Lors du forum hydrogen business for climate, l’association Apsiis, fondée par des syndicalistes de General Electric et des entrepreneurs locaux pour conserver les compétences liées à l’intégration de systèmes complexes, a présenté la concrétisation de son premier projet : le développement d’un outil numérique de modélisation d’installation hydrogène. Et les premiers retours sont très encourageants.
Lors du forum hydrogen business for climate, l’association Apsiis, fondée par des syndicalistes de General Electric et des entrepreneurs locaux pour conserver les compétences liées à l’intégration de systèmes complexes, a présenté la concrétisation de son premier projet : le développement d’un outil numérique de modélisation d’installations hydrogène. Et les premiers retours sont très encourageants.
L’association de préfiguration de sociétés d’intégration et ingenierie systèmes (Apsiis) est née en début d’année (lire notre article). Son objectif, préserver les compétences d’intégration de systèmes complexes, particulièrement des centrales électriques (nucléaire, gaz, hydroélectrique), du bassin d’emplois de Belfort. Elle a été créée par des syndicalistes de General Electric, qui voit leur compétences mises à mal par le conglomérat américain, et par des entrepreneurs locaux. Fin juin, l’association a présenté ses deux axes de travaux : l’hydrogène et le nucléaire (lire notre article).
Sous l’impulsion de l’association, deux sociétés, EuroCFD et Capgemini engineering (ex-Altran), ont développé un outil de maquettage pour les projets hydrogène. Cet outil numérique, en une dimension, permet de dimensionner le projet hydrogène en fonction de plusieurs paramètres : les équipements utilisés ; la consommation finale ; les besoins de stockage… Mieux, cet outil permet de modéliser en un instant ses besoins, même lorsque l’on modifie les hypothèses, alors qu’avant il fallait reprendre tous les calculs des différentes étapes d’un process. On peut donc le faire en direct avec le client.
À chaque fois que l’on modifie les hypothèses, les courbes s’adaptent et recalculent automatiquement la consommation, la production, l’efficacité. « Et derrière se cache un modèle de coût », explique Paul Jacquet, de Capgemini engineering, qui pianote sur son ordinateur pour faire une démonstration. Des changements d’hypothèses, c’est l’enjeu quotidien d’un intégrateur, qui doit adapter un système à un environnement, à un objectif et à des commandes.
« Un raisonnement de filière »
L’outil a été développé en deux mois. Il répond à des situations très complexes. « Pour chaque loi, on doit déduire une loi de comportement. Et elles doivent communiquer entre elles », insiste l’ingénieur. « Avec cette maquette, tu peux raisonner en théorie », poursuit Paul Jacquet. Surtout, ils ont conçu une bibliothèque d’équipements avec tous les paramètres techniques des machines, pour savoir laquelle s’adapterait le mieux au projet, en fonction de l’efficacité recherchée et du coût. « Cette maquette, c’est un raisonnement de filière », insiste Paul Jacquet. Un industriel comme McPhy a déjà communiqué la fiche technique de ses équipements confie Philippe Petitcolin, président d’Apsiis et figure syndicale de la CFE-CGC lors du conflit social dans l’entité turbines à gaz de General Electric, en 2019.
Les industriels ont tout intérêt à référencer leurs produits, pour qu’ils soient ensuite proposés par les équipes d’intégration aux clients. Autre intérêt de cette maquette, c’est de pouvoir repérer les composants manquants ou les gammes manquantes de produits dans le développement d’un projet, et donc d’orienter les industriels sur des marchés potentiels. « Tous les acteurs marquent un intérêt pour cet outil », assure Philippe Petitcolin. Cet outil est accessible. Il peut être loué pour quelques heures ou quelques jours, ou vendu sous contrat de licence.
Apsiis a reçu au début de l’été une aide de 100 000 euros de la région Bourgogne-Franche-Comté, couplée à une autre aide de 100 000 euros de Capgemini engineering. 2 mois plus tard, ils ont impulsé une dynamique qui a permis de créer cet outil numérique de modélisation d’installations hydrogène. Une belle carte de visite pour montrer l’intérêt de cette association, qui travaille aussi sur la création d’une activité de maîtrise d’œuvre et de maîtrise d’ouvrage de projets hydrogène stationnaires. Elle s’est aussi positionnée sur le dossier des petits réacteurs modulaires nucléaires, sur lesquels elle fait du lobbying pour positionner Belfort sur la carte de leur développement dans l’Hexagone (notre article). Des annonces du chef de l’État sont attendues dans les prochaines semaines sur ce dossier stratégique de souveraineté énergétique et industrielle.