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Le train à hydrogène français sur les rails

Le "Coradia Polyvalent bimode hydrogène", train à hydrogène pour les régions françaises (c) Alstom / Design & Styling
Le "Coradia Polyvalent bimode hydrogène", train à hydrogène pour les régions françaises (c) Alstom / Design & Styling

Les régions Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, et Occitanie vont signer la semaine prochaine une commande de 12 à 14 rames de trains à hydrogène avec Alstom. Mais le train en question est construit à Reichsoffen, site alsacien qui doit être cédé dans le cadre du rachat de Bombardier.

(AFP)

Les régions Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, et Occitanie vont signer la semaine prochaine une commande de 12 à 14 rames de trains à hydrogène avec Alstom. Mais le train en question est construit à Reichsoffen, site alsacien qui doit être cédé dans le cadre du rachat de Bombardier.

Lancé en Allemagne en 2018, le train à hydrogène doit enfin démarrer en France avec la signature d’un contrat pour 12 à 14 rames destinées à quatre régions pionnières, dont la Bourgogne-Franche-Comté, les premiers essais étant prévus en 2023.
Ces trains rouleront sur des voies secondaires non électrifiées, où règnent aujourd’hui les motrices diesel, comme entre Lyon et Clermont-Ferrand. Les moteurs à hydrogène présentent un avantage évident pour la transition climatique: ils n’émettent aucun gaz à effet de serre, seulement de la vapeur d’eau et de l’eau condensée. Et le temps presse: la SNCF a promis de se débarrasser du matériel diesel d’ici 2035.
Une sorte de précommande a été symboliquement passée le 5 mars par la Région Bourgogne-Franche-Comté. Celle-ci veut dans un premier temps faire rouler des trains à hydrogène sur 19 kilomètres entre Auxerre et Laroche-Migennes, dans l’Yonne. Quant à la signature de la commande en bonne et due forme par les quatre régions, elle est attendue la semaine prochaine.
Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie vont profiter d’un contrat-cadre existant pour acheter des rames auprès d’Alstom, via la SNCF. Trois chacune, et deux supplémentaires en option pour le Grand-Est.
Outre à Auxerre et entre Lyon et Clermont-Ferrand, on devrait ainsi voir circuler des TER à hydrogène en 2024 ou 2025 du côté de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne). A un peu plus long terme, les Pays de la Loire en veulent pour la transversale Caen-Le-Mans-Tours.
Garantis “à zéro émission”, ces trains mélangent de l’hydrogène embarqué à bord et de l’oxygène présent dans l’air ambiant, grâce à une pile à combustible installée dans la toiture qui produit l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Des batteries permettent en outre de stocker l’énergie
récupérée pendant le freinage, qui est réutilisée dans les phases d’accélération.
Alstom a fait circuler des prototypes en Allemagne entre 2018 et 2020, puis l’an dernier aux Pays-Bas et en Autriche. Le groupe français a reçu des commandes fermes pour 41 exemplaires en Allemagne, qui doivent entrer en service commercial à partir de 2022. Le groupe a aussi vendu six rames à une compagnie italienne, en adaptant un modèle produit dans le pays.

1 100 TER fonctionnent au diesel

La chaîne de traction -fabriquée à Tarbes- doit être la même pour les trains français, avec une autonomie de l’ordre de 400 à 600 km. Mais là où les modèles allemands sont monomodes -propulsés uniquement par leurs piles à hydrogène et leurs batteries-, les français seront bimodes, capables également de rouler sous caténaires en traction électrique.
Cette option n’a pas totalement convaincu la région Centre-Val-de-Loire, qui veut tester le train allemand à la rentrée entre Tours et Loches (Indre-et-Loire). La SNCF, longtemps réticente, a fini par se convertir à l’hydrogène, désormais considéré comme une bonne option pour remplacer le diesel.
Mais les différentes parties prenantes ont mis du temps à s’accorder sur le cahier des charges et surtout sur le financement. Les premières rames vont en effet revenir à 17,3 millions d’euros aux régions -qui financent les trains-, un tiers plus cher qu’un train classique.
Finalement, l’État a fait un chèque de 47 millions, “ce qui couvre tous les surcoûts” selon une source proche du dossier. Alstom et la SNCF ayant aussi mis 16 millions au pot. Au-delà des prototypes, le marché semble prometteur, puisque près de 1 100 TER utilisent actuellement du diesel.

Un mécanisme à prévoir avec le repreneur de Reichsoffen

Mais il reste à voir si l’on peut utiliser de l’hydrogène gris (fabriqué avec des processus utilisant des énergies fossiles, donc polluants) avant de passer à l’hydrogène vert (issu d’énergies renouvelables -par électrolyse de l’eau- vraiment propre, mais nettement plus cher), pour lequel la France n’est pas prête. Le projet pilote d’Auxerre, par exemple, comprend la construction d’une station de production d’hydrogène vert utilisant l’énergie des barrages du Morvan, pour 8,5 millions d’euros. Cette station doit aussi alimenter des bus.
Autre difficulté potentielle: le modèle qui doit être adapté à l’hydrogène -appelé Coradia polyvalent par Alstom et Regiolis par la SNCF- est fabriqué par le site alsacien de Reichshoffen. Or, le constructeur français s’est engagé à céder l’usine et le modèle de train à un concurrent pour obtenir le feu vert de Bruxelles à son rachat de Bombardier Transport. D’où la nécessaire mise en place d’un mécanisme associant le futur repreneur. Alstom est en négociation exclusive jusque fin avril avec le groupe tchèque Skoda.

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