Le 9 décembre 2018, en grandes pompes, les autorités françaises et suisses se félicitaient de la réouverture de la ligne ferroviaire entre Belfort et Delle. Une ligne de 22 kilomètres. Le trafic voyageur avait été arrêté en 1992. Le trafic de marchandises s’est maintenu entre Belfort et Bourogne, pour l’usine d’incinération, jusqu’en 2007. 110 millions d’euros ont été injectés pour la rouvrir et l’électrifier.
Depuis plusieurs mois, ce n’est pas un train électrique qui assure pourtant la desserte. Le ronronnement du moteur diesel des motrices X73500, particulièrement au démarrage en quittant les quais de la gare de Danjoutin, a le don d’exaspérer des riverains. Et les élus.
Du diesel… écologique !
« J’ai décidé de dénoncer un scandale ! » Dans son bureau qui fait face au fronton de l’église Saint-Just, au premier étage de la mairie de Danjoutin, le maire écologiste Emmanuel Formet ne décolère pas. Depuis un an, il sollicite SNCF Voyageur, qui exploite la ligne, et le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, en charge du réseau TER, pour comprendre ce choix. Et les courriers de réponse à ses demandes, que Le Trois a pu consulter, sont loin de le satisfaire. « C’est très limite », déplore-t-il.
« On me répond que les motrices électriques sont en maintenance, sans me donner plus d’informations », regrette-t-il. Dans son courrier, le directeur de la communication de SNCF Voyageurs Bourgogne-Franche-Comté avance même un argument écologique… « En termes de bilan carbone, les trajets sont courts donc peu de gaz à effet de serre, ce qui représente un avantage environnemental non négligeable », écrit-il. « Ça m’a fait bondir ! avoue Emmanuel Formet. Écrire ce genre de choses en 2025 est inadmissible. »
Si SNCF Voyageurs justifie l’absence des trains par une opération de maintenance, la structure indique aussi que ce train diesel doit circuler pendant « plusieurs années ». L’édile s’étonne du temps de maintenance nécessaire pour un train… Il déplore aussi que le train ne soit pas accessible aux personnes en fauteuil (notre article). Elles doivent appeler un numéro d’assistance pour obtenir un taxi, indique une pancarte sur le quai. Le maire d’ajouter : « Et ils me disent que le train a été bien étudié pour garantir le confort et la sécurité des passagers… »

Retour des trains en 2026
Loin d’être satisfait, Emmanuel Formet sollicite alors le conseil régional, en écrivant directement à Michel Neugnot, 1er vice-président en charge des mobilités. Il fait part de son étonnement quant aux réponses de SNCF Voyageurs. La réponse est, pour le moins, lacunaire… « Cette situation est certes durable, mais non définitive », écrit Michel Neugnot pour évoquer le temps d’immobilisation des rames électriques, sans donner plus de précisions. La présence des rames thermiques est justifiée « en raison d’une tension liée au parc de matériel roulant partiellement immobilisé pour des opérations de révision ». « Je trouve son courrier très méprisant », souffle Emmanuel Formet.
Sollicité par téléphone, Michel Neugnot a été plus loquace que dans son courrier. « Il y en a pour trois ans. Nous sommes à la mi-temps. Normalement, cela se terminera en décembre 2026 », dévoile-t-il. Les rames subissent « une grande modernisation et un coup de jeune », confie-t-il. Les organes principaux sont revus et changés, on remplace les sièges, la climatisation, on installe des prises de recharge liste l’élu régional. « Une rénovation de ce type ne se fait pas en un mois ! »
Les rames sont renouvelées par tranche de cinq trains. Des cinq dessertes concernées par la maintenance d’un train, c’est la plus courte. C’est pour cela qu’elle a été privilégiée pour avoir un train diesel. « Quand il manque 5 trains pour faire la rotation du matériel, autant [mettre le train diesel] sur la distance la plus courte possible, pour polluer le moins possible. » Il est n’est pas certain que cela convainc les riverains.