Le comité social et économique (CSE) de l’entité turbines à gaz de General Electric (GE EPF) exerce son droit d’alerte, approuvé par la CFE-CGC et Sud, à l’initiative, et par la CGT. Un droit que les représentants du personnel peuvent exercer une fois par an. Ils l’ont notifié ce jeudi 21 mars à la direction. Les salariés sont inquiets pour « l’avenir du site ». Ce jeudi, ils ont enclenché la phase une de la procédure.
Le CSE dénonce trois motifs d’inquiétude : la création de GE Vernova ; le transfert de technologie vers l’Inde ; et la situation économique d’une filiale algérienne qui pèse sur le résultat global de l’entité belfortaine. Dans le cadre de la procédure, le CSE a édité une série de questions. Les représentants du personnel ont formulé une soixantaine de questions autour de ces trois sujets a constaté Le Trois dans un document interne. « Au prochain CSE, [la direction] doit répondre y répondre », indique Philippe Petitcolin, secrétaire du CSE, affilié à la CFE-CGC. « Si les préoccupations sont levées, cela s’arrête, poursuit-il. Sinon, on peut nommer des experts. »
« Le fiasco continue »
Le transfert de technologie vers l’Inde (lire notre article) suscite beaucoup d’interrogations, autour des conséquences pour le site de Belfort, tant en termes de charges de l’usine que de pertes de compétences. Le document déplore aussi un manque de communication de GE sur ce dossier. Dans les questions, le CSE s’intéresse notamment aux capacités de production des Indiens, aux réalités des relations avec BHEL ces dernières années ou encore aux coûts comparés de fabrication d’une turbine entre les sites indiens et belfortains.
Le 2 avril, annonce Philippe Petitcolin, la partie énergie du conglomérat de General Electric doit se détacher du reste du groupe. Mais l’entité « n’est pas viable financièrement », alerte-t-il, dévoilant que le groupe partirait avec 6 milliards d’euros de dettes et 4 milliards d’euros de cash. « On n’a plus le soutien financier de GE Aerospace. » Il se questionne aussi sur le coût que devra payer la nouvelle entité à l’ancienne pour utiliser le nom GE. Il évoque, par ailleurs « des rumeurs » de restructurations, notamment liées à la nomination de Vic Abate sur l’ensemble du spectre de l’éolien. « Dans les journaux américains, il parle de restructurations agressives », confie Philippe Petitcolin. En France, l’éolien terrestre a été pas mal touché en 2023 (lire nos articles), alors que l’éolien offshore est déjà ciblé depuis quelques semaines. Le dernier motif d’inquiétude concerne la santé financière d’une succursale algérienne, qui accuse un déficit de près de 25 millions d’euros en 2021 et de 22,2 millions d’euros en 2022. Une situation qui provoque un résultat net global négatif pour GE EPF dont dépend la succursale algérienne.
« Depuis le rachat d’Alstom en 2014, le fiasco continue, s’insurge Philippe Petitcolin. On démantèle les capacités industrielles de la France dans l’indifférence totale. » L’entité turbines à gaz semble s’engager dans une nouvelle procédure politico-judiciaire, après le plan social de 2019 et l’enquête pour évasion fiscale diligentée par le parquet national financier (lire nos articles).