Les salariés de la branche nucléaire de General Electric maintiennent le piquet de grève, déclenché ce jeudi midi. Ils s’organisent pour le tenir les prochains jours, jusqu’à ce que les choses bougent. Ils tiennent un siège. Reportage.
Les salariés de la branche nucléaire de General Electric maintiennent le piquet de grève, déclenché ce jeudi midi. Ils s’organisent pour le tenir les prochains jours, jusqu’à ce que les choses bougent. Ils tiennent un siège. Reportage.
Personne ne l’avait vraiment venu venir. Ce vendredi matin, les salariés de l’entité nucléaire de General Electric de Belfort tiennent toujours le piquet de grève à la porte des Trois-Chênes, installé ce jeudi midi. Même eux ne pensait pas se retrouver à faire cette action. « Nous sommes des gens de bureau », sourit Zaniba, chasuble de la CFE-CGC sur les épaules, en train de se réchauffer au près du feu de camp allumé à l’entrée du site. Et la pluie ne les effraie même pas. Ils sont équipés. L’entité principalement visée par ce plan social ne fabrique pas la turbine Arabelle. Sa mission, c’est de penser son intégration dans la future centrale nucléaire. Ce sont des ingénieurs, des techniciens, des cadres, des fonctions supports. Pas forcément des salariés rompus à l’exercice du piquet de grève.
Au même moment, un véhicule utilitaire amène un stock de bois pour alimenter le brasier. Plus loin, les téléphones sonnent. Ici, on s’organise pour récupérer des tables de brasserie et un autre barbecue. Là, on prévoit de quoi manger. Certains évoquent la possibilité de solliciter le Grand Belfort pour avoir des toilettes portatifs. Un autre va ravitailler le piquet en masques pour que les salariés les changent régulièrement, et en gel hydroalcoolique. « On prend garde aux mesures d’hygiène », insiste Laurent Humbert, de la CFE-CGC, qui sensibilise régulièrement ses collègues. « On prend de quoi tenir le siège », image-t-il. Les organisations syndicales ont mis en place un doodle pour assurer le roulement ce week-end, voire jusqu’à mardi ou mercredi, jour des dernières négociations.
La manifestation du 1er-Mai en soutien
« Malheureusement, on est parti pour rester », relève Laurent Humbert. Le fait de continuer « n’a pas fait débat », remarque pour sa part Dominique Thiriet, de la CGT. Ça négocie depuis le mois de décembre, mais les organisations syndicales n’ont pas l’impression d’avoir été écoutées. Ils le font savoir. « On tient jusqu’à ce que nous ayons l’assurance que les choses peuvent bouger », complète Laurent Humbert.
« À 14 h, nous voyons les élus du Grand Belfort, du Département et de la Région », poursuit Dominique Thiriet, pour faire un retour du refus de Bruno Le Maire, qui a précipité cette montée forte de la pression. Il attend aussi un soutien parlementaire, évoquant la figure du député Les Républicains Olivier Marleix ; en 2018, il avait publié un rapport sur Les décisions de l’État en matière de politique industrielle. Il avait aussi déclenché une enquête du parquet national financier sur la vente d’Alstom.
« Une solidarité comme ça, c’est impressionnant », salue finalement Zaniba, qui apprécie l’entente entre toutes les organisations syndicales pour faire pression et engager le recul du plan social. Ce samedi, la manifestation du 1er-Mai va adapter son parcours. Elle partira de la maison du Peuple pour se diriger vers le piquet de grève et soutenir les salariés de General Electric.