La vie réserve parfois de drôle de trajectoires. Celle d’Olivier Marczak s’écrit dans une newsletter envoyée par les Finances publiques. « On y apprend plein de choses », en sourit l’artisan. En 2021, il y lit l’appel à candidature de l’exposition du Fabriqué en France, qui se tient au palais de l’Élysée. Chaque département doit sélectionner un produit Fabriqué en France, de son territoire, pour le représenter. Olivier Marczak conçoit, fabrique et assemble des escaliers design, avec n’importe quel matériau : bois, acier, verre, béton, composite, latex… Vous avez des envies, il aura les idées. Là, les marches sont en papier japonais. Plus loin, elles sont totalement transparentes et illuminées.
Il décide de candidater et met en valeur son escalier Spinae (photo ci-dessous), un ensemble monumental et en même temps, léger. Il est aérien. La partie centrale de cet escalier, qui relie les marches, ressemble à s’y méprendre à une colonne vertébrale. Chaque arête de l’escalier a été soudée à 100 %. C’est le début de son histoire. Il est retenu pour le Territoire de Belfort. On est en juillet 2021 et l’escalier d’Olivier Marczak trône fièrement dans les salons de l’Élysée (notre article).
Mars 2024. Son portable sonne en cette fin d’après-midi, un vendredi. Le mardi suivant, Olivier Marczak est faubourg Saint-Honoré, à Paris. Mais pas au palais de l’Élysée cette fois-ci. Il va juste en face, dans une bâtisse qui deviendra au cœur de l’été 2024 la Maison Élysée. Le lieu accueille aujourd’hui un café, un musée et une boutique mettant à l’honneur l’art de vivre à la française. « On fait la promotion des entreprises françaises méconnues du grand public », apprécie l’artisan, qui finalise alors sa facture pour le maître d’œuvre du chantier, l’agence Goutal, en cette fin octobre. « Si on veut créer de grosses boites, il faut aider les petites à s’émanciper », estime même l’artisan, convaincu par la démarche. Une autre locale est accueillie dans cette demeure : c’est Christine Maffli. Le coq et la Marianne de Venera Création ( lire nos articles) y sont visibles.
« Une course contre la montre »
La Maison Élysée lui a commandé deux escaliers, dont l’escalier monumental de la demeure, ainsi que deux verrières sur lesquelles il a fait des impressions numériques aux couleurs du drapeau français ; elles surplombent le salon de thé et une pièce qui reproduite le bureau du président de la République, où est installé le bureau du général de Gaulle. Il a aussi réalisé des garde-corps, ainsi que des miroirs ; un chantier qui dépasse les 200 000 euros hors taxes pour l’entreprise, dont l’atelier est encore à Héricourt, mais qui cherche un autre point de chute ; l’usine a été vendue à Purple Alternative Surface.
L’escalier monumental a été façonné en acier. Les marches ont été recouvertes de pierre de Bourgogne. L’escalier se glisse parfaitement dans l’esprit du patrimoine parisien du XIXe siècle. « Il a l’aspect d’une ferronnerie traditionnelle, mais ce n’est pas une ferronnerie traditionnelle », dévoile Olivier Marczak. C’eût été impossible à réaliser en termes de timing – moins de trois mois ! – ni de budget. Les garde-corps, qui reprennent les motifs du palais de l’Élysée ont été découpés au plasma. Mais tous les cintrages ont été fait « à l’ancienne », assure-t-il, « au chalumeau ». « On a bouffé du gaz », sourit Olivier Marczak. La ferronnerie a été travaillée pour lui donner un aspect « authentique », patinée et « imparfaite », ressemblant à s’y méprendre à une ferronnerie traditionnelle. « Ce fut un sacré défi », avoue l’artisan. Technique et en termes de délai. La Maison Élysée a été inauguré fin juillet.
Dans la dernière ligne droite, il a bossé 36 heures d’affilée, pour finaliser le chantier. « C’était une course contre la montre », se remémore-t-il. À deux pas des sites olympiques, il n’a pas eu le temps de « les voir ». Il avait son marathon à boucler. Les escaliers ont été totalement façonnés à Héricourt, avant d’être transportés à Paris. Depuis, il a déjà réalisé quelques projets à Paris ; et il a reçu des demandes autour de projets patrimoniaux, dans la capitale. Il est certain que cela devrait lui ouvrir d’autres portes.
Olivier Marczak monte les marches les unes après les autres. Sereinement. Il est certain qu’il n’imaginait pas ce destin, en 2005. « À la base, j’ai juste quitté mon boulot d’ingénieur d’études », confie-t-il. Il réalisait le dimensionnement de caisses à destination de l’industrie ferroviaire et de l’industrie automobile. Il se lance alors dans la construction de maisons. Cinq ans plus tard, il recentre son activité uniquement sur la construction d’escalier. Il en compte plus de 300 à son actif, près de 15 ans après. L’escalier Spinae, qu’il a présenté à l’Élysée en 2021, a été conçu, pour le moment, à cinq exemplaires. Il aimerait le faire en petite série. Pour cela, il recherche un partenaire industriel, et ainsi gravir une autre marche. Il cherche aussi un nouveau local, de 600 m2 environ, pour installer son activité, qui compte aujourd’hui trois salariés.