Deux jours après la visite de Bruno Le Maire à General Electric, les élus du Grand Belfort ont approuvé une motion de soutien aux salariés et rappelé le contenu des demandes formulées au ministre.
Deux jours après la visite de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, à General Electric, les élus du Grand Belfort ont approuvé une motion de soutien aux salariés et rappelé le contenu des demandes formulées lors de la rencontre. En cours de soirée, l’intersyndicale a aussi mis en ligne une pétition pour « dire stop au massacre ».
Les élus du Grand Belfort ont approuvé, ce mercredi 5 juin, une motion en soutien aux salariés de General Electric à l’occasion du conseil communautaire du Grand Belfort(1). Elle fait suite au plan de suppressions de postes annoncé le mardi 28 mai par le géant américain, prévoyant la disparition de 1 044 postes, dont 991 à Belfort. Sur ces derniers, 792 sont localisés dans l’entité turbines à gaz, GE EPF. Cette entité est celle qu’avait racheté General Electric à Alstom en 1999. Lors du débat, Michel Zumkeller a noté dans la motion présentée aux élus un lapsus. Le document évoque une annonce formulée le 28 avril… et non la date du 28 mai. C’est que tout le monde savait depuis longtemps l’imminence de cette communication, mais qu’elle ne devait pas être faite avant les élections européennes a-t-il souligné, en substances, dénonçant en filigrane un accord entre le gouvernement et l’industriel américain.
Unions et nuances
Malgré cette épée de Damoclès connue qui flottait au-dessus du nord Franche-Comté au sujet de General Electric, « Cette annonce est inacceptable pour notre agglomération et plus largement pour notre territoire », peut-on lire dans la motion. Les élus « refusent le plan de licenciement ». La motion attire l’attention sur l’avenir prometteur du marché des turbines à gaz, malgré un creux ces derniers mois. « L’agence internationale de l’énergie estime que le gaz sera la première source de production en 2040, et que les besoins auront doublé », précise le document, reprenant un argument présenté par l’intersyndicale depuis plusieurs mois. « Le livre blanc produit par GE fin 2018 reprend d’ailleurs ces conclusions », précise également la motion. Cette dernière évoque le risque de perte de savoir-faire et de compétences, « rendant le site de Belfort incapable de répondre avec rapidité et efficacité à une hausse du marché », regrette le document.
La motion dénonce aussi la délocalisation d’une partie de cette activité vers la Hongrie. « Les décisions de l’entreprise ne sont donc pas guidées par des choix industriels mais par des objectifs financiers à court terme », tance la motion avant de se demander s’il n’y pas une volonté délibérée de fermer, à terme, les sites belfortains. Derrière l’union sacrée, Samia Jaber, élue d’opposition à Belfort, a regretté le manque de pression exercée par les élus locaux sur le gouvernement avant les élections européennes. Une sortie qui a déplu à Damien Meslot, président du Grand Belfort : « Votre intervention est déplacée, car nous devons tous être unis. Cette affaire est trop importante pour des dérives politiciennes. »
Bastien Faudot, en s’appuyant sur des bases de calcul de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee), estime que près de 10 000 emplois, directs ou indirects, seront concernés par ce plan et ceux mis en place depuis le mois de janvier par l’entreprise américaine. Le sénateur Cédric Perrin déclarait récemment que pour un emploi direct touché, ce sont trois emplois indirects supprimés. L’élu de gauche rappelle surtout que des brevets stratégiques, liés à la puissance nucléaire française, sont aujourd’hui détenus par General Electric.
Une pétition en ligne de l’intersyndicale
L’intersyndicale CFE-CGC – Sud Industrie – CGT a publié ce mercredi soir une pétition pour dire « stop au massacre de notre industrie par General Electric : 1000 emplois délocalisés hors de Belfort ». L’intersyndicale revient amplement sur ce qui a été fait par General Electric depuis 2015 en France, sur le marché des turbines 60 et 50 hz pour rejeter l’argument du marché. Elle revient finalement sur les engagements pris par General Electric en 2014, en plus des 1 000 emplois, qui n’ont pas été tenus : pérennisation des quartiers généraux européens de GE à Belfort pour les activités turbines à gaz de grande taille à usage industriel de 50 Hz ou encore la localisation d’équipes de direction mondiale en France. Ces engagements étaient valables 10 ans.
- Pétition et explications accessibles sur la plateforme mesopinions.com
La motion évoque finalement la manifestation citoyenne programmée le samedi 22 juin et invite l’ensemble de la population à y participer. Ce rassemblement est soutenu par plusieurs partis politiques, plusieurs syndicats, plusieurs collectivités et institutions. Damien Meslot confirme attendre la venue de nombreux élus du nord Franche-Comté. « Nous n’accepterons pas le démantèlement de notre industrie locale », conclut la motion. Elle a été approuvée à l’unanimité des élus présents, moins une voix.
- Marc Archambault, seul, avait soumis une autre motion. Il y regrette les différentes disparitions depuis Bull et « l’avalement » successif de General Electric. Le titre de la motion « Le crash du système « Techn’Hom » » critique ce qui a été fait pour gérer la désindustrialisation. Il parle de « cataplasme ». Bastien Faudot a houspillé cette « bouillie ». Même Damien Meslot a soutenu l’élu GRS sur ce qu’a permis la mise en place du Techn’Hom et la logique autour de l’immobiliser d’entreprises. La motion a été rejetée, avec 82 voix contre.
Ce que les élus et l’intersyndicale ont sollicité du ministre
- Le reclassement des salariés concernés, notamment dans l’activité nucléaire, chez Alstom transports et dans des sociétés de consultants
- La création d’une activité aéronautique à Belfort
- Le développement de l’activité énergie renouvelable à Belfort
- Le grand carénage des centrales nucléaires
- L’implantation à Belfort de l’institut national de stockage de l’hydrogène (ISTHY)
- La réunion rapide du comité chargé de l’attribution des 50 millions d’euros, présidé par Guy Maugis
- La mise en place d’un comité de suivi du plan, présidé par le ministre de l’Économie et des Finances
- La création de postes d’enseignants-chercheurs à l’UTBM
- La cession à l’euro symbolique des bâtiments inutilisés par General Electric à Tandem.