Olivier Becht, ministre chargé du Commerce extérieur, s’est rendu à Belfort ce vendredi 21 avril. Il a visité le site industriel d’Alstom, dans deux cadres : le rayonnement d’Alstom à l’international, et les financements du plan France 2030 apportés à l’industrie dans le cadre de sa transition énergétique. Lors de la visite du site, il a pu rencontrer de nombreux salariés et personnels en formation qui lui ont expliqué le fonctionnement du TGV M, des nouvelles locomotives hydrogène ou encore des rames de tramway.
100 milliards d’euros pour le rail
Lors d’une prise de parole, il a assuré être confiant en la pérennité du site, qui rencontrait pourtant des difficultés l’an passé notamment avec la perte d’un contrat d’une centaine de locomotives pour l’Ukraine (lire notre article). « Aujourd’hui, Alstom exporte 45 % de sa production, que ce soit dans le domaine du TGV, de la locomotive ou de véhicules à hydrogène. Il y a aussi les marchés sur la rénovation des rames de tramway, qui sont à l’export à Sydney, Hanoï. Demain, à Abidjan.»
Pour le ministre chargé du Commerce extérieur, le site a toutes les raisons d’être confiant jusqu’en 2030, au moins. « Avant moi, de nombreux ministres sont venus dans des périodes plus compliquées. Aujourd’hui, je suis heureux d’être là dans des conditions où les carnets de commandes sont pleins.»
Olivier Becht, originaire de Mulhouse, rapporte qu’Alstom est une « fierté industrielle, une fierté pour la France.» Il évoque le plan 2030, qui doit permettre à Alstom de continuer à innover, notamment sur la question du train à hydrogène. « Il y aussi 100 milliards d’euros investis par le gouvernement dans le rail, ce qui va donner un nouvel avenir ferroviaire », relate-t-il.

Réindustrialisation
Dans un communiqué distribué en amont de la visite du ministre, la CGT Alstom évoque : « Différents moyens doivent être mis à disposition pour développer et réindustrialiser le site.» Le syndicat évoque aussi qu’avec l’urgence environnementale, les moyens sont d’autant plus nécessaires. « Il est urgent de repenser nos fabrications ». Des points qui ont pu être abordés au terme de la visite, car le ministre était reçu par les syndicats. « L’entretien devait durer vingt minutes. Le ministre est finalement resté plus d’une heure », explique André Fage, délégué syndical CFE-CGC. À l’ordre du jour : réindustrialisation et relocalisation. « Nous avons essayé de lui faire passer des messages.»
Si le ministre a vanté l’usine pour sa haute technicité, les syndicats lui ont rappelé qu’elle subissait, malgré un carnet de commandes plein, des pertes de compétences importantes. « Certes, le plan de charge est rempli. Mais nous avons de grosses inquiétudes », note André Fage. Il évoque le manque de personnes qualifiées en soudures, en chaudronnerie, en production technique. « Nous allons avoir du mal à réindustrialiser, alors qu’il n’y a plus personne dans certains domaines », pointe–t-il par téléphone. Des arguments que le ministre n’a pas niés, explique le délégué syndical. « Nous sommes tous d’accord là-dessus.» Par téléphone, Eddy Cardot, délégué syndical de la CGT, raconte : « Il faut préparer l’avenir et ça s’anticipe. Pour la perte des compétences, le ministre nous a parlé du développement de l’apprentissage. En quelque sorte, on revient en arrière, c’est ce qui se faisait déjà avant.»
L’échange avec les syndicats a aussi porté sur la difficulté de relocaliser l’industrie. « Alstom affiche clairement qu’elle souhaite passer à 60% sa fabrication dans des pays à bas coût. Aujourd’hui, les patrons de l’industrie sont dans les mains des financiers et pas autre chose.» Pour le ministre, cette question doit être débattue pour convaincre les gros industriels de ne pas aller à l’étranger, relate André Fage. « Il nous a expliqué que selon lui, les produits à haute valeur ajoutée, comme ceux que produisent Alstom, devaient être relocalisés. Et que nous avons des arguments pour être compétitif.» Il rit quelque peu de cet échange. « C’était intéressant. Mais bon, en terme d’application, c’est un peu la méthode Coué.»
Concert de casseroles pour l’accueil du ministre
Comme jeudi 20 avril pour la venue de Sébastien Lecornu, ministre des Armées (lire notre article), plusieurs manifestants ont souhaité accueillir le ministre délégué en musique pour dénoncer la réforme des retraites. Ils se sont fait entendre, au rythme des casseroles, des poêles et divers sifflets. Ils étaient environ une soixantaine entre 13 et 14h devant l’entrée des Trois chênes, mais n’ont pas pu croiser le ministre, qui est arrivé par une autre entrée, celle de La découverte.
Thomas, représentant syndical de la CGT, travaillant à Alstom, expose : « Ce ministre représente le gouvernement. Un gouvernement qui a fait passer une réforme sans le consentement du peuple. Désormais, chaque endroit où le gouvernement ira en France, les militants seront là pour les accueillir. Nous ne lâcherons rien contre la réforme des retraites.» Certains sont restés jusqu’à la fin d’après-midi, afin croiser le ministre à la sortie, pour exprimer leur mécontentement. « Nous n’étions plus qu’une quinzaine, mais nous avons été bien bruyants », raconte une militante présente. « L’intersyndicale reste déterminée à continuer avec le monde du travail, les jeunes et la population, le combat jusqu’au retrait de cette loi », est-il écrit dans un communiqué distribué lors du rassemblement.