Prime à la transition, 1 000 euros pour une électrique d’occasion, et 100 000 bornes de recharge sur le territoire : le ministère de la Transition écologique a donné lundi un coup d’accélérateur au marché des voitures électriques.
Par Taimaz Szirniks et Mehdi Cherifia – AFP
Prime à la transition, 1 000 euros pour une électrique d’occasion, et 100 000 bornes de recharge sur le territoire : le ministère de la Transition écologique a donné lundi un coup d’accélérateur au marché des voitures électriques.
“Pour accélérer le passage à l’électrique, nous allons jouer sur deux leviers : faciliter l’acquisition d’un véhicule électrique, et faciliter son utilisation”, a résumé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili lors d’une conférence de presse. Une aide de 1 000 euros va être créée pour l’achat d’un véhicule électrique d’occasion, une catégorie jusqu’ici exclue du bonus écologique, a annoncé de son côté le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
Ce coup de pouce, accessible sans conditions de ressources, doit “permettre aux ménages les moins aisés d’avoir accès à l’électrique”, a déclaré le ministre. “Les constructeurs ont aujourd’hui des offres performantes, qui commencent à être abordables”, a-t-il souligné. Citroën, Renault, Volkswagen, Nissan ou encore Tesla étaient venus présenter leurs derniers modèles électriques au ministère. Un dispositif de microcrédit, bénéficiant de la garantie de l’État, doit aussi être déployé pour “financer les quelques milliers d’euros qui étaient jusqu’ici un obstacle à l’achat” pour les ménages les plus modestes, a ajouté M. Djebbari.
Pour les véhicules électriques neufs, le gouvernement avait déjà annoncé fin septembre qu’il allait raboter de 1 000 euros la prime à l’achat à partir du 1er janvier 2021, pour la faire passer à 6 000 euros. Un surbonus de 1 000 euros sera toutefois créé dans les départements d’outre-mer pour compenser le prix plus élevé des véhicules électriques par rapport à la métropole. La prime à la conversion restera pour sa part inchangée à 5 000 euros, sous conditions de ressources, pour un véhicule électrique, a de son côté souligné Barbara Pompili. Cependant, les acheteurs ne pourront plus choisir un véhicule diesel.
“Mon sujet c’est de réduire les émissions de CO2”, a nuancé sa collègue à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher sur LCP, estimant que “les modes de transport doivent être adaptés au lieu de vie” et que notamment, “dans la campagne, un moteur diesel émet moins de CO2 et moins de particules qu’un moteur essence”. “C’est un point que nous allons discuter avec Barbara Pompili”, a-t-elle ajouté, rappelant aussi que le diesel représentait “35 000 emplois industriels”.
La prime à la conversion sera également ouverte au “rétrofit”, qui consiste à extraire le moteur thermique d’une voiture d’occasion pour en installer un autre électrique.
Contre la peur de la panne des véhicules électriques
Les ventes de véhicules électriques ont explosé en 2020 : plus de 70 000 véhicules électriques ont été vendus depuis le début de l’année, contre 30 000 sur la même période en 2019 (+ 132 %), ainsi que plus de 40 284 hybrides rechargeables (+ 239 %). Pour multiplier l’utilisation de ces nouveaux véhicules, le gouvernement combat également la peur de la panne : il tente d’accélérer le déploiement de bornes de recharge sur tout le territoire, avec un objectif fixé à 100 000 points de recharge ouverts au public d’ici la fin 2021.
L’idée, selon M. Djebbari, est d’installer “plus de bornes, et de meilleure qualité” sur tout le territoire, et de “grands corridors” bien équipés au niveau européen, en lien avec l’Allemagne et les Pays-Bas notamment. Plusieurs acteurs de la mobilité ont signé lundi une charte les engageant dans cet “Objectif 100 000 bornes”.
Les groupes de grande distribution, grands vendeurs de carburants, se sont engagés à multiplier les bornes sur leurs parkings, comme Leclerc (5 000 bornes d’ici fin 2022), Lidl, Casino et Système U. Total, Engie et la filiale d’EDF Izivia se sont également engagées sur des objectifs chiffrés. Les sociétés d’autoroutes ont aussi signé la charte, pointant cependant une “absence de modèle économique” pour les opérateurs de bornes sur autoroute, tant que les automobilistes n’utiliseront pas l’électrique pour leurs longs trajets.
Le président de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier (LR), a lui annoncé le déploiement de 5 000 bornes, avec 5 000 euros donnés à chaque commune par borne installée. L’idée est aussi d’augmenter la puissance des bornes: le dispositif Advenir, qui aide les collectivités territoriales et copropriétés désireuses de s’équiper, passe de 2 000 à 9 000 maximum en fonction de la qualité de la borne, avec également un système d’avance remboursable pour les copropriétés, a annoncé M. Djebbari.