Gilles Platret, candidat LR, cible avant tout le candidat du RN et dénonce la « prime à l’étiquette » : « Mon projet est local », martèle-t-il
(AFP)
Gilles Platret, candidat LR, cible avant tout le candidat du RN et dénonce la « prime à l’étiquette » : « Mon projet est local », martèle-t-il
Travail, sécurité, identité régionale: sur le marché de Besançon, jeudi matin, le candidat de LR en Bourgogne-Franche-Comté Gilles Platret déroule son très ferme programme “de terrain”, en vilipendant la “démagogie” et le “cynisme” du RN qui caracole en tête des sondages. “On va aider les communes à installer la vidéoprotection!” assure-t-il à une commerçante inquiète de l’insécurité. “Il faut revaloriser le travail!” lance-t-il à un charcutier peinant à trouver un apprenti. Entre une huître et un verre de vin blanc, le contact chaleureux et le verbe facile, il répète que “la fusion a été un échec” entre Bourgogne et Franche-Comté, et promet, s’il est élu, de traiter séparément les deux anciennes régions pour “respecter leur identité”.
Dans cette région où le candidat RN Julien Odoul était récemment donné gagnant dans un sondage en cas de quadrangulaire, le maire du Chalon-sur-Saône reste “confiant”, tant “nos concitoyens sont de plus en plus tardifs pour se décider”.
Marianne, 58 ans, témoigne qu’elle n’a “pas encore arrêté son choix”. Elle qui a déjà voté RN, pourrait-elle choisir Julien Odoul? “Qui?” demande la commerçante, avant d’expliquer: “Je ne connaissais pas son nom. Il faut que je lise les programmes”.
Une prime à l’étiquette qui irrite M. Platret: “Mon projet est local”, martèle-t-il, en vantant les 32 éditions différentes de ses tracts de campagne, conçues “interco par interco” (intercommunalité).
Une manière de marquer sa différence avec un RN à la “démagogie méprisante”, qui “appuie où ça fait mal pour récupérer les gens qui ont souffert”.
Quant à la vidéo où Julien Odoul, enregistré à son insu, ironisait sur le suicide des agriculteurs, elle a “servi de révélateur dans les milieux ruraux”, veut croire l’ancien journaliste de 48 ans.
“Humiliant, blessant”, assure le président de LR Christian Jacob, venu soutenir son candidat pendant deux jours. “Faire un numéro de danseur nu n’est pas ce qu’on attend d’un président de région”, ajoute-t-il, en allusion à une vidéo “de charme” du candidat RN qui a fuité récemment.
Dans l’exploitation céréalière où les deux élus poursuivent leur périple, Laurence, l’épouse de l’exploitant, témoigne de son “dégoût”, après trois suicides dans son entourage. Mais “il n’est pas sûr que cela ait un impact”, ajoute-t-elle.
"Porosité des électorats"
Pourquoi le RN est-t-il si fort ici? “L’immigration”, assure à Besançon Geneviève, septuagénaire venue faire son marché. “Dans les campagnes, il n’y a pas d’étrangers mais les gens, votent RN pour que ça n’arrive pas”, ajoute son mari. “La sécurité et la santé sont deux angles morts de la région. Le Front national (devenu RN) grandit là-dessus”, estime pour sa part M. Platret, en vantant un programme qui “répond à un certain nombre d’anxiétés et de colères”.
Au risque, pour le politologue Claude Patriat, d’une “ambiguïté” faisant qu’“une grande partie de ces électeurs pourrait aller au FN” dans un contexte de “porosité” des électorats.
M. Platret s’agace de la polémique qui a suivi son annonce d’une alliance avec Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan qui avait conclu une alliance avec Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2017: “Ils appartiennent au bloc républicain ; comment peut-on dire que ce sont des fascistes?”
“On a créé un rassemblement large de toute la droite”, ajoute le maire de Chalon-sur-Saône, qui avait défrayé la chronique en faisant voter en 2015 la suppression des menus sans porc dans les cantines de sa commune.
“J’ai fait passer le RN de 10% à 3%” au cours du mandat, avec “les plus forts scores dans les quartiers populaires”, rappelle le responsable de LR dont il est l’un des huit vice-présidents. “LR a aussi misé sur ce profil-là ; c’est de nature à apporter des solutions”.
Crédité de 21% des voix au premier tour (contre 28% à 30% à M. Odoul, et entre 18 et 21% à la sortante socialiste Marie-Guite Dufay, M. Platret juge “pas complètement impossible” d’avoir une triangulaire au deuxième tour, avec un retrait de la liste LREM. Mais il l’assure: “ma liste du premier sera celle du second”.