La France va consacrer 4 milliards d’euros pour produire deux millions de voitures électriques et hybrides et développer un “avion bas carbone” en 2030, des projets qui visent à la positionner en championne de la décarbonation des transports mais supposent d’importantes ressources en électricité.
(AFP)
La France va consacrer 4 milliards d’euros pour produire deux millions de voitures électriques et hybrides et développer un “avion bas carbone” en 2030, des projets qui visent à la positionner en championne de la décarbonation des transports mais supposent d’importantes ressources en électricité.
L’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 55% d’ici 2030. Cela repose pour les transports sur “l’électrification des motricités”, a rappelé mardi le président Emmanuel Macron (notre article), qu’il s’agisse d’alimentation électrique directe des véhicules, du développement des piles à hydrogène ou d’avion à hydrogène, dont la production requiert une électrolyse très consommatrice de courant.
Objectif voitures "propres"
Produire sur le sol français “près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides”: l’objectif représente une ambition technologique et surtout de volume, alors que l’Hexagone a vu sa production automobile descendre en 2020 au plus bas depuis les années 1960, après 30 années qui ont été, selon les mots d’Emmanuel Macron, “cruelles pour l’industrie automobile française”.
La pandémie a, certes, aggravé les choses mais les 1,3 million de véhicules produits en France en 2020 représentent une chute brutale par rapport aux 1,75 million de 2019. Ce dernier chiffre traduisait aussi une déconfiture du “Made in France” automobile, puisque cette production était encore de 2,3 millions d’unités en 2018 et de 3,3 millions en 2000. “L’automobile est à l’origine de près de la moitié de la dégradation du solde des produits manufacturés depuis 2000, et explique une large part de la désindustrialisation qu’a connue le pays”, selon une note récente de France Stratégie, organisme de conseil placé auprès du Premier ministre.
Que s’est-il passé? La France a subi une “perte d’attractivité du territoire national”, due notamment au “coût du travail ainsi qu’à la fiscalité sur la production et les sociétés”, selon la même source. Comme un symbole, les modèles les plus vendus en France sont produits à l’étranger: la Renault Clio sort d’usines turque ou slovène et la Peugeot 208 d’installations slovaque et marocaine.
Les groupes Renault et Stellantis, alliance de Peugeot-Citroën et de Fiat, ont conservé en France la production de voitures plus haut de gamme, mais celles-ci se vendent assez mal. “Nous ne referons jamais en France du moyen et haut de gamme en classique”, à motorisation non électrifiée, a jugé le chef de l’Etat. L’usine de Douai tourne ainsi sous ses capacités, avec la production des Renault Espace, Talisman et Scénic, et avant l’arrivée des Mégane et R5 électriques. Exception: l’usine historique de Sochaux (Doubs) de Peugeot, d’où sortent les SUV à succès 3008 et 5008.
Deux millions de voitures électriques et hybrides en 2030 permettraient, selon M. Macron, de “préserver les parts de marché au niveau européen”, alors que ces motorisations séduisent de plus en plus d’acheteurs, parallèlement à la chute des ventes de diesel. Les électriques pures et hybrides (essence-électricité), rechargeables ou non sur secteur, ont représenté 22,4% des immatriculations en 2020, contre 4,3% en 2017, selon l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
Accélérer sur l'avion bas carbone
Emmanuel Macron veut “investir massivement pour permettre de déployer d’ici à 2030, un premier avion bas carbone”, projet qu’il veut “européaniser au maximum”. Il n’a pas livré de détails. De fait, la feuille de route avait été tracée en juin 2020 quand le gouvernement avait dévoilé son plan de soutien aéronautique pour aider un secteur terrassé par la crise sanitaire.
Celui-ci prévoyait de consacrer 1,5 milliard d’euros de financements publics entre 2020 et 2022 pour financer les recherches sur l'”avion vert” via le Corac, le Conseil pour la recherche aéronautique civile qui regroupe tous les acteurs du secteur. Cette feuille de route table sur le développement d’un appareil régional, hybride électrique ou alimenté à l’hydrogène, qui entrerait en service vers 2030 avec un démonstrateur technologique dès 2028.
Cet appareil servirait de matrice pour développer un appareil moyen courrier qui brulerait directement de l’hydrogène dans ses moteurs à l’horizon 2035. Airbus sera “au rendez-vous en 2035”, a promis son président Guillaume Faury. “Nous pensons qu’en 2025 nous aurons terminé notre travail de maturation technologique. En 2027, nous devrons lancer des investissements majeurs” avec le programme de développement du futur appareil, confiait-il fin septembre.