Près de 200 personnes ont bloqué le départ d’un convoi exceptionnel transportant une turbine à gaz 6B.03, ce vendredi matin, rue de la Découverte, au cœur du site de General Electric.
Près de 200 personnes ont bloqué le départ d’un convoi exceptionnel transportant une turbine à gaz 6B.03, ce vendredi matin, rue de la Découverte, au cœur du site de General Electric. À 12 h, le blocage a été levé… La turbine ne pouvait plus traverser la ville !
Une centaine de tonnes. Une puissance de 44 000 Kw. La turbine à gaz 6B.03 de General Electric n’est pas la plus imposante du catalogue, pesant près de quatre fois moins que la 9HA, qui ne manque pas de superlatifs quand on la décrit, ni de couverture médiatique quand elle quitte la cité du Lion. Depuis 1978, 1 200 unités de la turbine à gaz 6B.03 ont pourtant été vendues dans le monde. Le fabricant revendique même une fiabilité de 99 %. C’est une valeur sûre du géant américain. « Les clients l’aiment bien car elle est robuste », explique un salarié. Une de ces unités devait sortir de Belfort ce vendredi matin, pour prendre la direction des Philippines, après avoir cheminé par la route jusqu’à Strasbourg. L’intersyndicale CFE-CGC – CGT – Sud Industrie en a décidé autrement.
Dès 7 h 45, près de 200 salariés de l’entité turbines à gaz ont bloqué la sortie du convoi, mesurant une trentaine de mètres. « Nous avons fait une assemblée générale jeudi. Nous avons pris la température auprès des salariés et ils étaient prêts à durcir le ton », explique Alexis Sesmat, délégué syndical Sud Industrie.
Blocage jusqu’à 12 h
L’intersyndicale a reçu, qui plus est, une convocation pour le 17 juin de la première réunion enclenchant la procédure du plan social, qui peut se dérouler en 4 mois à partir de cette date selon les ordonnances Macron publiées en septembre 2017. En parallèle, elle n’avait pas encore eu de retours de Bruno Le Maire, ce vendredi matin, qui devait s’entretenir avec le p-dg de General Electric Larry Culp pour évoquer une réduction du plan social et des projets de diversifications. « Nous n’avons donc pas de bonnes bases de discussion », regrette Alexis Sesmat, qui relève ensuite une démarche illogique : « On parle de diversification, mais on n’attend pas le résultat de ces recherches pour mettre en œuvre le plan. » Pour l’intersyndicale, le compte n’y est pas.
Le convoi a été bloqué jusqu’à 12 h. La fenêtre de traversée de la ville de Belfort venait de se refermer pour le convoi. Il devra donc attendre mardi. Cette opération a aussi permis de bloquer dans les ateliers la sortie d’un rotor, « croit devait sortir en urgence », croit savoir un délégué syndical.
« La grève du zèle »
Lors de l’assemblée général, il a aussi été suggéré de faire « la grève du zèle », inique Francis Fontana, délégué syndical Sud Industrie. « Cela consiste à appliquer la procédure à la lettre », détaille-t-il. Cela peut-être la récupération d’un document signé avant de transférer une machine, le respect minutieux des délais pour une opération… La procédure appliquée à la lettre ralentit la chaîne. Par ces actions, l’intersyndicale montre une partie de ses atouts et sa détermination. « Nous avons des moyens d’action », glisse un salarié présent ce matin. Avec un objectif : retarder autant que faire se peut le déclenchement de la procédure du plan social.
Mercredi soir, l’intersyndicale a lancé une pétition intitulée Stop au massacre de notre industrie par General Electric : 1 000 emplois délocalisés hors de Belfort. Ce vendredi midi, 36 heures après l’avoir lancée, elle recueillait déjà plus de 3 600 signatures.