Les délégations CFDT de l’entité nucléaire de General Electric, d’EDF et de Framatome ont publié le 5 janvier une analyse commune du possible rachat de l’activité nucléaire de GE par EDF.
Les délégations CFDT de l’entité nucléaire de General Electric, d’EDF et de Framatome ont publié le 5 janvier une analyse commune du possible rachat de l’activité nucléaire de GE par EDF.
« Les métiers GE de centrale nucléaire (turbine, alternateur, auxiliaires…) sont caractérisés par des compétences pointues, nécessairement forgées dans l’expérience et la durée. » Dans une communication commune, les délégations CFDT de l’entité nucléaire de General Electric, d’EDF et de Framatome rappellent l’enjeu du maintien des effectifs et des compétences dans la perspective du rachat, par EDF, de l’activité nucléaire du conglomérat américain, acheté à Alstom en 2015. La communication met en garde contre un scénario « Faillite Areva », « qui s’est traduit par une hémorragie de compétences ». Surtout, la CFDT attend « des garanties sur l’avenir par un cap stratégique clair » et rappelle l’État à ses responsabilités, « en termes de réussite industrielle et d’emplois ». Ce rachat ne concerne pas que la France, rappelle aussi la CFDT. « Des sites GE hors France ont déjà été jugés stratégiques pour la cohérence de l’activité », poursuit le syndicat, dont Rugby en Angleterre et Sanand en Inde, comme nous le dévoilions dans Le Trois il y a quelques semaines (relire notre analyse).
Côté industriel, la CDFT insiste sur la nécessité de programmer des investissements « pour permettre de retrouver de la compétitivité, combler le retard pris sur la R&D et maintenir les compétences dans cette filière industrielle stratégique, en cohérence avec la réduction des émissions de CO2 ». Dans ce cadre, elle émet un point de vigilance sur l’importance de « renforcer » l’activité Services pour garantir des rentrées de trésorerie régulières. L’activité est plus rentable, marquée par une réactivité plus forte que les projets neufs, soumis à la volonté politique.
Quid des supraconducteurs
Sur le périmètre, la communication rappelle que les activités suivantes sont souvent citées : turbines vapeur et auxiliaires ; alternateurs et auxiliaires ; échangeurs ; pompes à différents niveaux ; contrôle commande de l’ensemble des parties ci-dessus) ; small modular reactor. Selon le syndicat, il faut comprendre ces activités au sens large : études, fabrication, services associés. La CFDT regrette que la R&D « n’est pas cité », alors qu’elle est « nécessaire à la viabilité du périmètre ». Le syndicat invite surtout à penser au futur modèle (reprise ou non à 100 %, entité autonome…), afin que Steam power puisse « maintenir l’équilibre financier ». « Dans tous les cas, il faudra conserver la possibilité de travailler dans la confiance avec des clients pouvant parfois aussi être concurrents comme Rosatom », insiste la CFDT. Signe positif, peut-être, le 2 décembre, EDF et Rosatom ont signé un nouvel accord de coopération à long terme, lors sur World nuclear exhibition de Villepinte (Seine-Saint-Denis).
La CFDT rappelle finalement les questions chaudes de ce dossier, peu ou pas abordées, comme les supraconducteurs. « GE (Alstom historiquement) a utilisé ces compétences dans les domaines de la recherche fondamentale et la médecine, plus récemment dans les éoliennes de forte puissance », remarque la CFDT. Mais GE va-t-il céder cette activité, « nécessaire à sa branche Renewable » ? La CFDT pose également le problème des produits de control command, comme d’autres syndicats. « Un nouveau développement du Contrôle commande doit-il être lancé ou des produits ex-ALSTOM doivent-ils être relancés ? » questionne le syndicat. Enfin, un dossier qui occupe de plus en plus l’espace politique : l’activité des SMR. « Un projet français existe via NuWard (EDF, NDLR) et un autre NuScale aux USA. GE via sa filiale GE Hitachi est partie prenante du projet américain mais des équipes françaises sont déjà impliquées dont Framatome. GE Steam travaille déjà sur ces projets sans compter celui soutenu par Rolls-Royce au Royaume-Uni », replace la CFDT, qui estime que « des relations et transactions commerciales devront être maintenues avec GE » après la vente.
Après avoir été au point mort pendant plusieurs semaines, bloqué sur le prix et surpris par l’annonce de la séparation du conglomérat américain, le dossier semble repartir. La sortie de Jean-Bernard Levy sur l’attente d’actions concrètes et la confirmation par Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, du projet de mise en service de nouveaux réacteurs nucléaires pour 2035-2037, remettent le dossier sur la table après les déclarations d’intention de l’automne formulées par Emmanuel Macron.