Le syndicat de la métallurgie de l’Isère CFE-CGC a déposé une plainte au tribunal judiciaire de Grenoble, en novembre 2020, contre General Electric Hydro France, pour mise en danger d’autrui et harcèlement moral, a-t-on appris ce jeudi soir lors d’une conférence de presse du syndicat catégoriel.
Le syndicat de la métallurgie de l’Isère CFE-CGC a déposé une plainte au tribunal judiciaire de Grenoble, en novembre 2020, contre General Electric Hydro France, pour mise en danger d’autrui et harcèlement moral, a-t-on appris ce jeudi soir lors d’une conférence de presse du syndicat catégoriel.
Le syndicat de la métallurgie de l’Isère CFE-CGC a déposé une plainte au tribunal judiciaire de Grenoble, le 24 novembre 2020, pour mise en danger d’autrui et harcèlement moral. Aujourd’hui, le syndicat ne sait toujours pas si la plainte est jugée recevable par le procureur de la République. Le syndicat dénonce « une situation globale », explique Nadine Boux, présidente du syndicat de la métallurgie de l’Isère CFE-CGC, également délégué syndicale centrale de GE Hydro France ; elle siège également au niveau européen.
« Par cette action juridique, nous dénonçons les pratiques orchestrées pour atteindre uniquement un objectif de rentabilité financière », relève Nadine Boux. Selon la déléguée syndicale, GE Hydro France, qui dispose d’entités à Grenoble, Belfort et Boulogne-Billancourt, est passé d’un effectif de 1 200 salariés à 658, donnée valable en juillet 2020. L’entité a connu un plan de sauvegarde de l’emploi en 2017-2018, qui a touché le site de Grenoble, et un second est en cours, touchant les sites de Belfort, qui doit disparaître, et de Boulogne-Billancourt ; les effectifs vont encore s’effriter. « C’est une compression drastique des effectifs », déplore-t-elle.
France Telecom
Nadine Boux évoque plusieurs expertises réalisées ces dernières années, avec des résultats toujours « édifiants ». En 2019, Le Trois avait publié les conclusions d’une expertise similaire, menée dans l’entité turbines à gaz. Nadine Boux regrette l’absence d’amélioration. Si les sujets sont parfois évoqués, on ne les règle qu’avec « des bouts de sparadraps ».
Cette situation n’est pas sans rappeler l’affaire France Telecom. Justement, dans leur procédure, la CFE-CGC est conseillée par Frédéric Benoist, qui défendait la CFE-CGC au procès France Telecom, au printemps 2019. L’avocat a encouragé le syndicat à s’engager dans cette procédure judiciaire. Nadine Boux espère que les choses vont avancer « avant qu’il y ait des drames ». D’où cette démarche, car en interne, rien ne bouge. Ou pas suffisamment. « On ne va pas au cœur des sujets », poursuit-elle. « Nous voulons que l’entreprise prenne conscience de la pente glissante sur laquelle on se trouve », dévoile Nadine Boux.
« Il y a une forme de management toxique auquel on ne met pas un terme », critique-t-elle. La situation semble très difficile. L’émotion est palpable dans sa voix. « On a des personnes qui pleurent. D’autres qui font des cauchemars, confie-t-elle. Vous allez dans une entreprise qui vous rabaisse. » La déléguée syndicale parle de « maltraitance morale ». « Vous ne vous en sortez pas indemne. Ça vous démolit. »
« Épuisé »
La médecine du travail a « alerté » General Electric de la situation, comme Le Trois a pu le constater en prenant connaissance d’une lettre envoyée à l’industriel. On évoque « la charge de travail », le manque « d’embauches », une « communication difficile ».
Les témoignages de salariés ayant pris des arrêts de travail car ils étaient au bout sont nombreux. « On est là-dedans depuis 2017 », souffle un salarié, qui se dit « épuisé ». Hydro a été racheté en 2015 par General Electric ; ce sont des ex Alstom Énergie. « La santé des salariés n’est pas une variable d’ajustement financière et que sa protection est de la responsabilité de l’employeur », rappelle le syndicat.
« C’est bien la première fois que je me sens comme ça », confirme ce salarié qui a roulé sa bosse dans l’industrie et l’énergie. « Cela donne le sentiment qu’on se moque de vous, que vous n’êtes pas pris au sérieux, comme si les rapports humains n’avaient pas d’importance », enchaine-t-il.
Sollicité, General Electric a répondu dans un court communiqué : « GE déplore ce dépôt de plainte, qui ne lui a pas été notifié. L’entreprise n’est de ce fait pas en mesure de commenter. Ces accusations infondées vont à l’encontre de la priorité attachée par l’entreprise à la santé de tous ses salariés. »