La filiale du groupe Gaussin Metalliance est en redressement judiciaire depuis le mois de mai. Elle produit notamment, pour le compte de la maison-mère, les véhicules de manutention dédiés au secteur de la logistique (ATM), notamment pour le marché nord-américain. La situation financière de Metalliance a plongé le groupe, dont le siège est à Héricourt, dans des difficultés économiques importantes, révélant d’importantes problématiques d’organisation de la production puis dévoilant ensuite des tensions au sein de la gouvernance de l’entreprise (relire notre enquête).
Le 17 juin, Steve Filipov a déposé une offre de reprise de l’entreprise basée à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), comme il le confirmait dans un communiqué de presse du 4 juillet ; l’offre s’élève à un million d’euros, selon Gaussin. Cette offre « propose une reprise en cession globale dans l’objectif de stabiliser les activités, préserver les emplois et relancer la croissance », indique le potentiel repreneur, qui la porte avec la société Corail-SM, créée au mois d’avril, à Paris. 10 millions d’euros doivent être injectés dans l’entreprise pour garantir sa pérennité promet-il. L’offre « englobe à la fois la production des tunneliers et celle du reconditionnement de véhicules s’inscrivant dans une démarche de mobilité décarbonée », détaille la société. Le projet industriel est soutenu par des entreprises françaises et américaines : Mining equipment, Novium et Sandton capital. Ce 10 juillet, le groupe Gaussin confirme ce projet de reprise par un communiqué de presse. Il évoque un autre partenaire industriel, Blyyd, un ancien distributeur de Gaussin, avec lequel il a cessé de collaborer il y a quelques semaines (lire ici).
Inquiétude d'appropriation de propriété intellectuelle
Le groupe Gaussin dénonce ce partenaire. Il constate ainsi « des atteintes à sa propriété intellectuelle et à son savoir-faire dès lors qu’en l’état de l’offre, Corail-SM propose une association avec Blyyd, ancien distributeur exclusif de Gaussin ». Selon lui, l’objectif est « de s’approprier, à l’occasion du rachat, le stock de pièces destiné à l’activité logistique de Gaussin SA et produire à son compte des véhicules logistiques électriques ». D’ajouter : « Corail-SM, Blyyd ou tout autre entité ne disposent strictement d’aucun droit lui permettant de fabriquer ou de faire fabriquer à un sous-traitant les ATM qui sont des véhicules protégés par divers droits de propriété intellectuelle détenus par Gaussin SA. »
Les administrateurs judiciaires de Gaussin, en procédure de sauvegarde également, demandent que la cession des stocks soit « isolée » de la vente. Une offre de rachat du stock, pour 3 millions d’euros, a été formulée. Christophe Gaussin va avertir le ministère de l’Économie, pour alerter sur la potentielle « appropriation » d’un savoir-faire français.
Gaussin remarque enfin que l’offre « aurait un impact social négatif avec la suppression de 30 % des effectifs (49 emplois, selon Gaussin, NDLR) à des postes-clés : finance, achat, supply, qualité, et ne reprend pas le site industriel de Génelard (Saône-et-Loire) », détaille-t-il. Steve Filipov soutient que la préservation de l’emploi est « sa priorité ». Il annonce au moins 130 salariés repris avec « l’objectif (…) de sécuriser un maximum de postes et d’assurer la pérennité du groupe ».
Un repreneur connu de Gaussin
La société Corail-SM est soutenue par le fonds de pension américain Coral Reef capital. En début d’année, ce fonds américain était en négociation avec le groupe Gaussin, pour l’acquérir ; l’entreprise d’Héricourt était à la recherche de liquidités, notamment pour faire face aux difficultés de sa filiale. Steve Filipov avait même été nommé directeur général de Gaussin pour finaliser ce deal (relire notre enquête). Cette intégration avait finalement capoté, provoquant une crise au sein du conseil d’administration de Gaussin. La fin de la fête a été sifflée le 18 juin, lorsque l’actionnaire de référence de Gaussin, la société tchèque Czechoslovak Group (CSG), représentée par Tablon SPV, a repris la main sur l’entreprise, en nommant de nouveaux administrateurs (lire notre article). C’est elle qui dirige aujourd’hui. Conséquence immédiate : Christophe Gaussin n’est plus le président, mais seulement le directeur général du groupe.