La voie d’essais 51 a été inaugurée sur le site d’Alstom à Belfort, mercredi, juste derrière la place Émile-Meyer, qui accueille actuellement la fête foraine. Cet outil doit permettre à l’industriel de se renforcer dans l’activité services.
La voie d’essais 51 a été inaugurée sur le site d’Alstom à Belfort, mercredi, juste derrière la place Émile-Meyer, qui accueille actuellement la fête foraine. Cet outil doit permettre à l’industriel de se renforcer dans l’activité services. Pour devenir, à terme, un centre européen de maintenance du matériel roulant.
Un petit grillage sépare la voie ferrée accolée au bâtiment de maintenance d’Alstom à celles utilisées par le réseau commercial, qui arrivent directement de la gare de Belfort, sise à un jet de pierre. C’est la voie 51, une voie d’essais d’Alstom, qui mesure 850 mètres et qui vient d’être modernisée. Ce projet d’un million d’euros, dont la convention de financement (lire par ailleurs) date de février 2017, avait été envisagé quelques mois après l’annonce abrupte de la fermeture d’Alstom Belfort, en septembre 2016. Aujourd’hui, cette douloureuse page est tournée. La fermeture n’est plus du tout à l’ordre du jour. Les commandes sont importantes pour l’industriel – notamment les 200 motrices du TGV du futur commandées par la SNCF – et les voyants sont au vert.
La mise en service de cette voie d’essais s’inscrit dans une stratégie de diversification d’Alstom. « Notre ambition, note Romuald Gicquel, directeur d’Alstom Belfort, est de développer l’activité de services. » Elle consiste à « accompagner le client tout au long de la durée de vie de ses matériels en proposant une gamme complète de prestations », poursuit le directeur. Cette voie d’essais 51 doit donc « contribuer à cette croissance », car les locomotives et rames destinées à cette activité accèdent au bâtiment 235 « en toute autonomie ».
Les financeurs du projet
- La Région Bourgogne-Franche-Comté : 300 000 euros (29,2 %) ;
- L’État : 250 000 euros (24,4 %) ;
- SNCF Réseau : 177 200 euros (17,3 %) ;
- Le Département du Territoire de Belfort : 100 000 euros (9,7 %) ;
- Le Grand Belfort : 100 000 euros (9,7 %) ;
- Alstom : 100 000 euros (9,7 %).
Quatre missions de maintenance
Ce marché de services s’adresse particulièrement aux opérateurs privés et n’accueille en maintenance que des locomotives électriques et diesel. Belfort est aussi idéalement situé pour développer ce métier, à la frontière de l’Allemagne et de la Suisse. L’ambition est donc de faire de la cité du Lion un centre européen de référence dans la maintenance du matériel roulant. Cette activité propose 4 missions. La première est la maintenance d’exploitation. Elle ne dure que quelques jours. C’est l’entretien régulier des locomotives. La deuxième mission est la maintenance patrimoniale des locomotives. Au bout de 10 à 15 ans d’utilisation, la machine est immobilisée un à trois mois pour être totalement révisée. La troisième mission est la rénovation et la modernisation des locomotives. Ce sont des opérations « plutôt fonctionnelles », explique Cédric Gavory, le responsable de l’activité Services à Belfort. Des adaptations de confort (installation de Wifi par exemple) ou adaptation du matériel roulant aux normes de sécurité d’un pays où les locomotives vont dorénavant rouler. La dernière mission est la réparation accidents pour tous types de matériels roulants. « C’est un travail de re-conception », explique Cédric Gavory. Et pour le réaliser, le secteur Services s’appuie sur les savoir-faire de l’usine de Belfort, notamment la chaudronnerie.
150 emplois attendus à terme
Depuis trois ans, le site de Belfort a accueilli 70 locomotives en contrat de maintenance. Cette activité a même enregistré le 12 octobre sa première commande de modernisation de 10 locomotives, pour Akiem. « Des locomotives qui circuleront dans plusieurs pays de l’Est », précise Alstom. En termes de carnet de commandes, l’activité Services enregistre aujourd’hui « la maintenance d’exploitation d’une flotte de 41 locomotives pour les clients Maquarie, Europorte et Akiem », détaille Alstom. Le carnet compte aussi une maintenance patrimoniale de 30 locomotives pour Akiem et des opérations de réparations à la suite d’accidents.
Aujourd’hui, l’ambition est de signer de nouveaux contrats. L’industriel va donc investir 3 millions d’euros sur trois ans « pour adapter les moyens industriels aux besoins de cette activité, qui a pour objectif de pouvoir accueillir et traiter chaque année 50 locomotives », souligne Romuald Gicquel. Aujourd’hui, 80 personnes travaillent dans cette branche, sur 460 salariés à Alstom Belfort, soit 17,3 % des effectifs. Ils étaient 65 il y a un an. Et le directeur ambitionne qu’ils soient 150 d’ici 3 à 5 ans.
Les travaux de modernisation
La modernisation de cette voie a consisté à électrifier la voie d’essais, « qui sera piloté à compter de juin 2019 par le poste d’aiguillage informatisé de Belfort (en cours de construction) », prévient SNCF Réseau. L’autre pan de la modernisation consistait à mettre aux normes la voie pour des circulations des trains à 60 km/h, notamment en termes de sécurité, avec l’installation d’un grillage de séparation entre les voies commerciales et la voie d’essais. Cette électrification « fait suite à la sécurisation de la halte des Trois-Chênes en 2014 », informe de son côté Alstom. Ce précédent chantier « avait permis de libérer une partie de la voie d’essais historique du site Alstom afin de sécuriser cette halte des Trois-Chênes, et d’ouvrir la possibilité d’étendre les capacités d’essai sur cette voie 51 après son électrification », poursuit l’industriel.