Jade Belleville
Notre dossier de la semaine
Dans quelques jours, la saison estivale sera lancée. Le nord Franche-Comté va devoir faire face à de nombreux défis afin de garantir une saison en toute sécurité pour les baigneurs.
Article 1 : Nord Franche-Comté : l’inquiétude face à la pénurie de surveillants de baignade
Article 2 : Lutter contre les cyanobactéries, l’autre défi des baignades du nord Franche-Comté
Article 3 : Les risques de noyade chez les enfants (parution vendredi)
Article 4 : Carte des zones de baignade dans le nord Franche-Comté (parution samedi)
En 2022, à l’étang du Paquis à Brognard la baignade avait dû être interdite sur le site durant quelques semaines à cause de la prolifération de cyanobactéries. En 2023, la baignade avait été interdite au Malsaucy, pour la même raison (lire notre article). Le site avait fermé ses portes fin juillet à quelques jours de la fin de la saison estivale. Ce constat illustre un phénomène plus global. Ces dernières années, à cause du réchauffement climatique, la prolifération de ses cyanobactéries s’est accentuée.
Des surveillances sanitaires sont menées sur la qualité des eaux des sites de baignade pour mesurer cette concentration. « Durant la période estivale, la surveillance se fait toutes les semaines », indique Simon Bellec, responsable de l’unité territoriale interdépartementale santé environnement de l’agence régionale de santé (ARS) nord Franche-Comté. Les cyanobactéries sont des micro-organismes naturellement présents dans les plans d’eau. « Elles étaient à l’origine de la vie sur Terre », explique Simon Bellec. Elles se développent dans les milieux aquatiques comme les lacs ou les étangs. « Des centaines d’espèces de cyanobactéries existent, mais certaines d’entre elles peuvent générer des maladies », précise-t-il. Cette espèce en particulier est la cyanobactérie toxinogène. Pour les baigneurs, le contact avec cette bactérie peut engendrer plusieurs conséquences négatives comme des irritations cutanées, des vomissements ou des maux de ventre. Ces micro-organismes représentent également un danger pour les mammifères comme les animaux de compagnie (lire article).
Inquiétude mesurée pour 2024
Plusieurs conditions favorisent la prolifération des cyanobactéries. : « Il faut de l’ensoleillement, des nutriments comme de l’azote et du phosphore ainsi qu’une faible profondeur de l’eau », liste Simon Bellec. Pour que les cyanobactéries ne se propagent pas, il faut limiter l’un de ces éléments. « A partir du moment où vous limitez la présence de nutriments dans l’eau, vous limitez la capacité de développement », fait savoir Simon Bellec. Pour cela, il faut éviter, par exemple, de juxtaposer les activités de pêche qui peuvent favoriser le développement. On peut également faire la vidange des étangs « pour qu’une minéralisation s’opère ». Cela a été le cas en 2022 pour le site du Malsaucy (lire notre article).
Même si Simon Bellec ne s’avance pas sur la période à venir, il se veut rassurant. Avec le printemps pluvieux, ainsi que des bons résultats d’analyse des cyanobactéries à Brognard et au Malsaucy, les micro-organismes ne devraient pas perturber la baignade cet été.
Si les gestionnaires de baignade et l’ARS ont un doute sur la présence de cyanobactéries toxinogènes, les sites seront toutefois fermés. La concentration trop forte de cyanobactéries dans l’eau peut être observée à l’œil nu. Un site de baignade touché peut se retrouver avec une accumulation d’algues, une odeur nauséabonde se dégageant du plan d’eau, ou encore le changement de couleurs de l’eau. Si l’on constate cette présence, l’ARS fait plusieurs prélèvements et recherche la présence des cyanobactéries toxinogènes. « On fait une étude quantitative et qualitative », précise Simon Bellec. L’ARS surveille le taux de cyanobactéries dans l’eau puis détermine si ces dernières sont productrices de toxines.
« C’est un enjeu sanitaire et social », replace, finalement, Simon Bellec. « Les sites de Brognard et Malsaucy accueillent des milliers de personnes. Ce sont des pôles importants d’activités », termine l’expert. Avec des étés de plus en plus chauds, pour garantir l’accessibilité aux zones de baignade, les gestionnaires réfléchissent à de nouvelles solutions comme des piscines naturelles (lire notre article).