Article rédigé par Atmo BFC, association en charge de la qualité de l’air – PARTENARIAT
Modes « doux », « actifs », « alternatifs » ou « durables » : de quoi parle-t-on ? Marche à pied, vélo, trottinette… Tous sont qualifiés de « modes doux » : ils ne dégradent ni la qualité de l’air, ni la santé publique. Leur point commun ? Ils reposent essentiellement sur l’énergie humaine : on parle aussi de « mobilités actives ».
Puisqu’ils n’utilisent pas d’énergies fossiles, de plus en plus de collectivités et territoires les encouragent, en développant des parkings à vélo, de nouvelles pistes cyclables, des évènements festifs dédiés…
En moyenne, ces modes doux permettent de se déplacer entre 6 à 20 km/h. Qu’il s’agisse de déplacements de loisirs, professionnels ou de nécessité, il y en a pour tous les goûts ! Tricycle, bicyclette, trottinette, skateboard, rollers, segway, […] tous s’adaptent à un public et à un trajet particulier.
Et pour mieux planifier les déplacements en fonction de la qualité de l’air, Atmo BFC met gratuitement à disposition l’application Air to Go (lire ici), qui indique l’état de la qualité de l’air tout au long de l’itinéraire de ses utilisateurs.
De précieux alliés pour l’air et le climat
Se déplacer à vélo ou à pied, c’est entretenir sa santé, s’oxygéner, évacuer son stress… mais aussi agir pour la qualité de l’air.
Le trafic routier est responsable à lui seul de près de la moitié des émissions d’oxydes d’azote (NOx), avec 46% des émissions en Bourgogne-Franche-Comté. Concernant les particules fines (PM10 et PM2,5), il contribue 19 et 17% des émissions. (source : Opteer, année de référence 2022)
Cette source de pollution n’est pas anodine mais elle peut être contrée. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de collectivités et politiques publiques mettent en place des actions pour encourager et faciliter le recours aux modes de déplacement alternatifs
- Événements (fête du vélo à Nevers, Vélotour à Dijon, journées du vélo à Tournus, Fête des Voies Vertes à Joigny, Bletterans ou encore Sennecey-le-Grand, journée mondiale du vélo…)
- Aménagements cyclables
- Vélos en libre-service…
La Bourgogne-Franche-Comté est même traversée par l’EuroVéloroute 6, aussi appelée « Route des fleuves » ! Elle relie l’Atlantique à la mer Noire sur 4 450 km (de Nantes à Constanta, en Roumanie)… une piste agréable et accessible à tous.
En plus de la pollution de l’air, nos déplacements émettent aussi des gaz à effet de serre, notamment du dioxyde de carbone (CO₂). Dans notre région, le secteur des transports représente près de 39 % des émissions de CO₂e.
A titre de comparaison, sur un trajet de 10 km, les quantités équivalentes de CO2 émises diffèrent selon le mode de transport utilisé :
- Vélo : 0 kgCO₂e
- Scooter ou moto légère : 0,62 kgCO₂e
- Bus : 1,03 kgCO₂e
- Moto : 1,68 kgCO₂e
- Voiture : 1,93 kgCO₂e
(Source : calculateur de l’ADEME « Mon Impact Transport », en équivalent CO2 par personne en France. Sont incluses les émissions directes, et la production et distribution de carburant et d’électricité. La construction des véhicules (voiture, vélo, batterie, train, avion…) et des infrastructures (routes, rails, aéroports…) n’est pas incluse.)
Tous exposés à la pollution… mais pas de la même façon
On pourrait penser que l’automobiliste, à l’abri dans l’habitacle douillet de son véhicule, respire moins de pollution que les cyclistes ou les piétons. C’est une idée reçue ! En effet, au cœur d’une source de pollution, les polluants ont tendance à s’accumuler dans l’habitacle de la voiture, tandis qu’à pieds ou à vélo, cet effet de confinement n’existe pas et il reste possible de s’éloigner plus ou moins des flux de circulation. L’air extérieur, sans cesse renouvelé, est donc moins chargé en polluants atmosphériques pour un cycliste et pour un piéton.
D’après plusieurs études régionales :
- D’après nos confrères d’Occitanie, les « concentrations en dioxyde d’azote mesurées dans les habitacles des voitures sont supérieures à celles observées par les sites de mesures installés à proximité d’axes routiers »
- D’après nos confères d’AirParif, en Île-de-France : « le piéton est deux à cinq fois moins exposé que l’automobiliste à la pollution. Le vélo va se situer entre les deux, et plus il prendra des voies avec aménagements, plus il se rapprochera de l’exposition du piéton »
Cependant, un cycliste ou un jogger en plein effort ayant besoin d’aspirer plus d’air qu’un automobiliste assis dans sa voiture, il est difficile d’extrapoler directement l’exposition à la pollution en voiture, en vélo ou à pieds aux risques pour la santé. Une étude de l’Inserm, publiée dans la revue scientifique Environment International en janvier 2022, a notamment montré que les cyclistes et piétons sont certes exposés à des concentrations moins importantes de carbone suie (polluant de la famille des particules fines) mais qu’ils en inhalent en plus grande quantité. Selon les chercheurs, cela est dû au fait que sur un vélo ou à pied, l’activité physique est plus importante qu’à moto ou en voiture, ce qui entraîne une augmentation de la ventilation, donc l’inhalation de plus de polluants.
Les bienfaits de l’activité physique l’emportent
Particules, oxydes d’azote, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), Composés Organiques Volatils (COV), monoxyde de carbone,… La présence de ces composés dans l’air que nous respirons peut provoquer des effets plus ou moins délétères sur la santé : maux de tête, irritation des muqueuses ou des voies respiratoires, difficultés à respirer, toux, bronchite, asthme, allergies, cancer du poumon, accident vasculaire cérébral, accident cardiovasculaire…
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution aux particules fines réduit l’espérance de vie de 8 à 10 mois en Europe.
Pour autant, l’activité physique reste largement bénéfique, même en milieu pollué : elle protège contre les maladies chroniques, le cancer, le vieillissement prématuré ou encore les troubles neurodégénératifs.
Selon une majorité de spécialistes, l’inactivité physique est plus néfaste pour la santé que de faire du sport en milieu pollué. En cas de pic de pollution, il est conseillé d’adapter ses horaires de sortie plutôt que d’arrêter toute activité physique.
Mai à vélo : un mois pour changer ses habitudes
Chaque année en mai, les équipes d’Atmo BFC et leurs homologues des autres régions participent au défi « Mai à vélo ».
Soutenu par les Ministères de la Transition écologique et de l’Aménagement du Territoire, cet événement invite entreprises, collectivités, associations ou encore établissements scolaires à promouvoir le vélo sous toutes ses formes, avec des animations sportives, ludiques et pédagogiques.
Une belle occasion d’essayer… et d’adopter le vélo pour la vie !
Les bons gestes
- Concernant les modes doux en général :
- Je choisis mon moyen de transport en fonction de mon trajet : quand c’est possible, je favorise les modes doux
- Je me réfère aux déplacements intermodaux (bus, covoiturage, …) pour les trajets plus importants
- Lors de mes déplacements à pieds, à vélo ou à roulettes, je m’oriente vers les espaces les moins pollués
- Je consulte les niveaux de pollution avant mon trajet, grâce à l’application smartphone « Air to Go »
- Spécifique au vélo :
- Je respire par le nez
- J’adopte un rythme modéré
- J’évite les axes surchargés en trafic
- Je préfère les pistes cyclables séparées de la voie de circulation
- J’emprunte les aménagements qui me permettent de m’éloigner du trafic
- Je privilégie les espaces verts et bien ventilés
- Je me place devant les voitures aux feux rouges et j’évite de rester à l’arrière d’un bus
- Je sors pendant les heures les plus calmes et les moins chaudes
- En cas d’épisode de pollution ou le long des axes routiers les plus importants, je roule à allure modérée
- Je prévois un entretien régulier de mon vélo, pour limiter les risques d’incidents (panne, accident) qui pourraient me contraindre à rejoindre un axe pollué ou dangereux