Près de 150 salariés de l’usine MBF Aluminium de Saint-Claude, dans le Jura, manifestent devant l’usine Stellantis de Sochaux, depuis ce mardi matin, pour interpeller leur principal donneur d’ordre sur la situation de leur entreprise, placée en redressement judiciaire depuis le mois de novembre.
Près de 150 salariés de l’usine MBF Aluminium de Saint-Claude, dans le Jura, manifestent devant l’usine Stellantis de Sochaux, depuis ce mardi matin, pour interpeller leur principal donneur d’ordre sur la situation de leur entreprise, placée en redressement judiciaire depuis le mois de novembre.
Près de 150 salariés de la fonderie MBF, à Saint-Claude (Jura), manifestent devant l’entrée Est de l’usine Stellantis de Sochaux, depuis ce mardi matin. Ils se sont installés sur le rond-point situé du côté de la Citédo ; la mobilisation a pu générer des ralentissements sur la bretelle de sortie “Sochaux” de l’A36, a informé le réseau autoroutier APRR.
MBF Aluminium est un sous-traitant automobile, qui travaille notamment pour les deux constructeurs français, Peugeot et Renault. « Nous faisons des pièces de moteur », explique Nail Yalcin, délégué syndical CGT. La société réalise des carters d’embrayage, des carters d’huile ou encore des pièces en aluminium détaille le délégué syndical.
Alerter Stellantis
La semaine dernière, le tribunal de commerce de Dijon a accordé un sursis d’un mois à l’entreprise pour finaliser un projet de reprise, alors qu’elle est en redressement judiciaire depuis le moins de novembre. Le 27 avril, la justice commerciale prendra « une décision définitive », rappelait alors l’AFP. L’entreprise, qui compte environ 250 permanents, comptabilisait plus de 1 200 salariés il y a 20 ans rappelle la CGT.
Depuis la mise en redressement judiciaire, personne n’a formulé d’offre de reprise regrette Nail Yalcin, malgré quelques marques d’intérêt. Candidat pressenti, l’investisseur américain Hugh Aiken, propriétaire de plusieurs fonderies dont celle de Niederbronn-les-Bains (Bas-Rhin), avait confirmé fin mars à l’AFP avoir renoncé à déposer une offre. « Personne n’a souhaité [faire d’offre] faute d’engagements concrets des constructeurs français », déplore le délégué syndical CGT. Les salariés reprochent un désengagement des deux constructeurs automobiles.
Les salariés sont en grève depuis le 31 mars, critiquant notamment « le désengagement de PSA et de Renault des commandes de pièces de fonderie », note Jérôme Boussard, de la CGT de Stellantis Sochaux. Selon Nail Yalcin, les deux constructeurs ne communiquent pas assez de « visibilité sur les volumes ». Ils sont venus ce mardi matin pour se faire entendre, montrer qu’ils existent et « interpeller Carlos Tavares ». « Distribuer 3 000 euros d’intéressement, c’est bien, mais à quel prix ! » lance Nail Yalcin, estimant que les entreprises françaises sont sacrifiées sur l’autel de la rentabilité, au profit de sociétés espagnoles ou polonaises. « Les sous-traitants français doivent aussi vivre », scande le leader syndical. Nail Yalcin craint également une concurrence accrue entre sous-traitants, du fait du mariage entre PSA et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) qui a créé le groupe automobile Stellantis au mois de janvier.
Le risque de l’électrique
« C’est une entreprise que l’on suit, assure un porte-parole de Stellantis Sochaux. La direction des achats échangent régulièrement avec l’administrateur judiciaire, comme à chaque fois qu’un fournisseur est en difficulté. » En 2012, ce qui était PSA avait soutenu le projet de reprise de l’entreprise MBF Aluminium rappelle le constructeur. Il assure également qu’il n’y a « aucun désengagement ». « Nous avons confirmé qu’on transférerait [en cas de reprise] les actuels contrats, a-t-il glissé, avant de compléter: Nous avons des contrats et nous les honorons. »
L’entreprise fait aussi face à une révolution profonde du secteur automobile, qui se tourne vers le marché de l’électrique ; la direction assure avoir entrepris les investissements nécessaires pour un virage des motorisations thermiques vers l’hybride. « La voiture électrique, ce sont des centaines de référence de pièces en moins (…). Ce sont des dizaines de milliers de salariés qui vont se retrouver sur le carreau », alerte le syndicat Force ouvrière, qui a pointé du doigt cette réalité. Hier, les salariés de Bosch Rodez, dans l’Aveyron. Aujourd’hui les salariés d’une fonderie dans le Jura et demain… à qui le tour d’en faire les frais ! » Pour Force ouvrière, « la montée en puissance du véhicule électrique, combinée aux dernières données publiées sur la fabrication automobile en France, impose (…) la relocalisation de la production automobile sur notre territoire. »
L’actuelle direction de MBF a formulé une offre de continuité de l’activité, comprenant 200 salariés a précisé la semaine dernière la directrice générale de l’usine à l’AFP, Adeline Munarolo. Des doutes persistent toutefois sur la solidité du dossier. L’État est aussi impliqué dans ce dossier. L’entreprise espère notamment bénéficier de l’abandon de ses dettes fiscales et sociales d’un montant de 7 millions d’euros, ce qu’elle n’avait pas obtenu à l’automne dernier a rappelé la semaine dernière l’AFP. Un risque de liquidation existe.