La société d’économie mixte Tandem va construire un hôtel des artisans à la ZAC des Tourelles, à Morvillars, pour répondre à un besoin de locaux pour ce secteur d’activités. Deux bâtiments sont en projet. Le premier sera livré à l’été 2023.
La société d’économie mixte Tandem va construire un hôtel des artisans à la ZAC des Tourelles, à Morvillars, pour répondre à un besoin de locaux pour ce secteur d’activités. Deux bâtiments sont en projet. Le premier sera livré à l’été 2023.
Des artisans et des petites entreprises formulent régulièrement auprès des pouvoirs publics des besoins de locaux pour héberger leurs activités. Mais on constate un déficit de biens pour répondre à cette demande. Les agences immobilières émettent la même analyse. Un hôtel des artisans doit donc prochainement voir le jour, à la ZAC des Tourelles, à Morvillars. « Ce n’est pas un projet venu par hasard », relève Yves Menat, président de la société d’économie mixte Tandem, créée en 1988, qui porte le projet (lire par ailleurs).
Tandem, spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, dans le secteur industriel, dont les principaux actionnaires sont le Grand Belfort, le conseil régional mais aussi la Caisse des dépôts, s’est déjà diversifiée vers les activités tertiaires, sur le secteur de la gare TGV avec les bâtiments de la JonXion (notre article). Elle continue sa diversification pour répondre à un besoin de locaux d’activité (production, stockage). C’était aussi une promesse de campagne de Damien Meslot, président Les Républicains de Belfort, comme le rappelle le principal intéressé. Tandem « anticipe », note Yves Menat, de futurs besoins en prenant ce risque d’investissement.
Tandem acquiert sur la zone des Tourelles une parcelle de 10 993 m2. Deux bâtiments, à terme, doivent sortir de terre, séparés par une rue intérieure (photo ci-dessous). 3 500 m2 de bâtiment sont prévus ; le bâtiment A fera 2 000 m2 et le bâtiment B fera 1 500 m2. Le projet se fera en deux phases. Le permis de construire est déposé en décembre et les travaux du premier bâtiment doivent débuter à l’été. Il sera livré à l’été 2023. La programmation du bâtiment B sera lancée en fonction de la commercialisation, sur le même principe que le pôle tertiaire de la JonXion.
Quinzaine de cellules
Cet hôtel des artisans proposera une quinzaine de cellules, comprenant un espace atelier de 130 à 300 m2, un espace de bureau (dès 40 m2, avec douche, sanitaire et kitchenette), un espace de stockage attenant et des espaces de stationnement.
Damien Meslot pointe « l’emplacement stratégique » de la ZAC des Tourelles, à 5 minutes de la gare TGV, à 15 minutes de la Suisse, à un jet de pierre de la R.N. 1019 et à quelques minutes de l’A 36. Le foncier y est viabilisé, le haut débit disponible et la puissance électrique présente. Le site est aussi desservi par Optymo. Ce projet complète l’annonce récente de la venue d’Auto JM (lire notre article), qui va installer une concession de ventes de véhicules neufs et d’occasion, avec 60 emplois à la clé, sur plus de 40 000 m² (voir plan ci-dessus). Des implantations prochaines dans la zone sont promises par Damien Meslot, qui annonce fièrement qu’elle est bientôt pleine ; deux parcelles ne sont pas encore vendues, mais elles sont soumises à des contraintes environnementales importantes.
La « souplesse », pour reprendre les propos de Pierre-Étienne Pérol, directeur général de Tandem, sera de mise dans ce nouveau projet immobilier. Les ateliers seront disponibles en location et à la vente. Des baux commerciaux 3-6-9 seront proposés, tout comme des baux professionnels. Dans les plans, le bâtiment A est dédié à la location et le B à l’acquisition. Mais la souplesse doit être conservée, pour que les entreprises « s’implantent, se développent, sans épée de Damoclès », affirme le directeur général. À la JonXion, Tandem avait par exemple inauguré des locations à la demande, sans engagement de durée.
La première phase de ce projet s’élève à 2 millions d’euros. Tandem gère à ce jour 300 000 m2 de locaux dans le département, qui représentent 200 millions d’euros d’actifs, et héberge plus de 150 sociétés.
« L’originalité de Tandem, c’est sa puissance »
Tandem, d’abord connue sous le nom de Sempat (société d’économie mixte patrimoniale du Territoire de Belfort), est particulièrement connue pour avoir géré le parc immobilier du Techn’Hom après la fermeture des usines Bull, en 1992. Mais la société a été créée avant, en 1988. « Elle a été créée pour régler un problème, passage de France », se souvient Christian Proust, ancien président du conseil général du Territoire de Belfort, qui a porté la création de cet outil. La collectivité n’arrivait pas à vendre une série de logements, de bureaux et de locaux commerciaux. « Nous nous sommes rendus compte que la location était un moyen de développement très important », poursuit-il. Il était plus simple et plus avantageux de louer, que de vendre. « Nous basculions sur du financement longue durée », ajoute-t-il.
Alors quand survient la crise Bull, en 1991-1992, les élus ont l’idée de mobiliser de nouveau cet outil. Ils avaient des compétences en ingénierie financière. Ils ont racheté les locaux de Bull et ont installé deux entités créées à partir d’anciens ateliers de l’industriel. Les entrepreneurs qui lançaient l’activité pouvaient louer sans mobiliser leurs capitaux dans l’immobilier. « On a conservé 400 emplois comme cela », se souvient Christian Proust. Quand ensuite il est allé avec Jean-Pierre Chevènement démarcher France Telecom pour accueillir dans la cité du Lion le centre national d’étude des télécommunication (Cnet), devenu Orange Lab, il avait des locaux à proposer. Tandem a racheté ensuite des bâtiments Alstom et porté des constructions : le bâtiment 66 de General Electric, le fameux bâtiment orange ; le bâtiment de GE qui accueille les équipes de projet nucléaire, à Cravanche ; ils ont aussi restauré le bâtiment en briques, avenue du Maréchal-Juin, qui accueillait un siège de GE Energy.
« L’originalité de Tandem, ce n’est pas le fait d’exister, c’est sa puissance », analyse Christian Proust. Tandem dispose de 52,2 millions d’euros de capital social et de 62 millions d’euros de fonds propres, annonce Pierre-Étienne Pérol. Elle réalise entre 2,5 et 3 millions d’euros de bénéfices par an. Si elle n’emprunte plus, son endettement va fortement baisser dès 2026. À la fin de l’année 2021, son encours sera de 89 millions d’euros. Il a déjà été de 150 millions d’euros. Tandem porte particulièrement des projets dont on aura besoin dans l’avenir. « Nous intervenons là où le privé n’intervient pas », complète Pierre-Étienne Pérol. Elle peut assumer un certain déséquilibre financier les premières années. La capacité d’endettement s’appuie sur un capital élevé, mais aussi sur leur rentabilité, qui permet de « garder de la crédibilité vis-à-vis des banques », insiste Yves Menat, qui salue la pertinence de cet outil. Il rappelle qu’il « n’y a jamais eu de friches industrielles », en évoquant le site du Techn’Hom, à Belfort. Le parc a toujours été adapté. Restauré. « La clé est de ne pas laisser décatir », insiste le président. Chaque année, 3 à 4 millions d’euros sont investis dans l’entretien du parc immobilier.