Laurent Pernin est directeur du pôle emploi-formation Franche-Comté de l’union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Il invite les industriels à ouvrir leurs portes et à réfléchir pour être attractif.
2/3.- Rendez-vous en Territoire d’industrie*. Laurent Pernin est directeur du pôle emploi-formation Franche-Comté de l’union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Il invite les industriels à ouvrir leurs portes et à réfléchir pour être attractif. Avec un objectif : recruter des jeunes. Une condition sine qua non pour défendre l’industrie. Entretien.
Vous interpellez les industriels en les invitant à redoubler d’effort pour attirer les jeunes…
C’est déterminant. Aujourd’hui, un jeune n’est plus celui que nous avons connu il y a vingt ou trente ans. Il a besoin de nouveautés, de projets pertinents dans l’entreprise Les entreprises industrielles commencent à y travailler, mais elles ne sont pas toutes prêtes pour mettre en place ces outils d’accueil des jeunes.
Que sont ces éléments d’attraction ? Sont-ce les conditions de travail ? Des projets ? Des conditions d’accueil de la famille ?
C’est tout cela. Mais il faut aussi, par exemple, être souple sur les horaires. Il faut savoir apporter un environnement de travail qui permette d’adapter ses journées de travail parce que ce soir-là, il a envie d’aller faire une partie de squash et cela se passe à 16 h. Par contre, il faut aussi qu’il soit capable de rester le lendemain jusqu’à 19 h, parce qu’il a un projet à avancer. C’est une nouvelle façon de voir, parfois contraignante pour une entreprise, notamment industrielle, car elle doit répondre à des problématiques de production, de ligne ou encore de process. Ce n’est jamais évident, mais nous n’avons pas le choix aujourd’hui d’y veiller, ni d’y travailler. Sans cela, ce sera de plus en plus compliqué.
Vous êtes directeur emploi-formation à l’UIMM. Ressentez-vous ces tendances de la part de vos apprenants ?
Complètement. D’ailleurs, dans le choix du terrain de stage, ça compte. Avec leurs mots, ils se transmettent les informations, notamment pas les réseaux sociaux. Telle entreprise, il ne faut pas y aller. À l’inverse, celle-ci, elle a tout ce qu’il faut, on s’éclate… Il faut être très vigilant pour en tenir compte et les faire venir.
Comment une institution comme l’UIMM peut aider les industriels ?
Depuis un certain nombre d’années, nous avons des actions tout au long de l’année, dont l’opération phare qui est la semaine de l’industrie, organisée au mois de mars. Nous demandons à cette occasion aux industriels d’ouvrir leurs portes – de plus en plus jouent le jeu – pour accueillir des jeunes. Même des jeunes dès le niveau 4e, pour commencer à provoquer des déclics. Surtout, il faut montrer qu’il y a de belles choses à faire dans l’industrie, qu’il y a de beaux jobs. Il faut ouvrir les entreprises.
Sentez-vous que nous avons atteint ce palier dans le nord Franche-Comté, territoire d’industrie par excellence ?
Oui, mais pas assez. Nous sommes avec des industries lourdes, liées à l’automobile, à l’énergie et aux transports. Ces industries, anciennes, évoluent, mais nous avons encore des efforts à faire pour y faire venir les jeunes. Nous ne pouvons pas être tous des start-up, tous dans le numérique. Nous avons des industries de base à défendre. Ces entreprises-là, plus que d’autres, ont encore des efforts à faire.
Avez-vous des expériences menées par des entreprises du milieu industriel ?
Le pôle formation est partenaire de l’entreprise Fives Cinetic. Elle a créé au sein de son entreprise une « école », un environnement pour attirer certains jeunes et les former à de nouvelles compétences, par exemple dans le domaine de la robotique. Ils font une partie de leur formation dans un centre de formation habilitée et une partie de la formation dans l’entreprise. Les employés de l’entreprise participent au cursus de formation des jeunes qui sont intégrés.
*Le pôle métropolitain Nord-Franche-Comté a organisé, vendredi 13 septembre, Rendez-vous en territoire d’industrie, dont l’objectif était de rassembler industriels et institutions publiques et parapubliques autour de thématiques comme le recrutement ou l’innovation. Nous proposons une série de trois interviews issues de ces échanges.