Le temps s’écoule. La date du 21 octobre est agitée comme un couperet par General Electric pour ramener à la table des négociations les représentants du personnel. Une négociation, non pas autour du plan et de sa légitimité, mais autour des modalités du plan de sauvegarde de l’emploi.
Le temps s’écoule. La date du 21 octobre est agitée comme un couperet par General Electric pour ramener à la table des négociations les représentants du personnel. Une négociation, non pas autour du plan et de sa légitimité, mais autour des modalités du plan de sauvegarde de l’emploi : indemnités de licenciement, reclassements, accompagnement des salariés licenciés vers un nouveau projet professionnel. À cette date, la direction du géant américain doit remettre à la Direccte son document unique de l’employeur (DUE), qui détaillera le plan social et les modalités d’accompagnement.
À ce jour, l’intersyndicale refuse de négocier tant que les discussions n’abordent pas les contours du plan social. Un plan social justifié par le recul du marché du gaz… alors même que l’industriel reconnaît un rebond du marché aujourd’hui. L’approche de cette date exacerbe forcément les tensions. Le ton entendu au comité de groupe européen de la division Gaz de General Electric, mardi et mercredi, n’est pas pour rassurer les salariés. L’industriel américain compte bien dérouler son plan et poursuivre sa dynamique de délocalisation hors de France. L’intersyndicale continue de faire pression sur Bercy. Avec un certain succès. Début septembre, le ministre de l’Économie a demandé des comptes à General Electric sur le respect de ses engagements pris en novembre 2014, lors du rachat de la branche énergie d’Alstom. Depuis, pas de son. Pas d’image. Le gouvernement est-il prêt à s’opposer à General Electric ? Il en a déjà eu l’occasion, et les signaux qu’il envoie depuis quelques mois ne vont pas en ce sens. Alors qu’une date butoir approche, on scrute le moindre signal positif. Et la décision ne sera pas prise à Bercy, mais bien à l’Élysée.
Point de rupture
L’intersyndicale doit soumettre cette semaine son plan alternatif à la direction et espérer une négociation dans ce cadre. Dans le cas contraire, il pourrait bien lui prendre de porter plainte contre l’État pour ne pas avoir fait respecter les termes de l’accord de 2014. Cette décision aurait le mérite de contraindre chacun à dire clairement sa position. Celle des politiques. Celle des organisations syndicales. Celle des industriels. Cette stratégie, agressive, ne semble pas l’effrayer. Depuis près d’un an, les leaders de l’intersyndicale montrent sa capacité de travail, sa capacité à documenter, sa capacité à convaincre et son sérieux. Et les leaders syndicaux ont toujours témoigné d’une certaine qualité en stratégie. Qui, au mois de mai, aurait pu envisager le rapport de force que l’intersyndicale a su créer à l’automne ? Un rapport de force qui conduit, aujourd’hui, à un point de rupture. De quel côté va pencher la balance ?
Ce qui est certain, c’est que les salariés de General Electric témoignent constamment de leur désir de conserver l’intersyndicale, même si la CGT tend à faire entendre son propre son de cloche et critique à demi-mot certaines initiatives. Et il est possible, après des mois de travail de fond, que le conflit entre dans une période beaucoup plus dure.