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Stellantis devra notamment se positionner « d’un côté sur la gestion des marques pour regagner des parts de marché, et de l’autre côté pour gérer les capacités de production excédentaires en Europe comme en Amérique du Nord », a commenté l’analyste Philippe Houchois dans une note pour le cabinet Jefferies. Le patron par interim de Stellantis, l’héritier des fondateurs de Fiat John Elkann, était dès lundi aux Etats-Unis, la traditionnelle machine à cash du groupe, où les concessionnaires continuent à souffrir de stocks excessifs et de voitures qui ne se vendent pas.
Par ailleurs, les relations avec les salariés sont tendues et des grèves sont envisagées dès début 2025. Le très puissant syndicat UAW, qui était très critique de Carlos Tavares, demande notamment la réouverture de l’usine de Belvidere (Illinois), à l’arrêt depuis 2023.
En France, Stellantis a assuré fin novembre qu’aucune usine ne fermerait à court terme. Mais la production doit baisser de 20% en 2025 pour s’adapter au marché européen au ralenti. En Italie, John Elkann s’efforcera de tourner la page des relations tumultueuses de Carlos Tavares avec le gouvernement de droite et d’extrême droite de Giorgia Meloni, qui n’a pas caché son soulagement après l’annonce de son éviction.
Années de bénéfices record
« Il était temps que Tavares s’en aille », a lâché l’un des proches de Mme Meloni, Tommaso Foti, qui vient d’être nommé ministre aux Affaires européennes. Rome reprochait à Carlos Tavares d’avoir délocalisé la production de Stellantis dans des pays à bas coûts, au détriment des usines italiennes, où les salariés enchaînent des périodes de chômage technique, faute de travail.
Depuis la fusion entre Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler en 2021, les effectifs de Stellantis en Italie ont été réduits de plus de 10.000 personnes, à environ 40.000. Une nouvelle table ronde réunissant gouvernement, syndicats et Stellantis a déjà été programmée pour le 17 décembre à Rome, à laquelle devrait assister Jean-Philippe Imparato, directeur pour l’Europe élargie du groupe. Pressé par le gouvernement, Carlos Tavares s’était engagé en juillet 2023 à porter la production à un million d’unités d’ici 2030 en Italie, un objectif qui semble désormais hors de portée.
Autre dossier épineux sur lequel John Elkann est attendu, Rome a remis en cause le plan européen limitant les émissions de CO2 pour les constructeurs automobiles et le passage au tout électrique programmé pour 2035, des projets qui étaient au contraire défendus par Carlos Tavares.
Pour les analystes d’UBS cependant, Stellantis garde « le meilleur potentiel de retournement de l’industrie automobile européenne en 2025 ». L’offre de nouveaux modèles doit se renforcer en 2025, la situation aux Etats-Unis pourrait se stabiliser et, en Europe, le groupe est en train de lancer plusieurs modèles électriques. Si les investisseurs restent très dubitatifs et que l’action Stellantis a continué à s’écrouler avec le départ de Carlos Tavares, le groupe a les caisses pleines après des années de bénéfices record. Surtout, Stellantis reste le constructeur « le plus flexible face à l’évolution du marché des voitures électriques », dont la stagnation préoccupe toute l’industrie.