L’usine Stellantis de Sochaux est dans l’incertitude. D’un côté, une forte demande, particulièrement du nouveau 3008. De l’autre, une pénurie de micro-conducteurs qui fragilise l’approvisionnement. L’usine navigue au jour le jour. L’inquiétude est forte sur le système 1, qui produit la 308, et dont la séance ordinaire est annulée ce vendredi matin.
L’usine Stellantis (ex PSA) de Sochaux est dans l’incertitude. D’un côté, une forte demande, particulièrement du nouveau 3008. De l’autre, une pénurie de micro-conducteurs qui fragilise l’approvisionnement. L’usine navigue au jour le jour. L’inquiétude est forte sur le système 1, qui produit la 308, et dont la séance ordinaire est annulée ce vendredi. – mis à jour le 26 février à 12h21.
Peugeot a dévoilé le 11e logo de son histoire ce jeudi 25 février. C’est la plus vieille marque automobile encore en activité. Si elle témoigne d’une belle longévité et d’une belle dynamique, la marque est touchée, comme tout le secteur automobile, par une pénurie mondiale de semi-conducteurs, pièces essentielles à plusieurs modules électroniques des voitures. Des marques ont déjà fermé temporairement des usines, comme General Motors, d’autres ont activé des procédures d’activités partielles ou réduit la vitesse de production.
Jusqu’à aujourd’hui, le site de Sochaux de Stellantis a été plus ou moins épargné par cette pénurie. Seulement des séances supplémentaires, programmées le samedi, ont été annulées sur le système 2, produisant les 3008, 5008 et Opel Grandland X.
Séance supprimée mais forte demande
Pour la première fois, le système 1 (308) va subir les impacts de cette pénurie ; la séance de ce vendredi 26 février est annulée.C’est la première fois depuis le début de cette pénurie qu’une séance « ordinaire » est annulée. Le séance de ce lundi est également annulée confirment les syndicats ce vendredi matin. « Nous avons un problème de fourniture sur les combinés qui remplace les compteurs sur les tableaux de bord, explique un porte-parole. Le fournisseur a des difficultés pour recevoir des semi-conducteurs. » La séance supplémentaire sur le système 2, programmée ce samedi 26 février est quant à elle confirmée. Les séances supplémentaires du samedi avaient été annulées depuis trois semaines.
Malgré cette incertitude, on programme toujours des séances supplémentaires au mois de mars (calendrier ci-dessous). Tous les samedis sont programmés pour le système 2. Les plages d’allongement du temps de travail sont activées sur toutes les tournées pour l’équipe de nuit. Neuf plage d’allongement sont programmées pour l’équipe du système 1. « Dans le contexte actuel, [le] calendrier pourra être modifié à tout moment en fonction des aléas d’approvisionnement », confirme Stellantis dans un communiqué de presse.
Des effectifs qui s’effritent
Selon Force ouvrière, le site de Sochaux accueille aujourd’hui moins de 6 500 salariés CDI. Le nombre des intérimaires continue aussi de décroître. Le syndicat dénonce des difficultés à prendre des congés et des salariés qui ne sont pas à leur poste. La présence du numéro vert depuis le 6 février accroît l’incertitude quotidienne. « Au niveau de l’ambiance, ce n’est pas terrible », souffle Éric Peultier. « Le manque d’effectif génère toujours des conditions de travail extrêmement difficiles qui se traduisent par une tension grandissante dans les ateliers et un absentéisme élevé », dénonce pour sa part la CFDT.
« Il y a de la demande, il faut produire », explique-t-on à la direction de la communication, pour justifier la présence de ces séances supplémentaires. L’usine doit piloter entre un manque de pièces et une demande forte de véhicules. On programme donc des séances pour les produire et on adapte en en supprimant s’il manque des pièces. Depuis le 4 février, le pilotage se fait au jour le jour. Le site de Sochaux est sûrement priorisé compte tenu du succès du 3008 et du 5008 ; cela explique peut-être aussi pourquoi c’est le système 1 qui est mis en sommeil ce vendredi. Ce sont près de 300 voitures 308 qui ne seront pas produites ce vendredi. Plusieurs voix craignent justement « que cela se complique pour le système 1 » dans les semaines qui viennent. Et les dernières annonces – séances annulées vendredi et lundi sur le système 1 et séance confirmée samedi sur le système 2 – confirment ces tendances de priorisation.
« Les composants électriques, c’est la covid-19 des voitures »
La direction de l’usine de Sochaux a lancé « la procédure de demande préalable de recours à l’activité partielle pour les mois qui viennent », annonce la CFDT. Ce que confirment d’autres organisations syndicales et la direction. Le risque existe, mais ce n’est aujourd’hui qu’une démarche « légale ». Il faut avertir les représentants du personnel et les services de l’État. Avant d’en arriver là, les salariés peuvent s’appuyer sur un stocks d’heures de modulation. Il y a une douzaine de jours d’avance (hors séances supplémentaires).
« La direction use et abuse de la flexibilité, en annulant des journées de travail du jour au lendemain, et dans la foulée, programmer des allongements d’horaires ! » dénonce la CGT. « Les ouvriers font preuve d’un maximum d’agilité, sans limite, estime pour sa part François Guillerey, de l’Unsa. C’est un stop & go permanent avec des stops quand il n’y a plus de pièces et des heures supplémentaires quand il y en a. » Force ouvrière demande une nouvelle fois de relocaliser ces activités, pour « retrouver des compétences » et « retrouver de l’emploi dans notre bassin d’activités ».
« Cette situation n’est que le résultat d’une course à la profitabilité, mais également à la fuite de nos savoir-faire », dénonce aussi FO. « Nous ne sommes pas responsables de leurs mauvais choix. Le vouloir toujours produire plus et à tout prix, et de plus en plus vite, a des conséquences néfastes », tance la CGT, qui demande le retour de l’équipe de week-end pour éviter les séances supplémentaires. « Les composants électriques, c’est la covid-19 des voitures », image finalement François Guillerey. Il y a de l’incertitude, des variants et un vaccin : des relocalisations massives qui demandent de l’investissement.