avec la direction, il y en a eu à la suite du Ségur. Ainsi que des groupes de travail qui ont permis de signer une charte fin juin « avec l’espoir d’avoir du personnel recruté pour le remplacement.» Et qui ont permis de majorer les heures supplémentaires pour « correspondre » à la législation. « On ne peut pas dire que rien n’est fait, mais il faut aller plus loin », encourage la présidente de la CNI. Car aujourd’hui, elle déplore que l’unité de remplacement n’ait toujours pas été mise en place. Pour elle, les objectifs ne sont pas remplis. Et les besoins, eux, sont larges. « On sait déjà qu’on va être déficitaire avec les départs cette année malgré les 50 jeunes infirmiers sortis d’écoles recrutés », explique-t-elle. Un chiffre que la direction de l’hôpital confirme ; il y a effectivement eu 51 embauches d’infirmiers diplômés d’Etat, mais également 28 embauches d’aides-soignants.
La présidente de la CNI espère que d’autres encore rejoindront les rangs, malgré la difficulté. Car le but de tout ça, reste de soulager la charge de travail des soignants en poste. Pour permettre de tenir, mais aussi de mener des projets à bien. « Aujourd’hui, nous sommes limités à l’essentiel. Au rôle prescrit. Nous avons besoin de plus de temps avec les patients, pour de l’éducation thérapeutique, du relationnel.» Ces revendications, portées ce jeudi, vont en ce sens. Sollicitée, la direction de l’HNFC n’a pas souhaité commenter la manifestation.