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Dans la matinée, la séance a été brièvement interrompue quand des conseillers RN ont tenu à bout de bras des affiches avec le message “Violeurs étrangers dehors” en soutien à des militantes d’un collectif “féministe identitaire” de Besançon. “Il faut arrêter avec ces amalgames nauséabonds. Les affiches qui ont été brandies et les propos répétés associant immigrés et viols sont intolérables en tous lieux et encore plus dans une enceinte républicaine”, a déclaré solennellement la présidente Marie-Guite Dufay.
“J’ai donc décidé de saisir le procureur de la République (…) J’ai également l’intention de déposer plainte pour incitation à la haine”, a souligné l’élue avant la pause méridienne. Deux militantes du collectif Némésis avaient brandi le même message lors du carnaval de Besançon dimanche, ce qui avait entraîné un dépôt de plainte de la maire écologiste de la ville, Anne Vignot. L’une d’elles, âgée de 19 ans, a été placée en garde à vue mardi pendant quelques heures, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour “provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou d’une prétendue race”. Lors de la session du conseil régional, le président de groupe RN Julien Odoul, par ailleurs député et porte-parole du parti, a adressé son soutien à ces femmes au nom, selon lui, de la “liberté d’expression”.
C’est à ce moment que les conseillers RN ont brandi leurs pancartes, selon la vidéotransmission de l’assemblée. Plus tard, Mme Dufay a dénoncé dans un communiqué l’usage par un de ces élus d’une “expression empruntée au vocabulaire nazi”, le mot “Untermensch”, “sous-homme” en allemand, au sein de l’hémicycle. Dans un communiqué dans la soirée, l’élu RN Thomas Lutz a reconnu avoir prononcé ce mot, regrettant une utilisation “inadéquate, inappropriée et très malheureuse” afin de “qualifier le statut des élus de l’opposition”. “Il est bien évident qu’à aucun moment je n’ai voulu faire un parallèle avec le martyr du peuple juif”, a-t-il ajouté.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a par ailleurs reproché au collectif Némésis d’avoir copié sur le site de l’Est Républicain une photo et une vidéo de leur action prise par deux journalistes du quotidien et de les avoir “publiées sur ses supports numériques”, sans les créditer et “sans la moindre autorisation”. “Il s’agit là d’une infraction caractérisée au respect des droits d’auteur, dans le but de servir une idéologie puante”, a fustigé le syndicat. L’Est Républicain a indiqué que “des procédures ont été engagées” en ce sens.