Parfois, les événements se percutent. Se répondent. Involontairement. C’est ce qui s’est passé à 1 h 20, ce mercredi matin. Je finalise l’article relatif au conseil communautaire extraordinaire convoqué par le Grand Belfort afin d’adopter une motion sur la situation de la filière turbine à gaz de General Electric. Je vérifie une dernière fois la boite mail de la rédaction avant de clore cette journée. Un courrier attire mon attention. Il a été envoyé par Pays de Montbéliard Agglomération en milieu d’après-midi. Il aborde l’adoption d’une motion par le bureau communautaire de l’agglomération montbéliardaise au sujet du départ de PSA, du site d’Hérimoncourt. Cette lecture anodine résonne étrangement à la suite de ce qui s’était noué quelques heures plus tôt à Belfort.
27 kilomètres séparent les deux localités où l’émotion est palpable. Où les élus convoquent le vocabulaire guerrier et appellent au combat. Et pourtant, j’ai eu le sentiment que les deux situations s’ignoraient. Damien Meslot, président du Grand Belfort, a bien notifié, en fin de conseil, que la motion serait adressée à l’ensemble des communes et des intercommunalités du Territoire de Belfort, ou encore au Pôle métropolitain. Mais pourquoi ne pas l’adresser à Pays de Montbéliard Agglomération et au 72 communes qui la composent, au pays d’Héricourt et aux localités de la vallée du Rahin. Inversement, la motion montbéliardaise n’indique pas être transmise au Territoire de Belfort et aux collectivités haut-saônoises. Pourtant, l’avenir de PSA, de General Electric et les projets de diversification envisagés de part et d’autre impliquent l’ensemble du nord Franche-Comté. La venue à Belfort, mardi soir, de Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, ne fait que renforcer cette dimension. Pour une raison : le nord Franche-Comté est le poumon industriel de la région. Adresser ces documents à ses voisins serait un acte aussi fort que celui consistant à décréter l’union sacrée, à l’heure où les deux agglomérations répondent à l’appel à projet de Territoire d’innovation. Ce serait un témoignage que le nord Franche-Comté dessine un avenir commun. L’un avec l’autre.
Cette anecdote tardive fait écho, malgré elle, aux barrières administratives qui ne répondent plus aux enjeux du territoire. Inconsciemment, les frontières semblaient, tout d’un coup, encore beaucoup plus réelles. Mais avant d’être administratives, ces frontières sont mentales. C’était une histoire de motions. Une histoire d’émotions.