Le Trois –

General Electric : la direction assigne deux syndicalistes de la CGT au tribunal

Des salariés des ateliers Arabelle de l'entité nucléaire de General Electric ont bloqué le site ce vendredi 24 juin (©TQ).

Selon des documents qu’a pu consulter Le Trois, la direction de l’entité nucléaire de General Electric assigne en justice, en référé, l’union départementale de la CGT, mais également les délégués syndicaux CGT Laurent Santoire et Saïd Bersy, demandant la levée du blocage. L’audience est programmée le vendredi 1er juillet, à 10 h, au tribunal judiciaire de Belfort. Une décision qui ne va pas faire retomber la pression. Alors que le dialogue est dans l’impasse.

Selon des documents qu’a pu consulter Le Trois, la direction de l’entité nucléaire de General Electric assigne en justice, en référé, l’union départementale de la CGT, mais également les délégués syndicaux CGT Laurent Santoire et Saïd Bersy, demandant la levée du blocage. L’audience est programmée le vendredi 1er juillet, à 10 h, au tribunal judiciaire de Belfort. Une décision qui ne va pas faire retomber la pression. Alors que le dialogue est dans l’impasse.

« C’est comme un mauvais divorce », déplore un salarié de Thermal manufacturing Belfort (TMB), un établissement de General Electric Steam power system, l’entité nucléaire de General Electric, en cours de rachat par EDF (lire notre article). « Ils (les Américains, NDLR) n’ont plus rien à perdre et ils saccagent », estime cette même personne. Le site de General Electric est bloqué depuis vendredi par des salariés de l’entité qui fabriquent la turbine Arabelle ; ils manifestent leur colère face à l’injustice liée à l’attribution d’une prime conséquente aux cadres, qu’ils n’ont pas reçu. Le ton était monté très rapidement (lire notre article). La direction avait dénoncé, vendredi, que le site était bloqué « illégalement ». Ce mardi soir, celle-ci abat une nouvelle carte et met la pression sur les grévistes.  

Vendredi soir, une médiation avait pourtant été initiée par les services de l’État, selon nos informations, avec la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (direccte) ; selon un document consulté par Le Trois, la direction revendique également l’initiative de cette médiation. Un apaisement avait été constaté à la mi-journée, ce lundi, après avoir réuni de très nombreux salariés, grévistes et non-grévistes, porte de la Découverte, à 8 h 30, pour échanger. Le blocage avait été allégé. Les grévistes avaient alors formulé trois demandes : une prime de 5 000 euros ; une prime à la sortie d’un équipement ; l’embauche des intérimaires qui le souhaitent avant la fin de l’année. Elles n’ont pas été étudiées regrettent les représentants des salariés. Ils ont reçu une fin de non-recevoir.

« Ce n’est pas la peine d’ouvrir les négociations pour 150 euros. C’est terrifiant », dénonçait Laurent Santoire, de la CGT, ce lundi après-midi. Une posture de la direction qui a fait remonter la pression ce lundi après-midi, du côté des grévistes, qui regrettent un manque de considération. « La direction du groupe a jeté de l’essence sur les braises, après que le médiateur ait tout fait avec la CGT pour éteindre l’incendie », tançait la CGT. L’ensemble des accès du site a été bloqué de nouveau, même les accès piéton. Les salariés à pied pouvaient toutefois accéder au site par la porte de la Découverte, comme Le Trois a pu le constater ce mardi.

« Levée des entraves et expulsion immédiate des défendeurs »

Ce mardi, en soirée, l’union départementale du Territoire de Belfort de la CGT, Laurent Santoire et Saïd Bersy, délégués syndicaux CGT, ont reçu une assignation à comparaitre devant le tribunal judiciaire de Belfort, vendredi 1er juillet, à 10 h, dans le cadre d’une procédure de référé d’heure à heure mandatée par la direction de GE Steam. La démarche entérine aussi un certain échec de la médiation.

« Le blocage des accès à l’établissement constitue, à l’évidence, une voie de fait et porte atteinte à des libertés fondamentales dont le juge des référés, doit assurer la protection : la liberté de circulation des personnes, la liberté de travail des salariés non-grévistes et la liberté d’entreprendre de la société GE Power Systems », estiment les conseils de General Electric Steam power system dans l’assignation, que Le Trois a pu consulter. Ils précisent également que les grévistes constituent « une minorité », peut-on lire dans ces documents transmis au tribunal judiciaire. Les deux délégués syndicaux sont nommément visés car ils ont « un rôle essentiel et moteur dans l’organisation de la grève et l’occupation illicite des lieux », relève l’assignation.

Près de 1 600 salariés

Selon ce document, la société compte 1 597 salariés en CDI : 691 à Thermal System Belfort (TSB) ; 477 à Thermal Manufacturing Belfort (TMB) ; 276 à Boulogne-Billancourt ; 153 à Thermal systems Massy.

La société demande au juge de faire « cesser le trouble manifestement illicite constitué par des actes dépassant l’exercice normal du droit de grève ». Puis d’écrire dans l’assignation : « La société, qui est désorganisée du fait de l’exercice illégal du droit de grève et ne peut plus mener ses opérations, voit ses intérêts gravement menacés. » La direction « sollicite [donc] la levée de telles entraves et l’expulsion immédiate des défendeurs et de toutes autres personnes contrevenantes, et ce au besoin avec l’assistance de la force publique ».

Face à cette situation, un salarié de s’interroger face à l’assignation des leaders syndicaux : « Qui va nous défendre demain ? » Et de poursuivre : « Je crains que l’on n’ait plus le droit d’ouvrir sa gueule pour dénoncer une injustice ! » Un autre se demande si cette démarche judiciaire n’est pas prévue depuis le départ par la direction et regrette « une pièce de théâtre ». Et un syndicaliste de relever : « L’assignation est une chose, le conflit une autre. » Les grévistes n’ont pas forcément envie de lâcher. Et on observe depuis vendredi que certains d’entre eux sont prêts à durcir encore le ton. La tension est palpable. La colère, forte.

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