Les crises successives dans le milieu automobile créent des incertitudes pour les acteurs de la filière auto. Le passage du thermique à l’électrique, encore plus.
Les crises successives dans le milieu automobile créent des incertitudes pour les acteurs de la filière auto. Le passage du thermique à l’électrique, encore plus. À l’occasion de la rencontre de la filière automobile au Mattern Lab ce mardi, focus sur les enjeux à venir.
« La filière est déboussolée.» Chaque année, le Pôle véhicule du futur organise une rencontre de la filière automobile avec tout son réseau de Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est : elle s’est tenue ce mardi 20 septembre au Mattern Lab à Sochaux. Ludovic Party, directeur PerfoEst, s’occupe à cette occasion de mettre en place un « baromètre de la performance de la filière automobile », qui permet de voir comment les entreprises évoluent. Lors de sa restitution, il ré-expose de nombreuses choses : la crise Covid, qui a fait chuter la production et les ventes, la reprise brève très attendue, puis la crise des semi-conducteurs. « Avec cela, l’année 2021 a été aussi compliquée que 2020. Voir plus », explique-t-il. Dernier coup de massue : la crise énergétique en cours qui a fait explosé certains matériaux comme le métal, l’aluminium, l’acier. Des hausses « jamais vues » qui se répercute, forcément, sur le coût des véhicules.
Cette crise énergétique alarme alors que le Parlement Européen a voté le 8 juin dernier pour interdire la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l’Union européenne à partir de 2035. « On nous dit d’aller vers l’électrique. Puis on nous dit d’économiser de l’électricité. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? », se questionne Ludovic Party, agacé. Le Pôle voit des tendances se dessiner dans le monde automobile. Certains basculent vers la construction et la vente de plus gros véhicules thermiques, plus coûteux, qui permettent d’engranger de plus grosses marges. Résultat : le marché des plus petits véhicules est laissé de côté.
Et pour les constructeurs qui se lancent dans l’électrique, les coûts de production restent élevés, ce qui se répercute sur les ventes. Résultat : ces véhicules ne sont pas à la portée de tous les ménages. La voiture, objet de luxe ? questionne un journaliste. « Oui », répond Ludovic Party. Et objet d’incertitudes. Tous les acteurs attendent des réponses sur la législation concernant les voitures électriques pour se positionner.
« D’ici un an, les choses ne seront déjà plus les mêmes. Nos propos,sûrement,non plus », imagine le directeur de PerfoEst. En attendant, la filière s’accorde sur le fait que l’avenir est dans les mobilités douces : trottinettes, vélos. Et dans les plateformes multimodales. Même si cet avenir est plus compatible avec les zones urbaines que rurales….
L’avenir de la filière dans la région préservée jusqu’en 2030
Pour mettre en place le baromètre de la performance de la filière automobile, PerfoEst commande des prévisions à la société Inovev. Les prévisions exposent que trois régions vont bénéficier d’une bonne croissance dans les années à venir. Ces régions : la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est et les Hauts-de-France. En Bourgogne-Franche-Comté – qui arrive en troisième position des régions qui se détachent à l’horizon 2030 – l’activité se poursuivra grâce au maintien des volumes pour la 3008 et la 5008 d’ici 2027. Mais aussi grâce à une augmentation éventuelle de la production de l’usine de Sochaux sur la future 4008 y est produite.
Au niveau mondial, les prévisions annoncent que trois pays vont profiter de la relance d’après-crise. L’Allemagne, l’Espagne et la France, qui vont bénéficier à la fois « d’une reprise de la croissance du marché européen et d’une reprise des exportations attendue pour 2023 mais aussi de lancement ou de renouvellement de produits à moyen ou fort volume ». Tandis que les pays de l’Est verront leur production stagner voire décroitre avec la fin de vie de certains modèles.
3 lauréats récompensés par le Pôle véhicule du futur
Les rencontres de la filière automobile sont aussi l’occasion de récompenser trois entreprises qui ont le plus progressé selon 11 indicateurs définis par le baromètre de la performance créé par PerfoEst en 1997. Parmi ceux-ci, le retour usines clients, la rotation des stocks, le taux de service, l’accidentalité, l’absentéisme ou encore les investissements.
Cette année, ce sont deux entreprises du Grand-Est : ActBlue à Faulquemont, et Baomarc Automotive Solutions France à Argancy. Et une entreprise de Bourgogne-Franche-Comté : Sideo RDT, spécialisée dans la transformation des métaux par découpage/emboutissage.
Deux chefs d’entreprises étaient présents ce mardi. Le directeur d’ActBlue, Eric Schwartz, qui conçoit des modules pour dépolluer les moteurs thermiques, notamment pour les utilitaires. Un marché intéressant puisque ce sont les types de véhicules qui auront encore un moteur thermique au moins jusqu’en 2035, voire 2045. Même si leur pôle de R&D se concentre déjà sur la dépollution de moteurs à hydrogène, pour anticiper l’avenir. Ce qui leur vaut, aussi, leur trophée.
Et Sébastien Renaut, directeur de Sideo RDT, qui possède quatre sites de découpe dans le secteur de Pont-de-Roide depuis une centaine d’années. Il alimente les sites Stellantis « partout dans le monde », explique-t-il. Les raisons de son trophée ? « Une application des basiques de l’industrie de manière exemplaire, une gestion des solutions simples et efficaces et un positionnement de niche sur des pièces complexes », est-il expliqué dans le communiqué de Pôle du futur.