L’hydrogène « est une technologie absolument centrale et révolutionnaire, qui va contribuer à faire la France de demain », assure Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, en déplacement dans le Territoire de Belfort, ce mardi 3 octobre, à l’occasion du forum Hydrogen business for climate. Et « Le nord Franche-Comté joue un rôle essentiel dans l’émergence d’une filière souveraine », appuie-t-il.
Le territoire s’inscrit dans la dynamique de déploiement de la filière, qui prévoit un investissement de 9 milliards d’euros d’ici 2030, permettant l’installation d’une puissance de 6,5 GW d’électrolyse, procédé utilisé pour fabriquer de l’hydrogène à partir d’électricité. Mais pour construire une filière souveraine, on ne peut le faire qu’avec de « l’emploi, des compétences et de la formation », souligne-t-il, à l’occasion d’une visite d’une exposition dédiée à la filière hydrogène organisée par l’université de Franche-Comté dans les jardins de la préfecture.
C’est dans cette dynamique que la région Bourgogne-Franche-Comté se positionne sur un appel à projet de l’État pour obtenir le label école nationale de l’hydrogène ; tout au long du Forum, les élus ont arboré un badge en faveur de ce projet. Une information que diffusait Le Trois dès le mois de juin. « Le label, c’est une cartographie des formations disponibles », résume Franck Robine. Ce label, qui concernera aussi des filières comme le nucléaire ou l’aéronautique, reconnait l’existence et l’organisation d’une filière de compétences et de formation.
La Région Bourgogne-Franche-Comté est labellisée « territoire hydrogène » depuis 2016. Dans le nord Franche-Comté́, notamment, la filière industrielle se structure. Différentes briques de la chaine de valeur sont présentes : les électrolyseurs (McPhy, Gen-hy) ; la pile à combustible (Inocel) ; le stockage (Faurecia, Mincatec, Isthy) ; les usages (Alstom, H2SYS, Gaussin, Stellantis). Par ailleurs, des écosystèmes se déploient : Territoire de Belfort ; Auxerre ; bientôt la métropole de Dijon. La région est à l’avant-garde de la structuration de cette nouvelle filière industrielle. Mais elle veut l’être tout autant sur la formation et l’acquisition des compétences, pour répondre aux besoins actuels et futurs.
L’enjeu, comme l’a rappelé à la rentré la filière hydrogène française, est de taille : pourvoir 100 000 emplois en 2030. Et dans le nord Franche-Comté, les usines ne fonctionneront que si les emplois sont pourvus.
École nationale de l’hydrogène
Comme en 1999, lorsque Jean-Pierre Chevènement a soutenu le lancement du FC Lab, Marie-Guite Dufay, présidente socialiste du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, veut garder une « stratégie d’anticipation ». « On ne peut pas avoir une ambition en matière d’hydrogène si en même temps on n’anticipe pas les besoins en matière de compétences », défend la présidente.
Elle se positionne en tête de file « pour coordonner » tous les acteurs de cette filière (centres de formation, Éducation nationale, Enseignement supérieur…). « Les ressources sont disponibles en région », insiste le conseil régional, qui « veut faire de la formation un facteur d’attractivité », insiste la collectivité, alors qu’elle est la première région métropolitaine à perdre des habitants. Il faut donner des perspectives aux jeunes et donner envie de rester suggère-t-elle. En termes d’enjeux, pour attirer vers ces nouveaux métiers, il faut les rendre attractifs, ainsi que les formations. Mais il faut aussi prévoir la montée en compétence des formateurs pour qu’ils soient prêts à former à ces nouveaux métiers.
Depuis la rentrée, un travail est mené avec les entreprises, les acteurs de l’emploi, ceux de la formation-orientation pour présenter la démarche. Une démarche qui concerne les lycéens, les étudiants, les reconversions, les montées en compétences des salariés, les demandeurs d’emploi. La volonté de la collectivité est d’identifier des parcours de formation, de repérer où on peut se former, du CAP au doctorat. La filière hydrogène a identifié 84 métiers, qui sont majoritairement des métiers à adapter à cette technologie. L’enjeu est notamment de « colorer » hydrogène des formations existantes et donner de la lisibilité aux entreprises sur ce qui existe.
La Région a également la volonté « d’identifier » « hydrogène » un lycée professionnel du nord Franche- Comté. Des formations autour de la certification et de la sécurité doivent être déployées. D’ici fin 2023, la collectivité doit rédiger une lettre d’intention présentant le squelette de son projet de formation. S’il est retenu, elle aura trois mois pour déposer son projet.