Si la droite est en ballotage favorable dans cette élection départementale, les jeux ne sont pas faits et la gauche pourrait jouer les trouble-fêtes. Un canton cristallise tension et attention, celui de Valdoie. Où les rancœurs personnelles s’invitent et pourraient favoriser les candidats de la gauche.
Éva Chibane
Si la droite est en ballotage favorable dans cette élection départementale (notre analyse), les jeux ne sont pas faits et la gauche pourrait jouer les trouble-fêtes. Un canton cristallise tension et attention, celui de Valdoie. Où les rancœurs personnelles s’invitent et pourraient favoriser les candidats de la gauche.– mis à jour le 25 juin à 13h35.
Lors du premier tour des élections départementales, la droite est arrivée largement en tête. Si les situations sont plutôt nettes à Belfort 1 et Granvillars, favorables à la gauche, ainsi que dans les cantons de Delle, Giromagny et Belfort 2, favorables à la droite, elle n’est pas très claire à Belfort 3, Bavilliers et Valdoie.
Des trois cantons indécis, celui de Valdoie est pourtant celui où la différence de voix entre la droite et la gauche est la plus marquée au soir du 1er tour. Le duo Pierre Carles – Marie-France Cefis (Divers droite, soutenu par Les Républicains) a recueilli 1 506 voix contre 1 177 voix pour le duo divers gauche Vincent Jeudy et Corinne Laroche. Soit 329 voix d’écart, quand il n’y en a que 42 dans le canton de Bavilliers.
Mais le troisième binôme, estampillé La République en Marche et éliminé au 1er tour, s’invite à la fête. Si, dans le canton de Belfort 3, le MoDem appelle à voter « contre » le binôme Les Républicains (notre article), les candidats de la majorité présidentielle appellent à voter pour le binôme de gauche. Différence subtile, mais dans le preier cas, il n’y a pas de consigne de vote, dans le second, si. « Nous soutenons sans réserve la liste divers gauche menée par Vincent Jeudy et Corinne Laroche », écrivent les candidats LREM Michel Murarotto et Michèle Telli dans un communiqué de presse rédigé mardi. Et d’expliquer : « Pendant cette campagne, nous avons remarqué que le programme et les idées soutenues par le binôme Jeudy/Laroche se rapprochent des nôtres sur de nombreux points, note le binôme. Et de poursuivre : Nous estimons que les candidats Carles/Céfis n’honorent pas la politique : Pierre Carles a récemment été condamné et Madame Céfis vient de se faire radier des listes électorales de sa propre commune. »
Depuis lundi, l’entre-deux tour se joue sur air accusateur. Si les candidats s’en donnent à cœur joie, le député UDI Michel Zumkeller n’est pas en reste, distribuant dans la cité des tracts visant Marie-France Cefis ; La dernière nommée a battu il y a un an aux municipales la liste sur laquelle était présent Michel Zumkeller. Depuis, la tension ne redescend pas entre les deux, tout en sachant que Marie-France Cefis est la suppléante du député Michel Zumkeller… Ambiance.
Rancune et accusations
Sur un tract diffusé par l’UDI 90, on reproche à Marie-France Cefis d’avoir donné de faux papiers pour être inscrite sur les listes électorales, alors qu’elle ne détiendrait « aucun lien avec la commune hormis l’acquisition d’un bâtiment inoccupé à Valdoie par le biais d’une SCI créée à l’automne 2020. » En gras, au centre du tract est écrit : « Voilà plus d’un an que le député dénonce les manigances et les malversations de MF. Cefis. Elles sont aujourd’hui révélées au grand jour ». Elle a en effet été radiée des listes électorales quelques semaines avant le scrutin.
Sur le verso du document, Marie-France Cefis est attaquée sur ses cumuls de mandat : maire de Valdoie, vice-présidente du Grand Belfort, vice-présidente du Département, membre du CA de Territoire Habitat, vice-présidente de la mission locale, ainsi que membre de l’AVO (association du Val D’Oye), et du service départemental d’incendie et de secours (Sdis). « Madame Cefis cumule, sans aucun scrupule, les postes et les indemnités d’élue », peut-on lire en tête de tract. Pour les trois premiers postes, le tract avance un cumul d’indemnités de 6 134 euros. “Je ne suis pas opposé à Marie-France Cefis parce qu’elle est LR (Les Républicains, NDLR), mais parce qu’il faut de vrais élus. Ce n’est pas un combat politique”, explique Michel Zumkeller, député UDI du Territoire de Belfort. Et d’ajouter, d’un ton cinglant: “Elle n’a pas les compétences.” De son côté, Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort, estime que le député joue « le 3e tour des municipales ».
Contacté, Vincent Jeudy dénonce une « attaque directe et frontale de la part de M. Zumkeller ». « Moi, ce n’est pas du tout la campagne que je veux faire, insiste-t-il. Même si Madame Cefis nous met dans le même paquet, on ne fait pas ça. » Et sur le soutien de La République en Marche, il précise : « LREM nous soutient. Tant mieux, mais je ne suis pas du côté du président. Ce n’est pas pour rien que M.G Dufay a refusé une alliance avec M. Thuriot (LREM) ».
Marie-France Cefis a tenu à répondre à ces tracts, mais à contrecœur. « Je ne voulais pas répondre à ces attaques. Mais je me sens obligée de répondre, pour les Valdoyens », confie-t-elle, par téléphone. « Quant [à l’inscription sur les listes électorales], je vais acquérir un nouveau bien bientôt. Et à propos du cumul, c’est l’intérêt d’un maire de pouvoir avoir un pied partout pour trouver des subventions, pour défendre les intérêts de la commune », se justifie-t-elle. La maire dénonce également une « violence inégalable » de la part de son ancien collègue, Michel Zumkeller : « Je ne me permets pas de parler de Michel Zumkeller. J’espère que les Valdoyens verront clair malgré tout cela. J’ai toujours œuvré pour le bien d’autrui, et maintenant on m’accuse de malversations. » Depuis un an, la tension ne retombe pas à Valdoie. L’ambiance est électrique. Et le canton sous tension. À qui cela va-t-il profiter ? Réponse dimanche.