« Le malaise est perceptible parmi les salariés français.» Dans un communiqué daté du 9 octobre, la CFE-CGC de Stellantis, syndicat des cadres exprime sa « profonde préoccupation » face aux récentes nominations dans l’équipe dirigeante du groupe automobile (lire ici). Ces mouvements confirment, selon lui, « un déséquilibre croissant entre les héritiers de PSA et les nouveaux venus issus de l’ex-Fiat Chrysler (FCA) ».
La confédération évoque un « recentrage autour du clan italo-brésilien » et voit dans ces décisions « une révolution de palais marquant la fin de l’ère Tavares », sous l’impulsion du nouveau directeur général Antonio Filosa, « Napolitain et ancien dirigeant de FCA en Amérique latine ».
Pour la CFE-CGC, cette recomposition du pouvoir interne marginalise l’ingénierie française et menace l’équilibre issu de la fusion PSA/FCA. Le syndicat redoute qu’elle n’affecte la stratégie industrielle du groupe et le développement de futurs véhicules en Europe et en France.
Surcapacité en Europe ?
Il s’inquiète aussi des déclarations du directeur général sur la « surcapacité de production en Europe », redoutant que « certaines usines françaises ou européennes puissent devenir la variable d’ajustement du futur plan stratégique ».
La CFE-CGC appelle à « une clarification rapide de la stratégie industrielle future » et à « une représentation équilibrée des différentes cultures fondatrices du groupe ». « Les salariés ne doivent pas devenir les spectateurs impuissants d’une recomposition du pouvoir qui marginalise l’expérience française », concluent Laurent Oechsel et Frédéric Vanryssel, délégués syndicaux centraux CFE-CGC.
À Sochaux, la CGT aussi vent debout... contre le transfert des chauffeurs
Lors d’un CSE extraordinaire le 9 octobre, la CGT du site de Sochaux a vivement critiqué le « projet d’adaptation des activités de transport Drive 4 You », qui prévoit de transférer les 152 conducteurs poids lourds de Stellantis, dont 50 à Sochaux, vers cette filiale du groupe. Objectif : les faire passer sous la convention collective du transport routier.
Selon le syndicat, « contrairement aux arguments de la direction, ce projet n’a rien de social ». Il permettrait surtout de « faire rouler bien plus longtemps tous les camions » — jusqu’à 50 voire 56 heures par semaine — tout en réduisant les coûts. À volumes équivalents, la CGT estime que la direction pourrait ainsi « supprimer plus d’un quart du personnel conducteur » et « économiser des millions d’euros chaque année » en supprimant plusieurs primes, dont le treizième mois et la prime de détachement longue durée.
« Rouler plus pour gagner moins », résume la CGT, qui a rendu un avis défavorable et demande l’abandon du projet.