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Hydrogène, thermique : l’avenir flou des salariés de Forvia dans le pays de Montbéliard

Implantation industrielle d'Allenjoie de Forvia, avec deux usines. | ©Forvia
Décryptage

Ce jeudi 12 décembre, les salariés de Forvia, dans le pays de Montbéliard, sont appelés à la grève par la CGT. En cause : l’incertitude grandissante quant à l’avenir des activités hydrogène et les répercussions sur l’emploi.

Initialement présenté comme un pilier stratégique de l’avenir industriel de Forvia, le projet hydrogène vacille, explique la CGT. Selon le syndicat, la direction a annoncé l’arrêt d’un projet hydrogène, ainsi que le report d’un autre projet à fin 2025. Résultat : aucune production de réservoirs hydrogène n’est prévue en 2025, limitant l’activité à quelques homologations, détaille le syndicat. Une information confirmée par Christophe Husson, délégué syndical de la CFE-CGC. « L’objectif de 2030 ne semble plus être qu’un lointain souvenir pour l’hydrogène », se désole la CGT. 

Face à cette situation, les salariés de l’unité FHS (Forvia Hydrogen Solutions) se voient proposer des mobilités sous forme de prêts vers d’autres sites ou unités, notamment Siedoubs et Trecia. Mais ces alternatives peinent à convaincre : « L’échappement est déjà en surreffectif », Trecia « manque de perspectives de nouveaux marchés », et les postes aux sièges « s’avèrent difficiles », alors que la moyenne d’âge et le nombre de personnes avec des restrictions médicales « risque de poser des problèmes ». « Le déménagement de l’activité de Seloncourt vers Bavans n’offre pas de réconfort aux salariés », détaille-t-elle encore (lire ici).

La baisse des activités liées aux véhicules thermiques accentue les difficultés. Dès 2025, la part des véhicules électriques chez Stellantis passera à 21 %, contre moins de 15 % en 2024. Cette transition laisse présager une réduction d’activité sur le site d’Allenjoie, déjà fragilisé par le manque de clients pour l’hydrogène et une chute drastique des références produites sur place (de 400 à moins de 100). « L’activité thermique va encore se réduire sur Allenjoie et engendrer un sureffectif. »

Perte du client Hyvia

Depuis 2022, le site de Bavans, qui s’est spécialisé dans l’hydrogène, a vu ses effectifs diminuer de 144 personnes, soit une perte de 20 % en moins de trois ans, détaille encore la CGT. Ces départs massifs, combinés à l’absence de perspectives de croissance, nourrissent l’inquiétude des employés.

« C’est ce que la direction appelle l’attrition naturelle. Il y a eu des départs en retraite, des démissions mais aussi des licenciements », rapporte Christophe Husson, de la CFE-CGC à Forvia. Lui aussi est « inquiet pour l’emploi » et notamment pour les marchés hydrogène « qui ont du mal à décoller ». « Mais ce n’est pas une surprise, il n’y a pas de feuille de route et c’est un marché qui se cherche », poursuit-il. « Le véhicule hydrogène a besoin d’un écosystème pour exister et aujourd’hui, le réseau de stations n’existe pas. Il y en a besoin au niveau européen si on veut faire circuler des véhicules et notamment des camions. » Quant au transfert de salariés des activités hydrogènes vers d’autres activités à Forvia, il confirme l’information, mais tempère : « L’important est que l’emploi soit conservé et garder cette industrie sur le terriroire »

L’une des craintes partagées par les deux syndicats est liée à la cessation d’activité de Hyvia (filiale hydrogène de Renault).  « Il s’agit de l’un des clients de Forvia sur l’hydrogène.Ils sont en cessation de paiement. Cela crée de l’inquiétude car on ne sait pas à quel point cela peut avoir des conséquences chez nous », détaille Christophe Husson.

Mobilisation nationale

La CGT dénonce une stratégie industrielle focalisée sur la rentabilité à court terme. « Depuis des années, Forvia délocalise ses activités échappement hors de France, réduisant progressivement les emplois sur ses sites nationaux », explique le syndicat. L’annonce récente de la suppression de 10 000 postes, principalement en Europe de l’Ouest, renforce ces craintes. 

Selon le communiqué, la direction privilégierait des augmentations d’effectifs dans des pays à bas coûts, comme l’Inde et la Tunisie. Le syndicat rappelle également que Forvia a bénéficié de nombreuses aides publiques, sans contrepartie sociale ni engagement sur l’emploi. 

 La CGT appelle à une mobilisation nationale ce jeudi. L’un de ses appels est de faire grève sur les sites de Forvia, avec des rassemblements prévus sur les deux rotations des salariés (de 10 h à 13 h et de 13 h à 16 h) ainsi qu’au Champ de Foire à Montbéliard à 14 h. Les revendications sont claires pour le syndicat : un retour des activités thermiques et/ou l’accueil de nouvelles productions pour pérenniser les emplois. 

Pour les syndicats, l’avenir des sites de Forvia repose sur une diversification des activités et un engagement concret à maintenir une part significative de production en France. Faute de quoi, ils redoutent des « conséquences sociales désastreuses » dans un territoire déjà fragilisé. Sollicitée dans l’après-midi, la direction de Forvia, n’a pas souhaité répondre

Le PCF appelle aussi à la grève à Belfort

Le Parti communiste français appelle à se joindre au rassemblement syndical pour l’industrie jeudi 12 décembre à 10 h devant la maison du peuple à Belfort.

 Dans un communiqué, il détaille : « C’est une nouvelle déflagration industrielle qui se prépare dans notre pays. 150 000 emplois sont directement menacés dans des secteurs aussi stratégiques que l’automobile, la sidérurgie, le verre, la chimie, l’aérospatiale, la construction…Pour faire des profits à court terme, les groupes et leurs actionnaires multiplient les délocalisations et fermetures de sites industriels. 62% des emplois des grandes entreprises françaises se trouvent déjà à l’étranger. »

« La désindustrialisation est une catastrophe pour l’emploi, les savoir-faire et les salaires, pour la société tout entière car elle nous rend de plus en plus dépendants des importations. Notre pays a besoin d’une nouvelle industrialisation pour rapprocher la production de la consommation et gagner en souveraineté ; pour revitaliser nos territoires ; pour éradiquer le chômage ; pour mettre fin à la concurrence entre salariés européens ou entre sous- traitants. Il devient urgent de mettre en place une nouvelle stratégie nationale de reconstruction des filières industrielles stratégiques (métallurgie, sidérurgie, chimie…) intégrant les sous- traitants, empêchant les délocalisations et les licenciements boursiers.

Pour appuyer une telle stratégie de reconquête face au pouvoir exorbitant de la finance, nous proposons de donner des pouvoirs de décisions aux élus et aux représentants des salariés dans les entreprises concernant les choix industriels, les aides publiques…La réindustrialisation passe également par une nouvelle attractivité des métiers de l’industrie : hausse des salaires, amélioration des conditions de travail, accès à la formation tout au long de la vie, égalité salariale femme-homme.

Pour atteindre ces objectifs, il faudra un soutien financier massif, qui pourrait prendre appui sur des prêts à taux 0 % voir négatifs garantis par l’État, sur la base de critères sociaux et écologiques. Redonner un avenir industriel à la France est possible, les luttes des travailleuses et travailleurs de l’industrie, et l’engagement de la société tout entière, seront déterminants pour y parvenir. »

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