C’est un outil qui doit permettre de faire le point. Et de construire des chemins vers les transitions. Les quatre caisses régionales du Crédit Agricole en Bourgogne-Franche-Comté, qui représentent quatorze départements, ont construit un baromètre régional avec l’institut de sondage CSA pour mesurer la maturité des entreprises du territoire en matière de transition énergétique. « Pour toutes les entreprises, notamment le Crédit Agricole, la transition énergétique est un sujet important », insiste Franck Bertrand, directeur général de la caisse Franche-Comté. Ce baromètre doit permettre à l’entreprise bancaire de mieux connaître les entreprises et de mieux les accompagner, « pour mieux adapter nos réponses », indique-t-il.
Avec le cabinet R3, spécialisé en responsabilité sociétale des entreprises (RSE), décarbonation et performance énergétique, le CSA a mené une enquête auprès de 502 entreprises de plus de 10 salariés, du 11 mars au 11 avril 2024. L’indice se construit autour de 4 grands piliers : connaissances du sujet ; la gestion de l’énergie ; les pratiques et stratégies envisagées ; ainsi que les engagements de l’entreprise. Cet indice a été construit autour d’une trentaine de questions, formulées par téléphone. Chaque pilier donne une note sur 100, qui est traduit ensuite en indice global, qui est une moyenne des quatre piliers.
Globalement, l’indice dévoile une note de 50 sur 100. Cela « acte de la prise en compte du sujet par les entreprises », mais aussi le « chemin qui reste à parcourir ». « les entreprises ont pris conscience du sujet, convient Xavier Terryn, directeur du pôle Banques et assurances à l’institut d’études CSA. Mais il y a encore à faire. » La connaissance du sujet est globalement satisfaisante, avec un indice de 67 sur 100. Les entreprises s’accordent pour dire que c’est un sujet d’importance, mais elles connaissent mal les réglementations, comme le décret tertiaire, qui impose aux entreprise des obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments tertiaires, à partir du moment où elles exploitent au moins 1 000 m2.
« Les actions mises en place sont limitées »
L’indice liée à la gestion de l’énergie est correct, de 56 sur 100. L’énergie pourrait être mieux pilotée, sachant que moins d’une entreprise sur trois à une personne nommée pour gérer et optimiser l’énergie. Le coût est souvent un motif pour s’engager dans cette voie, tout comme la réglementation, valide le directeur général du Crédit agricole, en Franche-Comté.
Dès que l’on étudie les pratiques et les stratégies mises en place, les résultats sont plus mitigés. L’indice affiche 35 sur 100. Deux tiers des entreprises n’ont ni audit ni bilan carbone sur les deux dernières années. Seulement 31 % des entreprises ont un plan d’actions énergétique pour l’avenir, dont 15 % en lien avec une démarche de certification ou de labellisation. Par contre, 83 % remplacent leurs lampes par des Leds et 61 % optimisent leurs contrats d’énergie. À l’opposé, seulement 31 % d’entre elles ont lancé des travaux d’isolation et 18 % des projets de production d’énergie sur site. « Les actions mises en place sont limitées », convient Franck Bertrand devant les résultats du baromètres. On observe aussi une vraie ruptures entre les entreprises de plus de 50 salariés et celles de moins de 50 salariés valident les promoteurs de ce baromètre. « Il y a une ligne de fracture », valident-ils. Il y a une meilleure connaissance et une meilleure gestion. Et selon les auteurs du baromètre, l’industrie, de par les normes et des contraintes de bâtiment plus importantes, est plus sensible que le tertiaire à ces sujets.
« On est au milieu du gué », convient Franck Bertrand, conscient des défis à relever pour engager les entreprises sur la voie des transitions. La banque réfléchit notamment à des outils, comme le tiers investisseur, qui pourrait permettre aux entreprises de s’engager dans des projets ambitieux alors que souvent, la surface financière disponible est un frein à l’engagement dans cette voie. Dans le domaine de l’ingénierie financière, un tiers investisseur est un partenaire qui intervient dans un système où un client ne pourrait pas acheter seul, afin d’aider à mettre en place certaines actions.
Le baromètre sera reproduit, mais sûrement pas en 2025. La pertinence n’y serait pas. Il faut laisser le temps aux actions de s’engager estiment les promoteurs du projet, lors d’une conférence de presse à Belfort, au Crunch Lab. En Bourgogne-Franche-Comté, le Crédit Agricole compte 23 experts et ingénieurs en transition énergétique. Ils ne sont pas banquiers et peuvent être sollicités par les entreprises.