Didier Klein insiste sur l’importance de conserver les compétences liées aux turbines à gaz, mais surtout de trouver un moyen de garder cette activité dans le nord Franche-Comté.
Didier Klein, maire de Taillecourt, vice-président en charge du développement économique à Pays de Montbéliard Agglomération, est aussi le référent « élu » pour le label Territoire d’Industrie, au Pôle métropolitain. Il insiste sur l’importance de conserver les compétences liées aux turbines à gaz, mais surtout de trouver un moyen de garder cette activité dans le nord Franche-Comté.
Que peut apporter le label Territoire d’industrie, obtenu par le nord Franche-Comté, dans le dossier General Electric ?
Territoire d’industrie est une reconnaissance de notre territoire, celui du Pôle métropolitain, comme un territoire industriel. Que peut-il amener dans le dossier General Electric ? Des réunions avec les différents porteurs de projets, qui peuvent peut-être aider, à un moment ou à un autre, s’il y avait à reprendre du personnel ou à trouver de nouvelles destinations pour l’industrie autour de Belfort. Aujourd’hui, Territoire d’industrie se met en place. Il est un peu pauvre en ressources humaines ou techniques.
La fabrication de turbines à gaz fait-elle partie de l’ADN industriel du nord Franche-Comté ?
Tout ce qui est la partie énergie, turbines, soudures sur de grosses pièces est vraiment l’ADN du nord Franche-Comté. Cela fait vraiment partie de notre territoire d’industrie.
Ce serait une grosse perte de perdre ces compétences…
On n’imagine pas tout ce qui a été fait depuis de nombreuses années autour des turbines : les calculs de dimensionnement ; les échanges thermiques ; l’utilisation du gaz comme combustible, ce qui est très récent. C’est un domaine d’avenir. Si nous faisons du biométhane par exemple, il faut des turbines à gaz. Il y a un savoir-faire local sur ces domaines.
Ces savoir-faire pourraient-être utilisés dans d’autres domaines de ce territoire industriel ?
À mon sens, il faut réfléchir à comment garder une part d’activité dans les turbines à gaz. Je défendrais vraiment cette idée. Peut-être devrons-nous créer une entreprise spécifique de la turbine à gaz, aidée par tous les membres de Territoire d’industrie pour garder cette activité et la recherche autour de cette activité.
On craint la perte sèche de 792 emplois dans la filière turbines à gaz de General Electric. Les employés peuvent-ils retrouver des emplois dans le nord Franche-Comté, avec leurs compétences ? A-t-on des entreprises qui recherchent ces compétences ?
Dans le domaine des turbines à gaz, non. Aujourd’hui, ces turbines étaient soudées, montées, au sein de General Electric. Autour, on a un certain nombre de sous-traitants préparant les pièces pour ces grandes machines. Le combat de tout le monde aujourd’hui, c’est de garder cette activité, car sinon on perdra la compétence pour le nord Franche-Comté, même si on arrive à replacer les salariés. On évoque de nouvelles techniques ou de nouvelles implantations, mais cela demande un ou deux ans pour s’implanter. Une usine, on ne la fabrique pas tout de suite. Il faut réussir à trouver comment conserver le savoir-faire des turbines à gaz sur le territoire ; c’est quelque chose d’important.
Quelle est la vision de ce Territoire d’industrie ?
Dans Territoire d’industrie, nous réfléchissons autour du compactage d’usine, de l’optimisation de la production ou encore de la prise en compte de l’homme pour améliorer ses conditions de travail. Mais il faut qu’il y ait de l’industrie au cœur, sinon nous allons beaucoup souffrir. Battons-nous pour conserver ce savoir-faire. Bien sûr, au début, l’activité sera réduite car il n’y aura plus de grandes commandes de turbines à gaz car sinon General Electric aurait conservé son activité. Mais nous pourrions faire évoluer et travailler sur des plus petites turbines à gaz, ou réfléchir sur d’autres utilisations des turbines, autour de l’hydrogène par exemple, un domaine que nous travaillons beaucoup dans Territoire d’industrie.